La maison qui tient le rôle principal dans Le Roman d’un enfant n’est pas la maison familiale de Rochefort, où l’écrivain est né et qui est devenue musée.
C’est, à Échillais près de Rochefort, La Limoise, propriété des Duplais, amis de la famille Viaud.
Pendant une dizaine d’année (Le Roman d’un enfant s’arrête aux débuts de l’adolescence), le petit Julien -futur Pierre Loti- s’y rend tous les mercredis soirs pour y passer ses jeudis d’écolier.
Tel Balzac parcourant la campagne entre Tours et Saché, ou, plus près de nous, tel le jeune Marcel Pagnol découvrant la garrigue autour d’Aubagne, Julien fait des kilomètres à pied.
Il sort de Rochefort par la porte Martrou, suit vers le sud (« dans la direction des pays chauds ») la route droite qui mène à la Charente (route monotone, mais « celle [qu’il] aime le plus, probablement parce que beaucoup de [ses] petits rêves d’écoliers sont restés posés sur ses lointains plats »), avant de traverser le fleuve au soleil couchant, sur un bac ou une yole. Enfin, il atteint la maison et le jardin de La Limoise.
Pour lui, « élevé à la ville, ce jardin très grand […] enfermait des surprises et des mystères de forêt vierge ».
Le jardin est encore aujourd’hui entouré de murs dont les « pierres grises disjointes, mangées de soleil, mouchetées de lichen, [lui] donnèrent pour la première fois… l’impression mal définie de la vétusté des choses. »
Du haut de ses murs, Julien lorgne l’horizon et parvient à distinguer… le Brésil !
Il dort au premier étage de la maison.
Là, il ouvre un soir le journal de bord d’un marin, trouvé dans la bibliothèque. Cette découverte, conjuguée à la proximité de l’océan, à certains antécédents familiaux (un de ses proches parents a péri lors du naufrage de La Méduse et, en 1863, son frère adoré meurt en mer) et, bientôt, à la nécessité de trouver rapidement un métier qui le fasse vivre -son père, accusé à tort de malversations financières, perd son emploi en 1866-, fera naître une vocation de marin.
La Limoise, Rochefort et ses alentours ne sont pas non plus étrangers à la vocation d’écrivain de Loti, puisque, pour garder sa province avec lui, il commence en 1866 à Paris (où il prépare l’entrée à l’École navale) un « cahier de bord » qui l’accompagnera pendant de nombreuses années.
Voir aussi 155.
Autres demeures de l’auteur
L’écrivain a beaucoup voyagé. Rochefort et ses environs ont été son principal port d’attache entre deux évasions quelque part.
Il est mort à Hendaye et est enterré dans le jardin de la Maison des aïeules, qui appartenait à ses tantes, sur l’île d’Oléron. Le jardin et la maison ne sont pas ouverts au public, mais le musée de Saint-Pierre d’Oléron rassemble des souvenirs de l’écrivain.
Paimpol et sa région ont inspiré Mon frère Yves et Pêcheur d’Islande.
Pour visiter le lieu
La Limoise se trouve dans le quartier… de la Limoise, à Échillais, derrière le « puits de Loti ». C’est une propriété privée.
Quelqu’un à contacter ?
Société des Amis de Pierre Loti. Alain Quella-Villéger, 4 allée du Cadre noir, 86000 Poitiers.
À voir aux alentours
Les écrivains des alentours :
– Thomas Narcejac, à Rochefort, Saintes et Nantes,
– Georges Simenon, dans la région de La Rochelle,
– Boris Vian à Angoulême,
– Jules Verne et Julien Gracq à Nantes,
– Alfred de Vigny au Maine-Giraud.
Balades aux alentours :
– 204,
– 252.
Petite bibliographie
Loti à Rochefort. Article d’Emile Vedel dans Demeures inspirées et sites romanesques, tome I, Editions de l’Illustration. Raymond Lécuyer et Paul-Emile Cadilhac.
Pierre Loti et son pays natal. Textes de Pierre Loti. Le Croît vif, 190 pages, 190 F.
Pierre Loti l’incompris. Alain Quella-Villéger. Éditions Presse de la Renaissance.