« Ce sera le four le plus drôle de l’année, mais je m’en moque. Ça ne ressemblera à rien et j’aurai dit ce que j’avais à dire. »
J.-K. Huysmans en 1884, au sujet de À Rebours.
« Quoi qu’il tentât, un immense ennui l’opprimait. »
À Rebours, J.-K. Huysmans, 1884.
Non, non, il parle bien du duc Jean des Esseintes, triste héros du récit, et non pas du lecteur.
Quoique… le roman qui a enthousiasmé Bloy et Barbey d’Aurevilly (mais refroidi Zola) transmet sans peine à ceux qui le lisent la déprime et les angoisses du solitaire des Esseintes.
Il faut bien du moral au lecteur pour se voir décrire, pendant quatre cents pages, les préférences du héros en matière de jardinage, ameublement, lecture, gastronomie, religion, et de multiples autres activités par la pratique desquelles il voudrait se distraire du néant. Des Esseintes, c’est en partie Robert de Montesquiou (auquel Proust empruntera aussi les traits de Monsieur de Charlus), en partie Huysmans lui-même, en partie beaucoup de monde. Rien ne l’aide à échapper à la haine du siècle et au dégoût de soi-même.
Il y aurait bien une chose : la création littéraire, mais des Esseintes n’a pas la force qui sauve Huysmans et qui conduira ce dernier encore plus loin : entre « la bouche d’un pistolet ou les pieds de la croix » que lui propose Barbey après la lecture de À Rebours, Huysmans choisira les pieds de la croix.
Avant de hanter les monastères où il trouvera réponse à ses angoisses, il est un grand voyageur parisien :
– il naît le 5 février 1848 11 (aujourd’hui 9) rue Suger à Paris.
– La famille emménage rapidement 38 rue Saint-Sulpice. C’est là que son père, peintre miniaturiste, meurt en 1856. Le futur écrivain entre à l’Institution Hortus, 94 (aujourd’hui 104) rue du Bac, et s’installe avec sa mère chez ses grands-parents maternels, au premier étage de l’ancien monastère du 11 rue de Sèvres.
– en 1871, il emménage 114 rue de Vaugirard, puis 73 rue du Cherche-Midi.
– la mort de sa mère en 1876 le pousse à rejoindre la demeure de la rue de Sèvres -démolie pendant la Commune puis reconstruite-, où il prend en charge le devenir de ses deux demi-soeurs tout en rassemblant régulièrement, dans son petit appartement du cinquième étage qu’il appelle « la lanterne », ses amis Villiers de L’Isle-Adam, Barbey, Mallarmé…
La publication de Marthe, histoire d’une fille, lui gagne l’inimitié des défenseurs des bonnes moeurs et l’estime de Zola, qui l’invite à se joindre à Alexis, Céard, Hennique et Maupassant.
Le 16 avril 1877, ces derniers et Huysmans invitent Zola, Flaubert et Edmond de Goncourt à un dîner chez Trapp, qui fera date dans l’histoire du naturalisme, avant la publication des Soirées de Médan trois ans plus tard.
– en juillet 1881, il fait un séjour de repos à Fontenay-aux-Roses, dans une maison située 3 rue des Ecoles, maintenant disparue, alors une partie des communs du château du médecin de Louis XIV.
– comme aboutissement à de nombreux passages effectués dès 1891 dans des monastères (La Salette, la Grande Chartreuse, Igny -détruit en 1918-, Ligugé, Saint-Wandrille, Fiancey, Solesmes,…), sa retraite venue après trente et un an de service au ministère de l’Intérieur, il fait construire en 1898 une maison près du monastère de Ligugé, avec le rêve d’y créer un petit phalanstère. Mais il doit quitter l’endroit en 1901, après le départ des moines.
– Il vit ensuite à nouveau à Paris, 20 rue Monsieur, puis 60 rue de Babylone et enfin 31 rue Saint-Placide, où il décède d’un cancer en 1907.
Autres demeures de l’auteur
Huysmans a également séjourné au château de Lourps, à 6 km de Provins, en 1881 et pendant les étés 1884 et 1885 (il y reçoit alors Léon Bloy).
Ce château a fourni le décor de l’ouverture de À Rebours et de En Rade.
Quelqu’un à contacter ?
La société J.-K. Huysmans : Société J.-K. Huysmans,
Université Paris-Sorbonne,
Centre de recherche sur la littérature française du XIXe siècle,
1, rue Victor Cousin,
75230 Paris cedex 05. Son secrétaire général est Philippe Barascud (philippe.barascud@noos.fr, 06 08 72 34 71) et son site Internet se trouve à www.societe-huysmans.paris-sorbonne.fr.
À voir aux alentours
Dans le voisinage proche des adresses parisiennes de Huysmans :
– Barbey d’Aurevilly et Léon Bloy rue Rousselet,
– André Gide 1 bis rue Vaneau,
– Francis Scott Fitzgerald, rue de Vaugirard,
– Hemingway et Renan, rue Férou,
– Aragon, rue de Varenne.
Petite bibliographie
Itinéraire de J.-K. Huysmans. Article de Raymond Lécuyer dans Demeures inspirées et sites romanesques, tome I, Editions de l’Illustration. Raymond Lécuyer et Paul-Emile Cadilhac.
Le Bulletin de la Société J.-K. Huysmans peut être demandé auprès de la société J.-K. Huysmans.