Pierre Benoît est un bon artisan. Il cisèle des romans qui tiennent le lecteur en haleine depuis la première page.
Ses recettes sont faciles, mais il les met en oeuvre avec une redoutable efficacité (malgré quelques loupés) :
– usage intensif du flask-back pour créer le suspense,
– même taille pour tous ses récits,
– à la psychologie, il préfère le dépaysement (ses quarante romans décrivent presque autant de lieux, par lesquels il est en général passé) et les événements imprévus : apparitions/disparitions de personnages, amours contrariées, morts subites, etc., qui font surgir la poésie et le mystère du banal des existences,
– le prénom de ses héroïnes commence toujours par un A.
Ce fils de Balzac, Simenon et… Barbara Cartland s’impose une discipline rigoureuse : pour chaque livre, un an de documentation à travers voyages et lectures (« ce qui m’intéresse le plus, c’est la bibliographie », dit-il), cinq mois d’écriture, une semaine de repos.À partir de ses deux premiers romans (Koenigsmark[[Koenigsmark aura l’honneur, le 6 février 1953, d’être le premier « livre de poche » publié en France.]], publié en 1918 grâce à Carco, et L’Atlantide, un an plus tard), il connaît un succès vertigineux qui le conduit en 1931 à l’Académie Française et donnera lieu à de nombreux succès cinématographiques.
Le 27 septembre de cette année, il reçoit son épée d’académicien à Saint-Céré, son village d’élection.
Carco, Mac Orlan, Dorgelès et d’autres font le voyage. C’est en effet lorsqu’il cherchait un lieu où passer ses cinq mois d’écriture annuelle, qu’il a découvert Saint-Céré en 1925 et s’y est attaché. Il y a établit son cabinet de travail jusqu’à 1937, précisément dans la chambre n°2 de l’hôtel du Touring, place du Gravier devenue place de la République.
Il apprécie la chaleur de l’accueil et de la table en même temps que l’austérité des paysages, qui convient bien à ses trois romans lotois : Le déjeuner de Sousceyrac (qui rend célèbre l’hôtel Prunet et sa table), Lunegarde et Alberte.
– Né en 1886 à Albi, ce fils d’officier suit son père dans ses garnisons et connaît une enfance protégée. Il vit en Algérie et en Tunisie jusqu’à 1907 (année de naissance de Jules Roy en Algérie) puis habite Montpellier, Nice, Annecy.
– Il s’installe à Paris en 1908. Il habitera dans le quartier du Luxembourg et sa carrière se fera dans la fonction publique avant d’être littéraire.
De 1912 à 1922, il vit au cinquième étage sur la cour du 207 boulevard Raspail chez sa compagne Fernande Lefferrer.
– Entre 1924 et 1947, son adresse parisienne est le 120 rue d’Assas (plaque).
Dans le Paris de l’Occupation, il fréquente le salon de Florence Gould, qui reçoit le jeudi, avenue de Malakoff, officiers allemands (dont Ernst Jünger), Montherlant, Cocteau, Léautaud… et les résistants Arland et Paulhan.
À la fin de la guerre, Benoit sera emprisonné pour faits de collaboration mais finalement non jugé. Il décède en 1962 à Ciboure.
Pour visiter le lieu
L’hôtel Le Touring se trouve Place de la République, 46400 Saint-Céré (tél 05 65 38 30 08, fax 05 65 38 18 67).
Quelqu’un à contacter ?
– L’Association des Amis de Pierre Benoît est joignable par son président, Bernard Vialatte, 4 place de la République, 46500 GRAMAT.
À voir aux alentours
Quelques voisins écrivains :
– André Breton, à Saint-Cirq-Lapopie,
– Clément Marot à Cahors,
– Fénelon à Sainte-Mondane,
– Loti à Bretenoux.
Petite bibliographie
Pierre Benoit, témoin de son temps. Albin Michel, 1991.
Écrivains et artistes en Quercy. Patrice Béghain, éditions du Rouergue, 1999.
L’Association des Amis de Pierre Benoît – chez Bernard Vialatte, 4 place de la République, 46500 GRAMAT, bvialatte (at) aol.com – publie des Cahiers.