« We printed and published in a domed wine-vault, exceedingly old and crampled, on the Ile St. Louis with a grey view on the Seine below the Quais. It must have been salvation we aspired to for thoughts of fortune seldom came near us and Fortune herself, never. »[[« Nous imprimions et éditions dans une cave voutée, extrêmement vieille et humide, sur l’Ile Saint-Louis, avec une vue grise sur la Seine au pied des quais. C’est sans doute la sainteté que nous recherchions, car les rêves de richesse ne nous effleuraient guère, et la richesse elle-même, jamais. »]].
Ford Madox Ford, introduction de A Farewell to Arms d’Ernest Hemingway.
Ford Madox Ford est à l’intersection de deux espaces-temps littéraires formidables du début du XXe siècle : l’anglais et l’américain : proche d’Henry James, il collabore avec Joseph Conrad (ils conçoivent ainsi, à quatre mains, un formidable roman qui n’a pas volé son nom : L’aventure) avant de travailler à la Transatlantic review avec Ernest Hemingway et d’autres américains du « middle west », à Paris au milieu des années 1920.
Il semble qu’il ait eu avec chacun de ces deux monstres autant de mal à trouver sa place, Ford Madox n’étant pas le genre modeste (selon lui, par exemple, Conrad lui doit sa qualité d’écrivain).
Les traces parisiennes de FMF sont les suivantes :
Sur l’Ile Saint-Louis, 29 quai d’Anjou se trouvaient à la fois le siège des éditions Three Mountains Press de William Bird avec sa presse à imprimer datant du XVIIe siècle (qui publie en 1924 In our time, le premier vrai livre d’Hemingway, et édite également Ford, Ezra Pound, Robert McAlmon, William Carlos William, etc.) et le siège de la Transatlantic review dont l’existence dure de janvier à décembre 1924 et publie, outre Hemingway, Conrad, Stein, Pound, Cummings, Joyce, Tzara, Dos Passos et Djuna Barnes.
Par l’entremise de Pound, Hemingway assure aussi une partie du travail éditorial à la revue -juste le temps de bien se fâcher avec Ford.
Celui-ci aime organiser des « parties » hebdomadaires pour ses troupes, d’abord quai d’Anjou, puis dans l’appartement qu’il occupe boulevard Arago avec sa femme Stella Bowen, puis, le vendredi soir, au Bal du printemps, au rez-de-chaussée du 74 rue du Cardinal Lemoine, quatre étages en-dessous de l’appartement où Hadley et Ernest Hemingway ont vécu en 1922-23 (et où celui-ci situe une scène -rue de la Montagne Ste-Geneviève !- au début du Soleil se lève aussi).
Ford habite également 84 rue Notre-Dame-des-Champs (à la Closerie des Lilas toute proche, il lui arrive de croiser Hemingway qui habite dans la même rue) et 32 rue de Vaugirard (immeuble disparu), dans les années 20, jusqu’au début des années 30.
Outre la Closerie, ses cafés de prédilection sont le Dôme et les Deux Magots.
Pour visiter le lieu
Des différentes adresses de Ford, seules le Dôme, la Closerie et les Deux Magots sont ouverts au public…
Voir aussi 767.
Petite bibliographie
Au Rendez-vous des génies. Écrivains américains à Paris dans les années vingt. Humphrey Carpenter, éditions Aubier, 1990.