Un des plus grands philosophes du siècle est l’un des moins mondains.
Même parisien, Rousseau évite les salons, où il sait qu’il ne brille pas tant il peut être timide et maladroit en public. Il ne méprise pas les reconnaissances. Au contraire, il en est affamé. Mais il a le sentiment permanent qu’on ne peut le comprendre.
Peu à peu, il va trouver une gloire particulière à être considéré comme un esprit brillant mais solitaire, avec une philosophie bien arrêtée contre le progrès des sciences et des arts. Bref, le barbare dans la ville, le révolutionnaire avant l’heure.
À l’automne 1741, il effectue un second voyage à Paris (le premier date de 1731) et descend à l’hôtel meublé de Saint-Quentin, dans la rue des Cordiers qui existait jusqu’en 1892 entre la rue Victor Cousin (ex-rue de Cluny) et la rue Saint-Jacques. Il a trente ans et vient de quitter ses chères Charmettes et Mme de Warens.
À Paris, son don pour la musique et pour l’écriture attire l’attention de Mme Dupin et de son entourage, en particulier de M. de Francueil, son gendre. Pour se rapprocher d’eux, il emménage dans le jeu de paume de la rue Verdelet, qui donne dans la rue Plâtrière où demeurent les Dupin.
En 1744-45, Jean-Jacques occupe à nouveau une chambre à l’hôtel de Saint-Quentin, après un séjour comme secrétaire d’ambassade à Venise ; il fait la connaissance de la lingère de l’hôtel, Thérèse Levasseur. Tous deux s’installent bientôt 57 rue des Petits-Champs. Jean-Jacques fait jouer sa pièce Les Muses galantes et retravaille un opéra conçu par Voltaire et rameau, Les Fêtes de Ramire.
Entre fin 1749 et leur départ pour l’Ermitage de Montmorency en 1756, Thérèse et Jean-Jacques habitent au 4ème étage de l’hôtel du Languedoc, rue de Grenelle-Saint-Honoré (devenue en 1868 la partie sud de la rue Jean-Jacques Rousseau).
C’est l’époque où il fréquente Diderot, rencontré en 1742, Grimm, Mme d’Epinay, le baron d’Holbach et les Encyclopédistes. La plupart se rencontrent chaque semaine à l’hôtel du Panier-fleuri au Palais Royal.
Tous ces amis deviendront à ses yeux ses pires ennemis, après la publication du Contrat Social et de l’Émile en 1762 et la condamnation de celui-ci.
C’est aussi l’époque où naît sa renommée, d’abord comme musicien et philosophe des arts, après la publication en 1751 de son Discours sur les sciences et les arts, puis comme philosophe tout court après la publication en 1755 de son Discours sur l’origine de l’inégalité, auquel réagit très vivement Voltaire.
Il compose Le Devin du village en 1752, séjournant en partie 21 rue Raynouard, chez son ami Musard[[Paris villages n°17 (juillet-août 2006) mentionne aussi : «Le n°67 de la rue de Passy abrita la seconde mairie du village. A l’étroit dans ses locaux de la rue Franklin, la première mairie s’installe en 1836 dans cette grande maison construite depuis peu sur la place, remplaçant alors une maison où aurait habité Jean-Jacques Rousseau.»]]. Lorsque la pièce est jouée devant le roi, c’est un succès, et ce dernier souhaite le rencontrer et lui accorder une pension, mais Rousseau refuse de lui être présenté.
La vie de la capitale lui pesant, il vit à Montmorency, dans la grande banlieue de Paris, entre 1756 et 62.
Il ne revient dans la capitale qu’en 1770, mettant ainsi fin à la longue errance qui a suivi son départ de Montmorency après la condamnation de l’Émile. Il s’installe alors au 3ème étage du 2 rue Plâtrière – 52 rue Jean-Jacques Rousseau depuis 1791 (plaque).
En même temps qu’il reprend son métier de copiste en musique, il achève la rédaction des Confessions, qui ne seront éditées qu’après sa mort. Il en a entrepris l’écriture en 1764, après que Voltaire, dans son Sentiment des citoyens, ait révélé publiquement que Rousseau avait abandonné ses cinq enfants.
Il ne cesse pas pour autant de marcher et d’herboriser. A l’époque, pour sortir de Paris sur la rive droite, il suffit de franchir les grands boulevards. Au lieu-dit de la Haute-borne (quadrilatère encadré par le boulevard de Belleville, la rue Julien-Lacroix, la rue des Couronnes et la rue de Ménilmontant), Rousseau raconte dans sa seconde promenade des Rêveries du promeneur solitaire qu’il se trouve ainsi bousculé le 24 octobre 1776 par un grand chien danois qui lui fait perdre conscience pendant un moment.
Après un court séjour chez le marquis de Girardin à Ermenonville, où il décède en 1778 (et tout bon révolutionnaire se fera bientôt un devoir d’aller se recueillir sur son tombeau, au milieu de la minuscule île des Peupliers), il passe la nuit du 10 octobre 1794 (au sein de son cercueil) dans le jardin des Tuileries, avant de trouver un dernier repos au Panthéon.
Autres demeures de l’auteur
– Rousseau a également vécu aux Charmettes, à Chambéry, à Montmorency, à Trie-Château, à Ermenonville…
Voir aussi www.rousseau-chronologie.com.