“Il me faisait penser à un bon curé de campagne sans la foi. La foi, j’ai connu peu d’hommes qui l’eussent moins que lui, elle ne l’atteignait, semble-t-il, en aucun point. C’était peut-être, à mes yeux, ce qu’il y avait en lui de plus singulier, cette imperméabilité totale à toute croyance religieuse.”
Julien Green, Journal, 26 août 1958.
“La vie, c’est de la victoire qui dure…”
Jean Barois. Roger Martin du Gard.
Dans l’amitié de plus de trente-cinq années qui lie André Gide à Roger Martin du Gard, un trait de caractère du second frappe, peu banal en réalité : une prodigieuse fermeté dans la critique, que n’altère ni l’amitié ni le respect qu’impose le « maître de la jeunesse » (Gide est de douze ans l’aîné).
C’est de 1913 que date cette amitié, lorsque Gide est impressionné par Jean Barois, presque premier ouvrage de Martin du Gard, roman-scénario-pièce de théâtre à la forme révolutionnaire, fruit de trois ans d’écriture et de la volonté de l’auteur de rendre la vie dans l’écriture.
Par la suite, les deux écrivains prennent l’habitude de se donner à lire mutuellement leurs manuscrits, et Gide s’entendra par exemple dire, au sujet de son Corydon : « dialogue archiconventionnel, inhumain, presque barbare, dialogue de traité psychologique »… et remerciera…
Très tôt, Roger Martin du Gard est pris par la passion d’écrire. Après des études de lettres et à l’École des chartes (dont il hérite un « fétichisme de l’exactitude », un grand intérêt pour l’histoire et une méthode de travail rigoureuse, comparable peut-être à celle de Zola), doué d’une imagination impressionnante, il décide vers vingt-cinq ans de ne plus rien faire qu’écrire.
Il est grand admirateur de Tolstoï, tout comme Camus, que la capacité de RMG à se consacrer tout à son oeuvre impressionne.
Voici les principales étapes géographiques de Roger Martin du Gard :
– Il naît à Neuilly-sur-Seine en 1881. Sa famille s’installe plus tard à Paris, 69 rue Sainte-Anne.
– Pendant son enfance, il passe ses vacances à Clermont dans l’Oise (où a également vécu Bernanos), 1 rue Fernel, dans la maison de ses grands parents maternels, décor qu’il transpose dans Jean Barois sous le nom de Buis-la-Dame.
Mobilisé en 1914, il cantonne à plusieurs reprises dans l’Oise pendant les quatre années de guerre.
– Après son mariage, il habite 1 rue du Printemps à Paris. Une de ses autres adresses dans la capitale sera le 9 rue du Cherche-Midi.
– En 1920, en pleine conception des Thibault – qu’il achèvera en 1940 -, il cherche une maison hors de Paris et achète à Clermont une petite bâtisse, 3 place de l’Hôtel-de-Ville, « la Thibauderie »… où il écrit les premiers volumes de sa fresque et reçoit Gide (qui découvre le plan général de l’oeuvre et s’écrie : « Ah, mon vieux, ce que je vous en voudrai si vous ne réussissez pas tout ça ! »), Duhamel, Gallimard, Marcel de Coppet,…
– En 1925, décidément sûr que ce n’est pas à Paris qu’il trouvera l’inspiration, il achète à son beau-père la propriété du Tertre à Sérigny, près de Bellême dans l’Orne.
C’est là que, jusqu’à sa mort le 22 août 1958, il vit tout au long de l’année, créant de profonds aménagements dans le château et le parc.
– Sa vie et son travail au Tertre sont seulement interrompus pendant la guerre, lorsque l’armée allemande occupe la propriété. La famille s’exile alors à Nice, dans un appartement du « Grand Palais », au bas du boulevard de Cimiez (Roger Martin du Gard est enterré au cimetière de Cimiez). À la fin des années 1940, l’écrivain demeure aussi 10 rue du Dragon à Paris, au fond de la cour d’un petit hôtel du XVII, qu’il a choisi proche du Théâtre du Vieux Colombier de Copeau.
– Il a également séjourné à Sauveterre, près d’Avignon.
Avec la relecture précieuse de l’Association des Amis du Tertre.
Autres demeures de l’auteur
Roger Martin du Gard a également séjourné :
– à la villa La Messuguière à Cabris, près de Grasse,
– à Maisons-Laffitte.
Pour visiter le lieu
Le Château du Tertre (61130 Sérigny) appartient à la famille de l’écrivain, dont on peut visiter le lieu de travail sur autorisation écrite : Association des Amis du Tertre, 61130 Sérigny.
Quelqu’un à contacter ?
Association des Amis du centre Roger Martin du Gard : bibliothèque Roger Martin du Gard, BP 1000, 69195 Saint-Fons Cédex.
Centre International de Recherche sur Roger Martin du Gard, rattaché au Centre de Recherches Littéraires Pluridisciplinaire, de l’Université de Nice.
Petite bibliographie
Cahiers Roger Martin du Gard.
Un prix Nobel à Clermont : Roger Martin du Gard. Article d’André Dastre (ancien directeur du Centre national de recherches sur RMG à Nice), dans Balade en Oise sur les pas des écrivains, Marie-Noëlle Craissati. Éditions Alexandrines.
La côte d’Azur des écrivains. Christian Arthaud, Eric L. Paul, Edisud, 1999.
> Roger MARTIN DU GARD à Paris, Menton, le Tertre, Nice
Bonjour,
Je souhaiterais avoir des informations sur le passe RMG à Sauveterre dans le Gard.
Merci par avance
Isabelle
isabelle.poudevigne@cea.fr
> Roger MARTIN DU GARD à Paris, Menton, le Tertre, Nice
Madame,
Je suis tombé par hasard sur votre interrogation concernant le séjour de Roger Martin du Gard à Sauveterre. J’ai bien connu ce village ou ma mére avait de la parenté. J’y allais enfant, ma famille étant originaire de Cavillargues. Mais je n’ai plus de contact dans ce village. J’ignorai moi-méme le passage de l’écrivain . Je serais moi-méme curieux d’en savoir plus. Avez-vous une parenté avec Jean Poudevigne, ancien député du Gard que j’ai eu l’occasion de renconter. Cordialement. Rémy ARNAUD
Roger MARTIN DU GARD à Paris, Menton, le Tertre, Nice
IL N EST PAS FAIT MENTION DE SON HABITATION DE MAISONS LAFFITTE DANS LE PARC OU IL Y A PLAQUE PRECISANT QUE RMG Y A DEMEURE PENDANT 10 ANS
Roger MARTIN DU GARD à Paris, Menton, le Tertre, Nice
Bonjour,
Ma demande est peut-être à classer comme une bouteille à la mer, mais pourquoi pas le lancer….
Ma mère nous a quelques fois raconté que, lorsqu’elle est venue en France (vers 1930), elle a été cuisinière chez Roger Martin du Gard à Neuilly. Cela a du durer une année avant qu’elle ne rencontre mon père et concrétise par leur mariage à Neuilly en 1932.
Cet épisode apparait-il quelque part dans la bibliographie ou l’oeuvre de notre illustre auteur ?
Pour préciser, son nom était Josefa Zdobinska de nationalité tchèque.