Au carrefour de Buci.
Par Bernard Vassor
C’est en 1729 qu’un épicier nommé Gallet invitait le premier dimanche de chaque mois des chansonniers à des dîners chantants.
Les premiers convives étaient Panard, Piron, Collé et les Crébillon père et fils. Les réunions avaient lieu dans le Cabaret Landel, carrefour de Buci. Active pendant dix ans, cette société « du Caveau » fut dissoute en 1739.
Reconstituée par le fermier général Pelletier en 1759, tous les mercredi, il recevait à sa table Marmontel, Helvetius et Gentil-Bernard.
La révolution va interrompre ses activités, qui reprennent en 1796 aux « Dîners du Vaudeville ». Barré, Radet, Desfontaines et Pils seront les fondateurs de la nouvelle société qui sévira jusqu’en 1802.
En décembre 1802, le « Caveau moderne » renaît, dirigé par le comédien Armand Gouffé et le libraire Capelle. Brazier, Desaugier, Philippon de la Madelaine animent avec Grimod de la Reynière au Rocher de Cancale, rue Montorgueil ( le premier « Rocher », à l’angle de la rue Mandar), le 20 de chaque mois, des dîners musicaux et publient un mensuel sous le titre de « Journal des gourmands et des belles ». Le représentant le plus célèbre est à l’époque le Grand Béranger.
Les divergences politiques vont une nouvelle fois conduire le Caveau à une dissolution.
Il est reconstitué puis éclaté dix fois, les lieux de réunions étant chaque fois différents.
C’est le café Coroza au Palais-Royal qui accueille les chansonniers en 1865.
Un petit livre chez Dentu en 1883 explique le fonctionnement des réunions.
Pendant les séances, le public écrivait chacun un mot que l’on mettait dans un chapeau.
Le poète devait tirer plusieurs de ces mots pour en fabriquer de façon improvisée une chanson.
Nous avons grâce à ces sociétés, des recueils de partitions qui ont servi pendant tout le XIX° siècle à tous les auteurs de chansons, pouvant ainsi interpréter sur l’air de … leurs uvres, sans avoir besoin de composer de musique.
(Paris et ses quartiers, Chansons par les membres du caveau, Paris Dentu 1883)