« C’est seulement dans cette maison que je suis seule. »
Écrire.
« Quand je n’écris pas, je me lance dans ma maison de campagne, là, à Neauphle, et je travaille comme une brute… dix heures par jour, je travaille. »
Le camion.
Grâce à la vente des droits d’adaptation cinématographique du Barrage contre le pacifique, Marguerite Duras achète cette belle maison en 1958, face au château d’eau. Les trois bâtiments étaient la résidence secondaire d’un notaire parisien.
Par cet achat, dit-elle, elle se console de toutes ses peines d’enfant. Enfin un lieu gagné, où planter des racines.
Pour ses proches, et surtout pour son fils et pour elle, elle s’occupe d’en faire une belle maison. Elle remet en état et meuble les quatorze pièces. Sa chambre est au premier étage, face au jardin et à l’étang sur lequel les enfants jouent l’hiver. Devant une fenêtre du grenier, elle installe un petit lit pour admirer ce qu’elle appelle « le parc ».
Les soirées les plus heureuses sont celles qui rassemblent là ses amis, en particulier les Gallimard. Sa spécialité : la salade vietnamienne aux vingt-trois ingrédients.
Dans les moments de doute ou de tension, la nourriture est le remède à l’écriture. La musique aussi – un piano se trouve au fond de la maison.
Elle en revient toujours en effet à la solitude. « Quand il y avait du monde, j’étais à la fois moins seule et plus abandonnée. Cette solitude, pour l’aborder, il faut en passer par la nuit. Dans la nuit, imaginer Duras dans son lit en train de dormir seule dans une maison de quatre cents mètres carrés » (Écrire).
Elle écrit là Le ravissement de Lol V. Stein et Le vice-consul.
Elle tourne dans cette maison Nathalie Granger, avec Jeanne Moreau et un jeune acteur, Gérard Depardieu, et, plus tard, les scènes intérieures du Camion.
Elle connaît les gens du village, discute avec eux, roule dans la campagne, s’arrête dans les cafétérias de Parly II, visite les quartiers populaires de Saint-Quentin-en-Yvelines et des environs.
La maison n’est pas ouverte à la visite.
Quelqu’un à contacter ?
Le Fonds Duras a été déposé à l’IMEC, 9 rue Bleue, 75009 Paris (tél. : 01 53 34 23 23, fax : 01 53 34 23 00, e-mail : imec@iway.fr).
Petite bibliographie
Nos maisons de Neauphle, par Michèle Manceaux, dans Balade en Yvelines. Marie-Noëlle Craissati, Éditions Alexandrines, 2001.
Marguerite Duras. Laure Adler. Editions Gallimard, 1998, 155 F.
Marguerite Duras. Christiane Blot-Labarrère. Editions du Seuil, collection « Les Contemporains », 1997.
Marguerite Duras. Les trois lieux de l’écrit. Aliette Armel. Christian Pirot Editeur, 1998, 110 F.
Le ravissement de la parole. 4 CD audio réunis par Jean-Marc Turine, INA/Radio-France, 1997.