« Ce n’est pas tellement de liberté qu’on a besoin, mais de n’être enchaîné que par ce qu’on aime. »
Le livre de mon bord.
Pierre Reverdy appartient à la seconde vague du Montmartre d’avant-guerre, celle qui voit, après les années de vache maigre, la renommée commencer à frapper à la porte de Picasso, d’Apollinaire et de quelques autres.
Il naît à Narbonne en 1889. Ses études le mènent à Toulouse. Il se passionne pour Balzac et Rimbaud.
Il débarque à Paris en 1910 avec le désir de se faire un nom dans les Lettres. Direction Montmartre, chez son ami le peintre Malaterre. Ce dernier lui fait connaître Picasso, qui habite alors 11 boulevard de Clichy mais a repris un atelier au Bateau Lavoir, place Emile Goudeau. Reverdy rencontre aussi Apollinaire, qui vient sur la Butte en visiteur depuis Auteuil, où il a suivi Marie Laurencin.
Il se lie à Max Jacob et s’installe hôtel du Poirier, face au Bateau Lavoir, puis habite 7 rue Ravignan en 1911, dans le cagibi occupé auparavant par Max Jacob.
À partir de 1912, Reverdy est correcteur d’imprimerie aux Annales, rue Falguière, et en profite pour imprimer ses poèmes. Il vit au Bateau-Lavoir en 1912-1913, puis 12 rue Cortot en 1913. Juan Gris et Picasso illustrent bientôt ses poèmes.
Dans les années 1912-1914, il collabore à la revue d’Apollinaire, Les Soirées de Paris, qui siège 278 bd Raspail. Il veut s’engager dans l’armée en 1914 mais est réformé.
Son premier recueil paraît en 1915 : Poèmes en prose. Des critiques parlent de « poésie cubiste ».
En 1917, il crée la revue Nord-sud en s’inspirant du nom de la ligne de métro qui joint Montmartre à Montparnasse. La revue vit jusqu’en 1918 et publie ses propres textes, ainsi que d’autres d’Apollinaire, de Max Jacob et de futurs surréalistes : Breton, Tzara, Soupault, Aragon. Dans son n°13, elle présente la théorie de « l’Image », que les poètes ultérieurs et en particulier les surréalistes feront leur, selon laquelle la poésie n’est plus figurative, mais créatrice : l’émotion poétique ne naît pas du rapprochement de deux réalités similaires, mais de deux réalités plus ou moins éloignées.
Dans sa chambre du 12 rue Cortot, Reverdy convie le dimanche Breton, Soupault et Aragon. Ce sont les premiers temps du surréalisme, et il est leur « poète exemplaire ». Ensemble, ils créent en 1919 la revue Littérature.
Reverdy quitte Montmartre en 1922 pour la rue Fontaine. Il habitera également 9 rue Vignon, dans un appartement que Cocteau occupera plus tard.
En 1926, Reverdy se convertit au catholicisme et s’installe avec sa femme à Solesmes, rue du Rôle près de l’abbaye. Cet isolement favorise sa recherche poétique, qui continue à produire une uvre abondante.
Petite bibliographie
Les écrivains de Montmartre, Le Promeneur des lettres, 6 rue Raffet, 75016 Paris (tél. 01 40 50 30 95).