La mort de « La Dame aux Camélias »

En 1865, dix huit ans après le décès de Marie Duplessis, Dumas père, dans une lettre adressée à « un docteur », raconte à sa façon les derniers jours et la mort de la Dame aux camélias.

Dans le dialogue qu’il écrit, il enjolive la vérité en se donnant le beau rôle.

Au 11 boulevard de la Madeleine

Par Bernard Vassor

Dumas est chez lui à Marly, il voit venir à lui un jeune homme barbu qu’il ne reconnaît pas ; c’est son fils qui, de retour de Russie en France, lui raconte son voyage, et après un amusant dialogue lui demande mille francs :
« Nous allons payer neuf cents francs aux huissiers qui ne veulent pas laisser mourir en paix la pauvre Mlle Marie Duplessis ».

Il a reçu une lettre de son amie Michette le suppliant de la secourir ; on vend ses meubles car elle ne peut plus payer son loyer. Quand ils arrivent chez elle :

« Une affiche de vente annonçait la vente sur place des meubles de Mlle Duplessis (…) le seul meuble qu’on eut laissé dans sa chambre était le lit dans lequel elle agonisait ».

(…) Le jeune Alexandre se retient de ne pas assommer l’huissier, va lui faire la monnaie, tandis que le père se charge de la négociation, puis ils font rapporter les meubles dans la chambre :

« Nous vîmes un bras décharné écarter les rideaux du lit, une tête pâle, mais toujours de belle apparence, deux yeux ardents de fièvre se fixèrent sur nous à travers la porte entrouverte… la mourante jeta un cri ! Elle nous avait reconnus. Alexandre se précipita dans la chambre. Je tirais la porte sur lui, je payais le commissionnaire, je laissais le reste des mille francs sur la cheminée et j’allais dîner à crédit chez Durant au Café de la Madeleine ».

Un matin Alexandre lui annonce la mort de Marie :

« Je ne l’ai pas quittée, on l’enterre demain (…) on vend les meubles pour payer les funérailles et lui acheter une concession à perpétuité au cimetière Montmartre… La cérémonie funèbre a lieu le lendemain à la Madeleine.

La curiosité avait amené quelques personne à l’église, mais (nous ne fûmes) que deux à suivre le corbillard (…)

En sortant du cimetière, Alexandre dit : ne trouves-tu pas père, qu’il y aurait un beau livre à faire ? »
.

Annonce de la vente des biens de la Dame aux camélias.
Annonce de la vente des biens de la Dame aux camélias.

Ce document a été vendu le 15 mars 2005.

L’expert, Thierry Bodin, relève que Dumas fils ne partira en voyage vers la Russie rattraper sa maîtresse, « La Dame aux Perles » Lydie Nesselrode, qu’en 1851. En janvier 1847, il est en Algérie, et ne sait rien de l’agonie de son ancienne maîtresse, dont il n’apprendra la mort qu’à son retour à Marseille.
Deux personnes ont effectivement suivi le corbillard, mais c’était Edouard Perregaux et Edouard Delessert.

La vente après décès eut bien lieu sur place les … et … 1847
(Document).

4 Comments

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  1. 1
    marc rolland

    La mort de « La Dame aux Camélias »
    L’immeuble où Marie Duplessis est morte existe encore, au 15 du bd. de la Madeleine, mais éventré et dénaturé par une boutique de design qui a cru bon ajouter de fausses caryatides sur la façade classique. On reconnaît toujours les cinq fenêtres de l’entresol,occupé désormais par le salon the thé (?) de la boutique. Je n’ai pas eu le courage d’y entrer – pas même une plaque pour honorer la mémoire de la Dame aux Camélias.

    • 2
      Anmary

      La mort de « La Dame aux Camélias »
      Passionnée par le sujet et par le personnage hors du commun, je déplore comme vous le bouleversement apporté à cet appartement du 11 boulevard de la Madeleine. Par ailleurs j’ai eu l’occasion de me rendre sur tous ses autres lieux d’habitation ainsi qu’au cimétière Montmartre où elle repose (juste à côté de J.C Brialy). En ce qui concerne le 11 bd. de la Madeleine j’ai vu qu’un magasin « Ventilo » se tenait au rez-de-chaussée. Ma visite remonte à 5 ou 6 ans. Pas une plaque commémorative pour indiquer la demeure de Marie Duplessis mais combien de personnes à notre époque s’intéressent à la Dame aux Camélias à la personnalité pourtant aussi troublante qu’énigmatique ?
      Anmary

      • 3
        Raphaël

        La mort de « La Dame aux Camélias »
        Belle Histoire, mais Paris regorge de « grands lieux » anonymes !! Le Français pourtant langue universelle serait-il définitivement supplanté par les franchises !!!

        La Dame aux Camélias reste La Muse de l’Ecrivain français le plus lu à l’étranger. Une plaque en marbre blanc à celle que les plus grands ( Liszt, Chopin, Verdi, Dumas, et….?? tous les autres) un jour adulèrent l’ancrerait encore plus dans le patrimoine littéraire et artistique français…

        A bon entendeur !

      • 4
        scoupe

        La mort de « La Dame aux Camélias »
        Travaillant actuellement sur une application qui se donne pour objectif
        d’évoquer les célébrités qui ont fait rayonner Paris en partant de leurs domiciles, je serais très intéressé de connaître les autres lieux parisiens où Marie Duplessis a pu vivre, s’il en existe d’autres à part le 11 bd de la Madeleine.
        Merci d’avance,
        Denis Scoupe

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