Francis, c’est notre premier parrain, celui qui, par son réseau d’amitiés, nous en a gagné beaucoup d’autres. Alors si vous voyez qu’on le remercie un peu partout sur ce site, ne vous étonnez pas.
En 1999, il nous a adressé ce beau texte qui respire les grands espaces et donne une idée de ce que sont ses Terres d’écrivains à lui.
Merci FM (ah oui : allez voir son site, si vous avez la rate solide. C’est à http://www.francismizio.net.
Texte sur un endroit du monde.
Ah, évidemment je pourrais parler du lieu de ma naissance. Mais Melun est vraiment une ville sans intérêt, hélas pour elle, hélas pour moi.
Je pourrais parler de mes racines : mais la Pologne, d’après Ubu de Jarry, n’existe pas.
Je pourrais parler de l’Allemagne de mon service militaire (Tübingen) ou de mes multiples voyages en Écosse et dans les Iles Hébrides. Mais bon. Il ne s’y est rien passé d’exceptionnel. C’était splendide, point.
Je pourrais parler des camps de vacances à Djerba ou aux Baléares (oh non !), ou alors des rues de New York ou du Caire. Mais tant d’autres le feraient tellement mieux que moi.
Bref, je pourrais parler de tous les lieux qui ont participé à ma propre construction en tant qu’individu, puis en tant qu’auteur. Mais ce serait long, fastidieux. Ennuyeux ?
Pourtant, je dois avouer qu’il existe un lieu très particulier ; lequel a participé, davantage que les autres, à cette fameuse construction de moâ. Davantage par exemple que la bibliothèque municipale de Melun, que je hantais quotidiennement étant tout gosse ; davantage que n’importe quel autre endroit du monde où il m’arrive de lire des grands maîtres ou des confrères (tel le métro, le train).
Je pourrais écrire ici le nom de ce lieu où j’ai toujours tant lu. Ce lieu dans lequel je me suis donc tant éduqué. Mais je crains tout de même qu’en écrivant le nom de ce modeste territoire de lectures et de découvertes, – malgré ma modeste réputation d’écrivain satirique et humoriste – on ne me traite de vulgaire scatophile.
FM pour Terres d’écrivains, 1999.