Françoise Sagan dans l’émission Un siècle d’écrivains, 1996.
Ce n’est ni grâce aux droits d’auteurs d’un livre ni grâce aux droits d’adaptation de l’une de ses oeuvres au cinéma que Françoise Sagan achète le manoir du Breuil, mais grâce à la roulette du casino de Deauville.
En juillet 1958, lassée de Saint-Tropez, elle loue la propriété où ont séjourné jadis Alphonse Allais (le voisin de Honfleur), Jules Renard, Sacha Guitry et d’autres.
Comme le raconte Jérôme Garcin dans Littérature vagabonde, elle gagne à la roulette le 8 août, grâce au chiffre 8, quatre vingt mille francs qu’elle apporte immédiatement, à huit heures du matin, au propriétaire du manoir… avant d’aller se coucher afin d’être en forme pour la nuit prochaine.
Ainsi, elle devient propriétaire pour la première fois de sa vie, comme Marguerite Duras cinq ans plus tard, tout près de là.
Bonjour tristesse a rendu célèbre, quatre ans auparavant[[Ce premier roman paraît l’année-même où Colette disparaît.]], cette jeune femme de dix-neuf ans qui dépeint la vie de ses contemporains avec cynisme. Son éditeur, René Juillard, a misé sur la comparaison avec Raymond Radiguet en lançant le livre avec le slogan « le diable au coeur ».
Les personnages qu’elle décrit sont ceux qui l’entourent et parfois elle-même : riches, libres, tentant de plaire pour échapper à la tristesse.
Pourquoi écrit-elle ? Parce qu’elle adore écrire (de préférence assise dans son lit ou allongée sur un tapis) ! Son inspiration ainsi que son style classique et – elle le reconnaît elle-même – court et facile (mais apprécié par François Mauriac – ouf !) rompent avec le réalisme socialiste de la génération précédente, et en particulier Vailland.
Françoise Quoirez, qui a volé son nom à une princesse de Sagan héroïne de Proust (qu’elle admire et qui est son voisin) est au début d’une production qui donnera plus de quarante pièces de théâtre et romans, dont la plupart se lisent en trois heures.
Autres demeures de l’auteur
Si le manoir du Breuil, séparé de Honfleur par une « Côte de Grâce » aux demeures magnifiques, accueille l’écrivain pour des séjours réguliers, Paris est son lieu de résidence principale. Ses différentes adresses sont : avant-guerre, au 4e étage du 167 bd Malesherbes (à l’automne 1944, elle rentre au cours privée Louise de Bettignies, qui existe toujours rue Daubigny) ; rue La Boétie ; un rez-de-chaussée de la rue du Cherche-Midi ; un sixième étage de la rue de l’Université.
Pour visiter le lieu
Le Manoir du Breuil n’est pas ouvert à la visite.
À voir aux alentours
– Gustave Flaubert à Trouville.
– Marcel Proust à Cabourg et à Trouville.
– Charles Baudelaire à Honfleur.
– Alphonse Allais à Honfleur.
– Henri de Régnier à Honfleur.
– Marguerite Duras à Trouville.
Petite bibliographie
Littérature vagabonde. Jérôme Garcin. Editions Presse Pocket, n°10533, 1998.