ALAIN-FOURNIER à Epineuil-le-Fleuriel

« J’ai toujours pensé ceci : chacun se crée la réalité qu’il a méritée. Christophe Colomb a rencontré les rivages des royaumes d’Amérique, parce qu’il avait eu l’audace de les susciter. Jamais la réalité n’a déçu celui qui avait le courage et l’imagination nécessaires pour croire en elle… »

Lettre d’Alain-Fournier à André Lhote, 16 janvier 1910.

Épineuil-le-Fleuriel, le pays des épines fleuries… En 1891, lorsque les parents Fournier, venant de La Chapelle d’Angillon, s’installent à Epineuil pour y occuper les fonctions d’instituteurs et de secrétaires de mairie, ce village n’est qu’un petit village berrichon comme les autres. L’école, le logement de fonction des Fournier ainsi que la mairie sont des lieux austères et même pauvres. En 1891, Henri Fournier a cinq ans. Il vit à Épineuil sept années durant lesquelles le village et ses alentours vont nourrir sa sensibilité, sa mémoire et son imagination à un tel point qu’ils vont devenir en 1912 (deux ans avant sa mort) des lieux habités par certains des personnages extraordinaires du Grand Meaulnes, en particulier François Seurel et Augustin Meaulnes. Contractant les distances (quatorze kilomètres séparent Épineuil de La Chapelle d’Angillon dans le roman, une centaine en réalité), déplaçant certains lieux, modifiant leurs noms, l’écrivain recrée une géographie sans rien inventer. « Dans le Grand Meaulnes, dit Isabelle, sa soeur, tout est réel et on peut visiter à pied 31 chapitres du livre, soit à l’école, soit autour de l’école. »
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À Épineuil aujourd’hui, on peut en effet retrouver les lieux du roman autour du lieu central qu’est la maison-école où Henri a été élève de ses parents entre 1891 et 1898.

Lorsque l’on pénètre dans l’école, on trouve au rez-de-chaussée la classe de Madame Fournier et la « grande classe » de Monsieur Fournier (l’école accueillait cent quatorze élèves dans ses deux classes). La place d’Henri était à la première table, près de la fenêtre du jardin. Au fond de la classe, une porte conduit à l’appartement composé de la cuisine, de la salle à manger, du « salon rouge », interdit à Henri et à Isabelle et réservé à l’accueil des grands-parents pour Noël, et de la chambre des parents, qui est également celle d’Isabelle. L’escalier qui part de la cuisine mène au grenier où, à côté des cartes murales, des panneaux sur les saisons de l’année et autres objets de cours, se trouve la chambre d’Henri, très froide l’hiver, très chaude l’été. La porte à petits carreaux ne ferme toujours pas.

Si les courants d’air risquent un peu moins aujourd’hui qu’hier de souffler une bougie, le pauvre mobilier et la lucarne qui ne s’ouvre que sur le ciel ne laissent d’autre issue que de se réfugier dans l’imaginaire…

Page réalisée avec l’aide précieuse d’Andrée et Henri Lullier.

Autres demeures de l’auteur
Alain-Fournier a commencé dans la vie à La Chapelle-d’Angillon.
Quant à sa dernière demeure… Il a été tué dans le bois de Saint-Rémy, près des Eparges non loin de Verdun le 22 septembre 1914. Son corps, qui n’a été retrouvé qu’en 1992, repose au cimetière militaire de Saint-Rémy-la-Calonne, au sud-est de Verdun.

Pour visiter le lieu
L’école du Grand Meaulnes a été en activité jusqu’en avril 1991. Mais Henri Lullier, son directeur jusqu’en 1986, n’avait pas attendu sa fermeture pour faire visiter les lieux entre deux cours de français ou de géographie…
Le musée est ouvert du 1er avril au 15 novembre.

Quelqu’un à contacter ?
L’Association de gestion des Intérêts Littéraires d’Épineuil (AGILE).
L’Association des amis de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier (AJRAF).

À voir aux alentours
Épineuil est proche d’autres lieux qui ont été habités par des écrivains :

– Cérilly (Charles-Louis Philippe),
– Ygrande (Émile Guillaumin),
– Gargilesse et Nohant (George Sand),
– Sancoins (Marguerite Audoux)
– Saint-Sauveur-en-Puisaye (Colette).

11 Comments

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  1. 1
    Michel Baranger

    > ALAIN FOURNIER
    Alain-Fournier prend toujours un trait d’union : Alain n’est pas son prénom mais son demi-pseudonyme. Il n’a pas été tué aux Eparges mais à quelques kilomètres plus à l’Ouest, dans le Bois de Saint-Remy.

    Les tarifs et horaires de visite seraient à actualiser (en €)

    Merci

    • 2
      L.Y.C.F

      > AlAiN FoUrNiEr <
      Le jeudi 2 février 2006
      J’aimerais savoir vos avis sur l’oeuvre d’Alain Fournier, s’il vous plaît. Qu’en pensez-vous? L’avez-vous aimé? Ce message s’adresse à tout le monde.
      Merci d’avance. L.Y.C.F

      • 3
        J.F. Chamoton

        > AlAiN FoUrNiEr <
        de Mâcon ce 21 mars 2006
        Une réponse à votre message du 2 février.
        De l’oeuvre d’Henri Alain-Fournier je ne connais qu’une lettre datée du dimanche 6 septembre 1908, reproduite dans un ouvrage intitulé: « les plus belles lettres manuscrites de la langue française » et bien sûr « le grand Meaulnes ». C’est un livre que je relis au moins une fois dans l’année. Vous demandez si on aime l’oeuvre. Je n’en sais rien.Ce qui est sûr c’est que je m’y englouti. Ce texte me fascine. Je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être ârce que ma Mère m’en lisait les passages qu’elle pensait les mieux adaptés à mon âge. Peut-être parce que j’ai connu durant mon enfance, dans les Dombes, une école et des paysages qui ressemblent à ceux du livre. Peut-être parce que j’ai eu moi aussi un pays de coeur dont les aléas de la vie m’ont banni. J’ai eu en main plusieurs éditions du Grand Meaulnes. La plus ancienne était datée de 1941 (Emile-Paul Frères) la plus récente est celle de l’Imprimerie Nationale. Je viens de l’acquérir . C’est à cette occasion que j’ai eu l’idée d’ouvrir la page Alain-Fournier sur l’ordinateur. J’y ai trouvé votre message.
        Bien cordialement

        • 4
          Anonyme

          > AlAiN FoUrNiEr <
          Comme c’est beau ce que vous écrivez. Quant à moi, notre maison de famille est à Nançay. C’est tout ce que je trouve à dire. Pardon.

      • 5
        Céline

        > AlAiN FoUrNiEr <
        Je suis très éprise d’Alain-Fournier et son livre « Le Grand Meaulnes » qui m’a bouleversée jusqu’au fond pour ma vie. Cela a commencé en 1976 où j’ai fait la connaissance de cet unique écrivain-personne. C’est surtout la profondeur de son âme qui m’a impressionnée. « Le Grand Meaulnes », c’est ma réminiscence, ma lumière, l’oeuvre pleine de charme et de tragique, très philosophique et mistique en même temps… Dans Alain-Fournier c’est tout moi, et je crois que c’est l’ampleur de tout univers. La quête de soi-même, la quête de l’univers, du domaine perdu; chercher et ne jamais trouver – c’est le thème sur lequel je pense toute ma vie et je n’en trouve pas la réponse. Et surtout l’amour, cet amour chaste, pas de ce monde-là, très irréel, et puisque cher et attirant. Mais aussi « Le Grand Meaulnes » laisse aux lecteurs l’espérance de trouver un jour quelque chose de bien, et la recherche de l’idéal ne finira jamais… Je traduis ce livre en géorgien et j’étudie les travaux sur Alain-Fournier depuis longtemps.

  2. 6
    Terresdecrivains.com

    > 4 juin 2005 : balade parisienne dans les pas d’Alain-Fournier et d’Yvonne de Galais
    Le centenaire
    de la « Rencontre du Grand Palais »

    Bien des lecteurs du Grand Meaulnes connaissent les récits de la rencontre du jeudi de l’Ascension, le 1er juin 1905, que fit Henri Fournier de celle qui allait devenir la muse du roman, sous le nom d’Yvonne de Galais. Il avait alors dix-huit ans et elle dix-neuf. Après l’avoir croisée sur les marches de l’escalier du Grand Palais, en sortant du Salon de la Nationale, il la suivit en silence jusqu’à l’embarcadère du Pont Alexandre III, prit derrière elle le bateau à roues de l’époque, l’accompagnant, sans parler davantage, jusqu’au Pont de la Tournelle et à son domicile du boulevard Saint-Germain. Le dimanche de Pentecôte suivant, il eut l’audace de l’aborder et d’avoir avec elle une « belle, étrange et mystérieuse conversation » au cours d’une promenade, entre l’église Saint-Germain-des-Prés et le Pont des Invalides.

    On sait que cette double rencontre avec une jeune fille dont il devait bientôt apprendre les fiançailles, n’alla pas plus loin, mais qu’elle devait être déterminante dans la genèse de l’un des romans les plus célèbres du XXe siècle. Deux mois plus tard, à Londres, Henri Fournier écrivit à sa mémoire le poème intitulé « À travers les étés » ; plus tard, il devait raconter cette rencontre dans de nombreuses lettres, notes et brouillons, avant de transposer l’événement dans un domaine de Sologne, pour en faire le chapitre-clé du Grand Meaulnes.

    C’est cet événement fondateur que l’Association des amis de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier aimerait commémorer, cent ans après, par une brève croisière sur la Seine. Il ne s’agira pas d’une quelconque promenade en bateau-mouche pour touristes photographes, mais d’un voyage littéraire organisé en partenariat avec l’association « Lire et partir ».

    Cette petite croisière littéraire devrait avoir lieu dans l’après-midi du samedi 4 juin. Renseignements et inscription :

    LIRE ET PARTIR. 6, rue Raffet 75016 Paris
    Tél. : 01.40.50.30.95 ou 06.88.73.57.42.
    Courriel : patrick.maunand@wanadoo.fr

    • 7
      Amédee

      > 4 juin 2005 : balade parisienne dans les pas d’Alain-Fournier et d’Yvonne de Galais
      Pourquoi ne pa scréer une journée Yvonne de Galais, à l’image du bloomsday irlandais?

  3. 9
    Anonyme

    ALAIN-FOURNIER à Epineuil-le-Fleuriel
    A quinze ans, « Le Grand Meaulnes » d’Alain-Fournier fut mon premier choc littéraire et son auteur devint d’emblée l’écrivain qui m’est aujourd’hui encore le plus intime.
    Tous mes rêves d’ado, de l’amour à la sacro sainte amitié; de l’appel de la nature à celui de l’aventure, le roman d’Alain-Fournier m’en renvoyait les images.
    Je trouvais dans Meaulnes, dans François Seurel, toutes les quêtes qui m’animaient. Alain-Fournier devint l’ami intime posé sur ma table. Je savais qu’il suffisait d’ouvrir son livre pour que je parte moi aussi à la recherche de ce pays perdu.

    Je suis né bien loin des paysages d’Augustin Meaulnes. Ils me sont aujourd’hui familiers et j’y erre souvent lors de vacances. Je crois même parfois être sur le sentier perdu.

    Aussi fort que l’expérience du roman toujours si vivant en moi, fut la visite de l’école à Epineuil le Fleuriel. Peut-il y avoir des mots pour évoquer l’émotion en poussant la grille d’entrée de la cour, le passage du seuil… Je n’entrais pas comme un visiteur. J’étais Meaulnes. J’étais Seurel.
    Je reconnaissais Alain-Fournier.

    • 10
      Franck Marché

      ALAIN-FOURNIER à Epineuil-le-Fleuriel
      Le grand Meaulnes je cours encore après son image depuis l’^ge de 15 ans.
      Lorsque j’eus la possibilité de lire des extraits avant de pouvoir m’acheter le livre quand j’eus quelques ressources. Et en lisais des passages à mes élèves les samedis après midis…

      Je n’ai pas l’excuse à 72 ans d’avoir traversé son pays de rêve sans jamais oser m’y arrêter de peur peut-être de sentir s’évanouir l’école, la cour de récré, AUgustin et François, le château et la belle timide Yvonne…

      Ils m’ont aidé à revivre…

  4. 11
    Catherine Costa

    ALAIN-FOURNIER à Epineuil-le-Fleuriel
    Le Grand Meaulnes… Cela fut l’enchantement de mon enfance. A un point tel que je me suis interdit de le relire pendant une quarantaine d’années, tant je craignais d’être déçue. L’enchantement demeure.

    Cela fut, magnifiés par un écrivain, les lieux de mon enfance, Bourges et la Sologne.

    Cela fut la fronde et le rêve offerts aux élèves sages de ma génération…

    Cela fut le film magnifique d’Albicoco, film dont nul ne parle plus, pour quelque étrange raison.

    Cela fut le livre fétiche de mon père, né en 1914 dans un bourg semblable à celui du roman, où il retrouvait la vie et les odeurs d’une France engloutie. Recherches généalogiques faites, sa famille bourbonnaise tournait au XVIIème siècle autour de la Forêt de Tronçais, à une encablure d’Epineuil le Fleuriel. Etranges imprégnations.

    En bref, c’est le témoin d’une société qui n’existe plus et de la quête du rêve qui, elle, est éternelle.

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