« Elle se promène à travers le monde pour voir si la réalité ressemble à ce qu’elle en a imaginé. »
Josyane Savigneau. Marguerite Yourcenar, l’invention d’une vie.
Entre Vladimir Nabokov et Marguerite Yourcenar, pas de lettres ni de paroles échangées, mais que de parentés ! Leur âge, leur nomadisme entre l’Europe et l’Amérique, la liste impressionnante des hôtels dans lesquels ils sont descendus, leurs années d’enseignement dans des universités américaines….La plupart des lieux que Marguerite Yourcenar a habités ont maintenant disparu :
– Marguerite de Crayencour naît le 8 juin 1903, 193 avenue Louise à Bruxelles (l’immeuble a été détruit depuis), de père français et de mère belge pour encore quelques heures. En effet, comme pour Henry de Montherlant, la naissance de Marguerite signifie la mort de sa mère, qui décède onze jours plus tard d’une fièvre puerpérale.
– pour Marguerite, tous les étés jusqu’à 1912 (vente de la propriété) se déroulent dans le « château » du Mont-Noir. La saison froide trouve la famille dans la maison du 26 rue Marais (26 rue Jean-Moulin) à Lille, ou quelque part sur la Côte d’Azur.
– en 1912, après la mort de sa grand-mère, Marguerite et son père s’installent à Paris : rue Anatole-de-la-Forge puis 15 avenue d’Antin (aujourd’hui Franklin-Delano-Roosevelt). Les étés se passent à Westende, sur la côte belge, dans une villa finalement bombardée. Marguerite se plonge dans les livres que lui prête son père, en particulier les oeuvres de Tolstoï, Huysmans, Platon, Virgile, Homère, Romain Rolland, Ibsen, Lagerlöf… Pour elle, c’est lectures et école à domicile, pendant que son père… perd au jeu.
– entre 1920 et 28, leur résidence principale est la villa Loretta, boulevard d’Italie à Monte-Carlo, base avancée pour de nombreuses incursions en Italie.
1926 marque l’entrée de Marguerite en littérature, par un banal article publié dans L’Humanité grâce au soutien de Barbusse.
– en 1929, après le décès de son père, elle continue de se promener. Son port d’attache est l’hôtel Meurice de Lausanne, en Suisse. Quelques réserves financières la mettent à l’abri du besoin pendant une dizaine d’années.
Entre 32 et 39, elle séjourne régulièrement en Grèce et, entre deux, à l’hôtel Wagram à Paris (détruit depuis par un incendie). Pour améliorer son ordinaire, elle traduit Virginia Woolf (puis, plus tard, Henry James). Début 1937, elle rencontre à l’hôtel Wagram celle qui sera jusqu’à sa mort la femme de sa vie : Grace Frick. Elles embarquent pour les Etats-Unis fin 37. À partir de mai 38 : retour en Europe, en s’arrêtant à Capri (villa Casarella), Paris, Sorente (hôtel Sirena), Kitzbühl,…
– la guerre la pousse, fin 39, jusqu’à New-York et Hartford, chez Grace. Pour vivre, quelques tournées de conférences sur la littérature française, mais qui ne remplacent ni un revenu stable ni de vrais projets d’écriture… jusqu’à, en 1942, trouver un poste d’enseignante en français qu’elle conserve jusqu’en 1950.
– 1950 : l’année de l’achèvement des Mémoires d’Hadrien, et de l’installation définitive dans l’Ile des Monts Déserts, au large du Maine, précisément à Petite Plaisance, c’est-à-dire le Brooks Cottage, Sea Shore Road à Northeast Harbor.
Dans la salle à manger et les salles de bain : des carreaux bleus en faïence de Delft.
– L’Europe ne la voit plus qu’en touriste avide de voyager plus que de faire salon. Son port d’attache à Paris est l’hôtel Saint James et Albany, 20 rue Saint-Honoré et 202 rue de Rivoli (demembré en appartements en 1977, même s’il reste encore un « hôtel Saint James »).
Pendant les années 50 et 60, Marguerite et Grace parcourent l’Europe du Nord, du Sud, de l’Est (la décennie suivante sera plus immobile, à cause du cancer de Grace, qui décède le 18 novembre 1979).
L’Oeuvre au noir paraît juste avant mai 68.
Début 69, elles rendent visite à Joseph Delteil dans sa Tuilerie de Massane.
– Marguerite Yourcenar est, en mars 1980, la première femme académicienne.
Pour visiter le lieu
Le château du Mont-Noir a été détruit pendant la guerre. De nouveaux bâtiments y accueillent maintenant des écrivains en résidence.
Pour tous renseignements sur ces activités, ainsi que sur la maison de Petite Plaisance, aller ici.
A Saint-Jans-Cappel, un petit musée est consacré à Marguerite Yourcenar dans deux salles de l’ancienne mairie.
Quelqu’un à contacter ?
Le site de la Société internationale d’études yourcenariennes,
Le Centre international de documentation Marguerite Yourcenar.
Petite bibliographie
Marguerite Yourcenar, l’invention d’une vie. Josyane Savigneau, Folio n°2495, 800 pages.
La Société internationale d’études yourcenariennes publie un bulletin annuel.
Le Centre international de documentation Marguerite Yourcenar édite également un bulletin annuel.