Le Café Guerbois

Par Bernard Vassor

C’était à l’emplacement actuel du 9 avenue de Clichy (aujourd’hui magasin de chaussures), entre le célèbre cabaret du « Père Lathuile » (qui devrait être l’objet d’un très long article) et un marchand de couleurs nommé Hennequin qui profita de cet endroit privilégié pour vendre à Manet et à ses amis des fournitures pour artiste.

Le père Tanguy, quant à lui, était à l’époque ouvrier broyeur chez « Edouard Gautier, fabricant d’aquarelles ».
Après le départ « d’Edouard » qui avait cédé son fond à « Mullard » (celui-ci deviendra, quand il ira s’établir rue Pigalle, le fournisseur attitré de Renoir), Tanguy se retrouve sans travail. Il se fait concierge à l’hôtel Demarne, 10 rue Cortot. Il fabrique et met en tube ses couleurs qu’il va vendre sur les lieux des artistes qui « peignent sur le vif« , se faisant ainsi une clientèle qui lui sera fidèle jusqu’à la fin de sa vie.

L'avenue de Clichy à cinq heures de l'après-midi, par Louis Anquetin.
L’avenue de Clichy à cinq heures de l’après-midi, par Louis Anquetin.

La boutique de couleurs de l’avenue de Clichy existe encore… plus pour très longtemps, la propriétaire actuelle très âgée veut vendre son fond de commerce. Des antiquaires ont déjà acheté du mobilier commercial d’époque.

Allez vite voir ce qui reste avant que les vandales ne fassent leur œuvre une fois de plus. Une superbe mosaïque au dessus de la boutique rappelle l’évènement.

La boutique de couleurs de l'avenue de Clichy.
La boutique de couleurs de l’avenue de Clichy.

Cet établissement était le lieu de réunion, à la fin de l’Empire, des trublions malmenés par le jury de peinture et de ceux qui voulaient s’émanciper de la tutelle académique. Un groupe avait été constitué avec des littérateurs, des critiques d’art favorables au mouvement du groupe « Réaliste » opposé aux « académiques » protégés par les gouvernements.

L'avenue de Clichy.
L’avenue de Clichy.

L’ami de Renoir, Georges Rivière, raconte qu’aux réunions du Guerbois, s’instituaient parfois de longues discutions sur l’art auxquelles Manet, Degas, Desboutin, Philippe Burty, Pissaro, Théodore Duret prenaient part.

Nous pouvons ajouter Guillemet de la rue Clauzel, Guillaumin et un certain docteur Gachet. Paul Cézanne qui venait parfois rejoindre Pissaro et Renoir, écoutait d’abord en silence les propos qu’on tenait autour de lui sans prendre part à la conversation, jusqu’au moment où une phrase provoquait sa colère. Alors son éloquence était déchaînée. Furieux, vociférant avec son terrible accent provençal, il disait crûment ce qu’il pensait, puis il quittait la pièce sans prendre congé. Ceux qui connaissaient la sensibilité de Cézanne, lui pardonnaient son irascibilité…

Il ne faut pas oublier dans cette brochette d’érudits, Edmond Duranty et bien sûr Emile Zola. Le Guerbois passa de mode après la guerre de 1870, c’est le « Café de la Nouvelle Athènes » qui prendra le relais.

La barrière de Clichy.
La barrière de Clichy.

Sources :

Georges Rivière,

Clotilde Roth-Meyer

Paul Cézanne (correspondance)

George Moore

Philippe Burty

Emile Bernard

Archives de Paris

Archives B.V.

6 Comments

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  1. 1
    PAPY

    Le Café Guerbois
    quel nom a t on donné aux peintres impréssionnistes entre 1869 et 1875 fréquentant le café Guerbois?

  2. 6
    Anonyme

    Le Café Guerbois
    Bonsoir quelqun pourrait me donner ou saurait ou pourraisje avoir l’estimation de ce tableau de louis anquetin?

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