Balzac séjourne à Fougères entre mi-septembre et fin octobre 1828 chez ses amis Pommereul (le général Gilbert de Pommereul, fils du général François-René de Pommereul dont parle Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe). Il y fait des repérages pour son roman Les Chouans, qui offre une description très précise de la ville et de ses environs.
Balzac occupe une chambre qui donnait sur la Pélerine, dans l’hôtel qui est aujourd’hui un presbytère et se trouve 19 place du Général-de-Lariboisière.
Un autre grand décor du roman est le château de Marigny, devenu La Vivetière dans Les Chouans, qui était la propriété de la sœur aînée de Chateaubriand.
Le 26 avril 1831, Balzac écrit au général de Pommereul cette lettre étonnante :
Mon cher général,
Je suis, par la nouvelle loi, devenu tout à coup éligible et électeur. J’avoue franchement que, me souvenant de la pénurie où vous étiez dans votre arrondissement de Fougères pour trouver des députés, j’ai pensé à me présenter à vos concitoyens comme candidat. Vous connaissez mes principes et seriez pour moi, dans l’ordre de choses nouveau, un véritable père si vous vouliez me servir de patron auprès de vos électeurs.
Si la chose était possible, d’après votre réponse, j’irais à Fougères. En attendant des lumières plus claires, je vous donne avis que je mets demain 27 avril, à la diligence, un paquet à votre adresse contenant quarante exemplaires de ma première brochure sur les affaires publiques. J’en ferai successivement quatre ou cinq autres, afin de prouver aux électeurs qui me nommeraient que je puis leur faire honneur et que je tâcherai d’être utile au pays.
Quant à l’incorruptibilité parlementaire, l’ambition que j’ai est de faire triompher mes principes par un ministère, et les grandes ambitions ne se vendent jamais.
Distribuez donc mes brochures à vos amis ou aux personnes que vous croiriez influentes sur les électeurs ; vous recevrez dans le paquet de brochures une lettre de moi plus étendue.
Permettez-moi donc ici de vous assurer seulement de ma reconnaissance pour vos bontés et de vous prier de présenter mes hommages à la belle châtelaine de Marigny.
Votre tout dévoué,
H. De Balzac.
Source :
– Guide Balzac, Philippe Bruneau, éditions Hazan.