« C’est bien un survivant qui a écrit mes livres. »
Trente mille jours.
Regardez bien. Cet homme, que Raboliot (prix Goncourt 1925) transforme en écrivain écolo-régionaliste, est le même que celui qui a pris dix ans plus tôt trois balles dans le corps et a écrit, pour les en faire sortir, un des plus terrifiants récits de guerre : Ceux de 14.
Il naît le 29 novembre 1890 à Decize, dans la Nièvre et grandit à Châteauneuf-sur-Loire, le village de sa mère. Ses parents gèrent « le Magasin », épicerie en gros.
Maurice découvre Hector Malot. Jules Verne l’ennuie et il trouve la Comtesse de Ségur « bêtifiante ».
Sa mère décède en 1903 des suites d’une grossesse difficile.
Il devient interne au lycée Pothier d’Orléans en 1901 et, entre un dessin et un cours de théâtre, consomme à forte dose du Kipling, du London, du Daudet et du Balzac.
Il rejoint en 1908 le lycée Lakanal à Sceaux pour préparer le concours d’entrée à l’École Normale Supérieure, qu’il intègre en 1912 après une année de service militaire à Bordeaux.
Le futur écrivain y rencontre Lucien Herr et Paul Dupuy. C’est ce dernier qui, après la blessure de Genevoix en 1915 et sa convalescence, l’encourage à mettre en forme carnets et correspondance des mois de guerre. Il l’introduit auprès de Hachette qui passe commande d’un ouvrage. En quelques semaines, Genevoix écrit Sous Verdun, premier des cinq tomes qui composent Ceux de 14.
Entre septembre 1916 et janvier 1919, il habite une chambre à l’Ecole Normale, rue d’Ulm, sous les toits.
En 1919, il échappe de près à la grippe espagnole et retourne à Châteauneuf, son paradis perdu de l’enfance, pour reprendre des forces.
Il souhaitait enseigner à l’étranger, la guerre l’a donc mené vers l’écriture. L’homme mutilé qu’il a connu au fonds des tranchées, il veut le retrouver entier dans son lien à la terre.
Ses maîtres en écriture sont les artisans, les braconniers et les pêcheurs de son enfance, plus que d’autres écrivains – sauf peut-être Maupassant, à qui il consacre une thèse et qui le forme à l’école du faire et refaire sans cesse.
Brinon-sur-Sauldre est le village de Raboliot. Genevoix s’y installe pendant quelques mois dans une maison de garde-chasse face à l’étang des Clouzioux. Entouré de bassins d’alevinage, il transforme le hameau du Vivier en l’Aubette, Les Brosses en Buzidan, le Rillerand en Bouchebrand, l’étang des Clouzioux en La Sauvagère, Les Monteaux en Le Bois-sabot, Trumeau en le garde Tournefier, Beaufils en Touraille et Depardieu, dit Carré, en Pierre Fouques, dit Raboliot. Sauf que, lorsque Genevoix lui donne rendez-vous chez un aubergiste pour l’interroger, celui-ci, en vrai braconnier, ne se présente pas, et l’écrivain décide de s’initier lui-même au braconnage…
En 1927, il s’installe dans une petite maison de Saint-Denis-de-l’Hôtel, Les Vernelles, au bord de la Loire. C’est son port d’attache jusqu’au dernier de ses soixante livres, entre un séjour au Canada en 1939, quatre ans (1940-43) dans un village du causse aveyronnais et, après-guerre, devenu académicien et représentant la culture française, de multiples voyages en Afrique, en Amérique et en Europe.
Pour visiter le lieu
Les alentours de Brinon-sur-Sauldre sont peuplés de lapins, étangs, canards, sangliers, braconniers et autres personnages de Raboliot.
Pour trouver des traces se rapportant plus directement à l’auteur, il faut visiter la Maison Maurice Genevoix, place du Cloître, 45550 Saint-Denis-de-l’Hôtel (tél : 02 38 59 12 80). La Maison est ouverte les samedi, dimanche et jours fériés de 10h à 12h et de 14h à 18h, sauf entre le 20 décembre et le 5 janvier.
La Maison peut également s’ouvrir aux groupes sur réservation (tél mairie : 02 38 46 83 40).
Elle abrite une exposition permanente sur l’écrivain.
Présences littéraires aux alentours :
– Eugène Labiche à Souvigny-en-Sologne,
– Eugène Sue à Souesmes,
– Alain-Fournier à Nancay,
– Péguy à Orléans,
– Max Jacob à Saint-Benoît-sur-Loire,
– Patrice de La Tour du Pin au Bignon-Mirabeau.