Lors que le roy me delivra
De la dure prison de Mehun
Et que vie me recouvra,
Dont suis, tant que mon cueur vivra,
Tenu vers luy m’usmilier,
Ce que feray jusques il mourra :
Bienfait ne se doit oublier. »
Le Testament.
Toutes les demeures du poète ont disparu dans les méandres de l’histoire ou les réaménagements successifs de la capitale, sauf les plus terrifiantes : les oubliettes de Meung (qui existent encore) et la prison du Châtelet à Paris (qui n’existe plus).
… François de Montcorbier naît en 1431 – l’année de l’exécution de Jeanne d’Arc. Sa mère est d’origine très humble. Son père est inconnu. Il est adopté par Guillaume de Villon, chapelain de l’église Saint-Benoit-le-Bétourné (qui serait aujourd’hui située vers le 46 rue Saint-Jacques), qui lui fait suivre des études destinées à en faire un membre du clergé, et lui lègue son nom.
Mais, à cette époque déjà, le diplôme ne garantit pas le débouché professionnel, et François, éprouvant certaines difficultés à « faire son trou » dans les rangs du clergé, s’oriente doucement vers la poésie et le spectacle, tout en fréquentant diverses auberges, dont une qui existe toujours 163 bis rue Saint-Jacques.
L’été 1461, il a à souffrir de l’autorité de Thibaud d’Aussigny, évêque d’Orléans et résidant du château de Meung-sur-Loire.
Parce qu’il a volé un calice en or – ou parce qu’il s’est mêlé à une troupe de saltimbanques alors que cela est interdit aux clercs -, il est arrêté par l’évêque.
Son passé ne joue pas en sa faveur : en 1455, il s’est battu à Paris avec un prêtre, qu’il a tué. Fin 1456, il a volé les coffres du Collège de Navarre. Il a ensuite erré loin de Paris… jusqu’à l’été 1461.
Très certainement interrogé par la « question par l’eau » (on peut encore aujourd’hui voir dans les souterrains du château ce charmant instrument de torture), il est alors condamné aux oubliettes, c’est-à-dire à attendre la mort, nourri de pain et d’eau, en tournant en rond dans l’obscurité, quelques mètres au-dessus des cadavres des morts et des excréments des (encore) vivants.
Il écrit là l’Epître à ses amis.
Cette condamnation – sans doute illégale car Thibaud d’Aussigny est évêque d’Orléans alors que Villon dépend de l’évêché de Paris – prive le poète de son statut de clerc et le détruit à vie, physiquement et moralement, même s’il est libéré lors du passage de Louis XI dans la ville, le 2 octobre 1461.
Avant que l’Histoire ne perde sa trace, il reste une bonne année durant laquelle, de retour à Paris, il rédige le Testament, participe à un vol qui le mêne fin 62 aux cellules du Châtelet, et à une rixe qui le mène à être banni de Paris pour dix ans.
Le 8 janvier 1463, après avoir laissé quelques derniers poèmes, il disparaît dans la nature.
Autres demeures de l’auteur
Les demeures du poète, comme sa vie, ont largement disparu dans les méandres de l’Histoire. On ne sait pas où il a été enterré.
Reste ce 163 bis rue Saint-Jacques, une maison qui existe encore. Villon en a fait un temps son port d’attache parisien.
Autre chose presque certaine : en 1458, il fréquente la cour de Charles d’Orléans à Blois.
Pour visiter le lieu
Le château de Meung : www.chateau-de-meung.com, info@chateau-de-meung.com. Horaires d’ouvertures :
– En avril et mai : ouvert tous les après midi sauf le lundi de 14h à 18h
– En juin, juillet et août : ouvert tous les jours sauf le lundi de 10h à 18h
– En septembre et octobre : ouvert tous les après midi sauf le lundi de 14h à 18h
– En novembre : ouvert uniquement le 1er nov de 14h à 18h et le 11 novembre avec visites guidées à 11h, 14h et 16h
– En décembre : SPECIAL NOEL : ouvert les week-ends de 14h à 18h
– Fermeture de janvier au 6 avril 2012
– Tel : 02 38 44 36 47, fax : 02 38 44 29 37.
Quelqu’un à contacter ?
LE site de la société François Villon.
À voir aux alentours
Non loin de Meung-sur-Loire a vécu un autre défenseur des gueux : Eugène Sue.
D’autres écrivains qui ont marqué la région :
– Charles Péguy à Orléans,
– Maurice Genevoix à Saint-Denis-de-l’Hôtel,
– Max Jacob à Saint-Benoît-sur-Loire,
– Eugène Labiche à Souvigny-en-Sologne,
– Patrice de La Tour du Pin au Bignon-Mirabeau,
– Marcel Proust à Illiers-Combray,
– Saint-Simon à La Ferté-Vidame,
– Balzac à Vendôme et en Touraine.
Petite bibliographie
François Villon. Sa vie et son temps. P. Champion, Editions Champion, Paris, 1913 et 1984.
François Villon. Jean Favier, Editions Marabout Université, 1983.
La dure prison de Meung. Article de A. Burger dans Studi in onore di Italo Siciliano, Editions Olschki, Florence, 1966.
Notes sur Villon III. Les deux séjours à Blois. Article de G. Charlier dans Archivum romanicum, 4, 1920.
Base de données du Paris révolutionnaire de Philippe Boisseau.