Après une enfance douloureuse entre une mère névrosée [[A tel point que Beckett déclarera « je porte en moi un être assassiné ».]] et un père joyeux drille détesté par la mère, après des études brillantes, Beckett découvre Paris lorsqu’il devient lecteur d’anglais en 1928-30 à l’École Normale Supérieure. S’il retourne ensuite enseigner comme lecteur de français au Trinity College de Dublin, c’est pour en démissionner en 1932. Il veut fuir le milieu familial et le monde en vase-clos de son coin d’Irlande et se déroute d’un avenir tout tracé et rejoint l’Allemagne puis la France.
En 1934, le voilà à Londres et en 1936, à nouveau à Paris, et pour longtemps. À l’instar de Joyce, des américains de la « Lost generation » et des européens qui ont afflué dans la capitale dans les années 1920, il pense que c’est là qu’il peut inventer librement. Sauf que Beckett adopte non seulement une ville nouvelle, mais aussi une langue nouvelle : les moyens sont pris pour repartir à zéro.
Il s’installe d’abord à l’Hôtel Libéria, rue de la Grande chaumière à Montparnasse.
Le 7 janvier 1938, il est agressé par un inconnu, sans mobile apparent. Son cœur, épargné de peu par le couteau, ne l’est pas par une jeune fille qui lui rend visite à l’hôpital Broussais : Suzanne Dumesnil, qui deviendra sa femme.
Au printemps suivant, il emménage dans quelques mètres carrés au septième étage du 6 rue des Favorites.
La déclaration de guerre le surprend en Irlande, mais il décide aussitôt de retrouver Paris – d’où l’avancée de l’armée allemande le repousse avec les Joyce jusqu’à Vichy. Ils séjournent à l’hôtel Beaujolais, jusqu’à ce qu’il soit réquisitionné pour loger le gouvernement de Vichy. Les Joyce sont alors hébergés à Saint-Gérand-le-Puy par une amie parisienne, Madame Jolas. Beckett, grâce à l’aide de Valery Larbaud, poursuit sa route, dormant là où il peut, par Toulouse, Cahors et Arcachon, où il s’établit quelques semaines villa Saint-Georges, qui existe toujours 135 bis boulevard de la Plage.
En octobre 1940, il regagne Paris. Il commence à traduire des documents que les résistants transmettent à Londres. Il rejoint le réseau de résistance « Gloria SMH » dirigé par la fille de Picabia.
À l’été 1942, il doit échapper à la Gestapo. Vichy à nouveau, Avignon, pour échouer dans un village haut perché dont il fait son havre jusqu’à début 1945 : Roussillon dans le Vaucluse. Il travaille dans les champs et commence à écrire Watt (publié en 1952 dans la revue anglophone Merlin et par Olympia Press en 1953). Un peu d’argent lui arrive régulièrement de sa famille en Irlande.
Début 1946 : retour dans la capitale, rue des Favorites – après avoir servi dans la Croix Rouge irlandaise à l’hôpital de Saint-Lô en Normandie.
Alors, et jusqu’à la mort de sa mère en 1950, c’est l’écriture à haut débit. Malloy et Malone meurt paraissent en 1951, En attendant Godot est joué en 1952.
Beckett attend jusqu’à 1969 pour recevoir le Prix Nobel de littérature.
À Ussy-sur-Marne près de La Ferté-sous-Jouarre, il retrouve à partir des années 50 un air de sa campagne irlandaise, avec ses travaux des champs et ses longues marches.
Pour visiter le lieu
La Maison Samuel Beckett, Chemin de la Bergère, 84220 Roussillon-en-Provence (fax : 04 90 05 73 34 ; e-mail beckett.roussillon@wanadoo.fr) est ouverte au public (en fait, voir le message ci-dessous).
La maison d’Ussy, propriété privée, se trouve rue Samuel Beckett et est signalée par une plaque.
Quelqu’un à contacter ?
L’association des Amis de Beckett.
Petite bibliographie
Beckett. James Knowlson. Editions Actes Sud.
Beckett dans le silence d’Ussy. Article de James Knowlson dans Balade en Seine-et-Marne sur les pas des écrivains. Marie-Noëlle Craissati, Éditions Alexandrines,
Archives des années noires. Artistes, écrivains et éditeurs, éditions IMEC, 2004.