« Ma méthode de travail consiste à faire de chaque chapitre une scène, […] Je ne commence à écrire ma scène que quand j’ai parfaitement imaginé tous les détails […] je ne suis content que si le décor imaginaire de la scène est devenu tellement précis que je ne peux pas changer par l’imagination un meuble de place sans que toute la scène, y compris le comportement des personnages, en soit modifiée… »
Roger Vailland, archives personnelles. cité dans la biographie d’Yves Courrière, p. 604-605.
Encore un que l’écriture a sauvé (et dont les écrits sauveront d’autres) ! Grand reporter, romancier communiste qui roulera en Jaguar à la fin de sa vie, drogué, presque collaborateur mais grand résistant, alcoolique, amateur de cyclisme et de montagne, ascète lorsqu’il écrit, romancier historique, scénariste de films, ex-surréaliste, obsédé sexuel, ennemi juré d’Aragon, prix Goncourt 1959 avec La Loi, Roger Vailland a commencé tôt à opérer le « dérèglement de tous les sens » cher à son maître Arthur Rimbaud. Suivons, à travers ses pérégrinations géographiques, différents moments de sa vie :
– Il naît le 16 octobre 1907 dans une maison d’Acy-en-Multien (dans l’Oise, à 18 kilomètres de Meaux), où son père a acheté en 1906 un cabinet de géomètre.
– La famille emménage en 1910 18 rue Flatters à Paris.
– Après le retour de guerre de Monsieur Vailland, toujours pour raisons professionnelles, ils deviennent remois en 1919. Reims est en pleine reconstruction. Ils habitent 283 avenue de Laon. Le père de Roger lui transmet l’amour de la campagne et de Plutarque, Shakespeare et des Mille et Une Nuits. Ses camarades écoliers et poètes, rassemblés dans le club des « phrères simplistes » lui inculquent le goût du dérèglement des sens, des drogues et des amours féminines et masculines.
– En 1925, la famille emménage 13 bis rue de Joigny à Montmorency. Roger entre à Louis-le-Grand en classe d’hypokhâgne.
– Deux ans plus tard, sa grand-mère le loge dans son appartement 7 rue Pétrarque (dans un immeuble disparu avec le percement de l’avenue Paul Doumer), pour lui permettre de préparer une licence de Lettres à la Sorbonne.
– Grâce aux conseils et à l’appui technique de Robert Desnos, il est embauché en 1928 par Pierre Lazareff comme journaliste à Paris-Midi et emménage dans un hôtel de la rue Bréa, où il peut en toute tranquillité consommer ses drogues. Le métier de journaliste lui est un bon prétexte pour côtoyer le Paris culturel de l’époque : Desnos, Joyce, Cocteau, Gide,…
– Son teint surréaliste le fait fréquenter le club du Bar du Château, 54 rue du Château, où vivent Prévert, Marcel Duhamel, Benjamin Péret, etc. et qui accueille en hôtes de passage Aragon, Queneau, Robert Desnos, Michel Leiris. En mars 1929, il est exclu de ce club très fermé par l’intransigeance politique d’Aragon et de Breton.
– En 1931, son premier vrai « chez lui » est le quatrième étage du 1 rue Hautefeuille, face à la place Saint-Michel.
– Noël 1933 le trouve dans la chambre d’un hôtel meublé, 22 quai de Passy.
– Il emménage en décembre 1934 38 rue de l’Université, qu’il occupe avec Andrée Blavette, sa future femme, en alternance avec l’hôtel particulier des Blavette, 8 bis villa Léandre à Montmartre, villa qui sera un de ses ports d’attache jusque pendant la guerre.
– A partir de 1936, la maison de la soeur d’Andrée, 2 allée Kléber au Vésinet, devient leur résidence secondaire, la principale devenant, à partir d’octobre 1936, un huitième étage rue Manin, dans le 19ème.
– Fin 1940, la guerre et son métier de journaliste le mènent 67 cours Gambetta à Lyon. Il glisse rapidement d’idées collaborationnistes à un engagement dans la Résistance aux côtés des communistes. Aragon, son ennemi d’hier et d’aujourd’hui, se réfugie aussi à Lyon dans la villa de René Tavernier, rue Chambovet à Montchat (villa aujourd’hui disparue). La guerre est le catalyseur qui va libérer Vailland de l’angoisse de l’écriture.
Autres demeures de l’auteur
Vailland a également vécu dans la région de Lyon.
Quelqu’un à contacter ?
Médiathèque Élizabeth et Roger Vailland, 1 rue du Moulin de Brou, 01000 Bourg-en-Bresse (tél. : 04 74 45 06 07).
Petite bibliographie
Roger Vailland, ou un libertin au regard froid. L’énorme et passionnante biographie d’Yves Courrière. Plon, 1991, 976 pages, 180 F.
Les Cahiers Roger Vailland, publiés depuis 1994 par Le Temps des Cerises, 6 avenue E. Vaillant, 93500 Pantin (tél. : 01 49 42 99 11).