« C’est absolument fantastique d’avoir trouvé de bons livres français. Maintenant, je peux lire Molière, Racine, Corneille et Voltaire : tout un monde nouveau. Tu connais, je pense, la joie de pénétrer dans un pays inconnu par la grâce d’un livre : à la maison, une fois ma porte fermée et la ville endormie -sachant que rien, et même pas l’aurore- ne me dérangera derrière mes rideaux. […] Et tu sais aussi bien que ces livres doivent être les tiens propres, et qu’il te faut les relire plus d’une fois. Je pense qu’ils captent quelque chose de ta personnalité. […] C’est cela même qui crée en toi le besoin d’avoir de bons livres : des livres dignes de ce que tu y mettras. […] Si tu mets la main sur le livre voulu au moment voulu, […] jamais tu ne pourras redevenir tout à fait qui tu étais auparavant. Tu en as oublié une bribe : ou plutôt tu l’as éliminée avec un brin d’intuition de la part d’immortalité en celui qui t’as précédé sur la route. »
T. E. Lawrence, lettre à sa mère écrite à l’Hôtel Bellevue du Petit Andelys, septembre 1910.
C’est par les livres que Thomas Edward découvre l’époque médiévale et les pays lointains. Son père lui donna, ainsi qu’à ses frères, la passion de l’histoire, des châteaux forts, du cyclisme et de la photographie. Plus tard, le récit de Charles Doughty Travels in Arabia deserta le poussera vers le désert.
Thomas Chapman, propriétaire foncier, avait eu quatre filles de son épouse lorsqu’il quitta sa richesse et sa famille pour en fonder une seconde avec la gouvernante de ses filles. Celle-ci allait lui donner cinq fils, dont Thomas Edward.
Lawrence fut un nom d’emprunt car la première épouse refusa toujours le divorce, et il n’était pas possible de continuer à porter le nom de Chapman. Thomas Edward ne découvrira cette histoire familiale qu’à dix-sept ans.
Fin 1891 (il a trois ans), ses parents s’établissent à Dinard (louant le Châlet du Vallon à la famille Chaignon) pour vivre discrètement les premières années de leur vie commune. T. E. fréquente l’école Sainte-Marie. La famille réside là deux ans et demi avant de regagner la Grande-Bretagne pour se rapprocher d’Oxford quelques mois plus tard, car les parents ne plaisantent pas avec l’éducation. À Oxford, l’Ashmolean museum et ses salles médiévales et orientales décideront de son avenir. Il sera archéologue, puis, par la force des choses, officier de renseignements fin 1914, puis défenseur des arabes face aux armées turques et allemandes… puis face aux intérêts géopolitiques des français et des anglais.
Pour l’heure, il sillonne la Bretagne en août 1906 avec son copain « Scroggs », entre Saint-Malo et le Mont-Saint-Michel.
L’été 1907 le voit, avec son père cette fois, pédaler sur les routes de Bretagne et d’Anjou, toujours à la découverte des châteaux forts. L’été suivant, il réalise, seul et avec son frère William à la fin, un tour de France de 3500 kilomètres, du Havre à Aigues-Mortes.
De juillet à septembre 1909, il visite trente-six châteaux forts lors d’une randonnée pédestre de 1800 kilomètres en Palestine et en Syrie.
Enfin, en août et septembre 1910, il parcourt en bicyclette la Normandie, la Bretagne, et visite des champs de bataille et des cathédrales, en dévorant des classiques français dans leur texte original. Lors des neuf années suivantes, la France et en particulier Marseille ne sont qu’une étape de ses voyages -d’archéologue puis d’officier- vers le Moyen-Orient.
À Paris en 1919, il participe aux côtés des arabes aux négociations du traité de Versailles. Il occupe une chambre (n° 98) à l’hôtel Continental, devenu depuis l’hôtel Inter-Continental, rue de Castiglione.
Dans la résidence de Fayçal (avenue du Bois-de-Boulogne), il commence, juste avant le début de la conférence de la Paix, la première version des Sept Piliers de la Sagesse, qu’il achève à Paris en juillet… avant de l’oublier à la fin de l’année au buffet d’une gare. Il écrira quatre versions de cette épopée de l’Arabie en guerre, refusant jusqu’à sa mort, par une humilité extrême, que le livre soit publié commercialement.
Autres demeures de l’auteur
La dernière demeure de T. E. Lawrence est le cimetière de Moreton, dans le Dorset en Angleterre, près de Clouds Hill où il résida jusqu’à son accident de moto le 13 mai 1935.
– Voir aussi T. E. Lawrence à Dinard.
À voir aux alentours
Aux alentours de Dinard, ont vécu ou séjourné :
– Chateaubriand à Saint-Malo et Combourg,
– Alfred Jarry et Louis Guilloux à Saint-Brieuc,
– Max Jacob à Quimper,
– Renan à Tréguier,
– Joseph Conrad à Lannion-L’Ile Grande,
– Alain-Fournier à Brest,
– Paul Féval à Rennes,
– Pierre Mac Orlan à Rennes.
Petite bibliographie
T.E. Lawrence, la France et les Français. Maurice Larès. Imprimerie nationale, Paris, 1980.
Lettres sur la découverte des châteaux. T.E. Lawrence. Collection Bouquins, Robert Laffont, volume 3.