Lorsqu’il revient d’Angleterre en mai 1767 -il avait séjourné depuis mai 1766 à Chiswick chez le philosophe Hume, puis chez M. Townsen, un riche propriétaire, puis dans le château de Wooton, chez M. Davenport-, Jean-Jacques Rousseau est méfiant et angoissé. Il se sent l’objet de multiples complots, motivés en partie par ses prises de position religieuses et les publications du Contrat Social et de l’Émile, publications qui l’avaient déjà contraint à fuir Montmorency puis la Suisse en 1762.
Voltaire vient de réclamer contre lui la peine capitale (après avoir anonymement publié un pamphlet dénonçant l’abandon par Rousseau de ses enfants…).
David Hume, qui l’avait accueilli avec plaisir, n’a pas résisté à la manie de la persécution de Jean-Jacques et ils se sont quittés en très mauvais termes. Sur le conseil du prince de Conti, il s’installe le 22 juin avec sa compagne Thérèse Levasseur dans le château de Trie-Château, mis à leur disposition par le prince. Toujours recherchés par le Parlement de Paris suite à la publication de l’Émile, ils se font passer pour frère et soeur, du nom de Renou (le nom de jeune fille de la mère de Thérèse).
Le château est une ancienne forteresse construite pour contrôler l’ancienne voie romaine qui allait de Beauvais à Rouen, et reconstruite au XVe siècle (en 1857, il deviendra propriété de Joseph-Arthur de Gobineau, dont l’Essai sur l’inégalité des races humaines développera des thèses bien éloignées du Discours sur l’origine de l’inégalité de Jean-Jacques et sera pain béni pour les nationalistes de tous poils).
Rousseau conçoit ici les premiers livres des Confessions, commencés à Wooton, ainsi que le Dictionnaire de musique. Il herborise et profite des bords de la Troësne. Mais en juillet 1768, certain d’un complot des habitants de Trie contre lui, il quitte la ville. Sa vie errante se poursuivra, après Trie-Château, dans une ferme isolée de Monquin, dans le Dauphiné (près de laquelle il épouse le 30 août 1768 Thérèse Levasseur), avant Paris (entre 1770 et 1778, il habite rue Plâtrière -maintenant rue Jean-Jacques Rousseau-, là-même où il connut Thérèse en 1745 et où l’un de ses rares amis sera Bernardin de Saint-Pierre) et enfin, quelques semaines avant sa mort, Ermenonville.
Autres demeures de l’auteur
Rousseau a séjourné dans de nombreux autres lieux, en particulier aux Charmettes et à Chambéry, à Montmorency et Ermenonville.
Pour visiter le lieu
Le château n’est pas restauré. Il abrite aujourd’hui des services municipaux et peut se visiter sur demande à la mairie (5, place de l’Eglise 60590 Trie-Château. Tel. : 03 44 49 43 43). Une inscription signale, dans la chambre de la grosse tour du château : « J.-J. Rousseau, 22 juin 1767-5 juillet 1768 ».
Quelqu’un à contacter ?
La Maison des Commères, qui jouxte le Mont-Louis à Montmorency, est le siège du Groupe d’études Jean-Jacques Rousseau du CNRS et d’un organisme de liaison de la recherche rousseauiste internationale. Tel. : 01 39 64 80 13. Fax : 01 39 89 91 23.
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Petite bibliographie
Balade en Oise sur les pas des écrivains. Marie-Noëlle Craissati. Éditions Alexandrines.