« Le devoir d’un écrivain est d’abord d’écrire de beaux livres selon l’idée qu’il se fait de son art et les ressources dont il dispose, sans ménager rien ni personne, car tout livre est un témoignage, et le premier mérite d’un témoignage est d’être sincère. L’artiste a un regard plus aigu que les autres et ce qu’on lui demande, […] c’est qu’il dise ce qu’il voit réellement -non pas ce qu’il désirerait voir, ou ce qu’il lui est ordonné de voir. »
Georges Bernanos, Essais et écrits de combat, t. II, Gallimard.
« Dès que je prends la plume, ce qui se lève tout de suite en moi, c’est mon enfance, mon enfance si ordinaire, qui ressemble à toutes les autres, et dont pourtant je tire tout ce que j’écris comme une source inépuisable de rêves. »
Georges Bernanos, Correspondance inédite, t. II, Combat pour la liberté, Plon.
Bernanos, derrière ses beaux yeux bleus, est un lutteur. Tout le touche mais rien ne l’abat. Peut-être est-ce parce qu’il côtoie la maladie (depuis l’enfance) et la mort (depuis la Grande Guerre), qu’est né chez lui un besoin vital de comprendre et de communiquer, puis d’écrire des articles, puis d’écrire des romans. Il lutte tout au long de sa vie.
Pour ses convictions politiques (qu’il perd en partie après la Grande Guerre) et religieuses, contre les modes, les pressions et les propositions d’honneur ou d’argent.
Pour éviter la précarité à sa femme et à ses six enfants, précarité à laquelle il n’échappera jamais vraiment.
Pour sauvegarder son enfance, dont Fressin est le coeur comme Saint-Sauveur-en-Puisaye l’est pour Colette -les deux écrivains ayant en plus le même goût pour les déménagements. Bernanos s’éloigne régulièrement de la France. Mais qu’il réside en Espagne, au Brésil ou en Tunisie, c’est pour mieux l’observer et, lors des périodes troublées de l’avant-guerre, de la guerre et de l’après-guerre, pour mieux la défendre.
– Fin 1934, la famille Bernanos s’exile à Majorque, espérant une vie moins difficile qu’en France, où les succès littéraires n’améliorent pas pour autant l’ordinaire. Elle échoue 95, calle du 14 abril à Palma et, en 1935, change cinq fois d’appartement. Cette année-là, paraissent Un Crime (un roman policier !) et le Journal d’un curé de campagne, où Ambricourt rappelle Fressin.
– Après avoir été au coeur des premiers mois de la guerre d’Espagne, Bernanos revient avec sa famille à Toulon, en 1937, pour y écrire Les Grands Cimetières sous la lune. Ce livre donne envie à Malraux, l’ex-combattant des Brigades Internationales, de rencontrer l’écrivain dont un fils s’est enrôlé quelque temps dans la Phalange… L’été 1937 trouve les Bernanos villa Les Flots, chemin des Douaniers, puis l’automne les trouve à L’Hermitage, boulevard Louis Sorel au Petit-Bois.
– Pour fuir l’Europe totalitaire et réaliser un rêve d’enfance, les Bernanos s’embarquent ensuite pour le Paraguay en juillet 1938. C’est finalement le Brésil, terre d’élection de Cendrars et de Zweig, qui les accueille. D’abord à Itaïpawa, près de Rio, puis à Juiz de Fora, à Vassouras, à Pirapora, puis quinze kilomètres plus loin, dans la fazenda Sao Antonio, puis dans la ferme La Croix des Ames près de Barbacena (où ils reçoivent Zweig en 1941). Durant tout son séjour au Brésil, par les journaux et la radio, Bernanos mène campagne contre l’occupant allemand et le régime de Vichy.
– En 1945, il est de retour en France avec sa famille. Il refuse de hautes fonctions que lui propose de Gaulle, tout comme il refuse, quelques mois plus tard, d’entrer à l’Académie Française.
– La famille s’installe à Briarq, près de Sisteron (lorsqu’il effectue de courts séjours à Paris, sa résidence préférée est l’hôtel Cayré) et à Bandol, à la villa La Pinède, la base d’écriture de Georges étant alors le Café de la Marine, face à la mer.
– En 1947, dans la foulée d’une série de conférences en Afrique du Nord, Bernanos installe sa famille à Hammamet en Tunisie, puis à Gabès (hôtel Atlantica). En juin 1948, sa santé se détériorant, il revient à Paris pour subir une opération, mais décède le 5 juillet.
Autres demeures de l’auteur
L’écrivain a vécu à Paris, Pellevoisin, Fressin, Bar-le-Duc, Bagnières-de-Bigorre, Clermont, Toulon,…
Quelqu’un à contacter ?
Association Internationale des Amis de Georges Bernanos, 30 rue des Dames, 75017 Paris.
Petite bibliographie
Bernanos. Louis Muron, Editions Flammarion, 1996.
Les Cahiers Georges Bernanos sont édités chaque année par l’Association Internationale des Amis de Georges Bernanos, 30 rue des Dames, 75017 Paris.
La côte d’Azur des écrivains. Christian Arthaud, Eric L. Paul, Edisud, 1999.
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