Sujet « d’étude » des frères Goncourt pour La Fille Elisa.
Après la mort de son frère, Edmond va reprendre le sujet de la prostituée qui leur a été inspiré par leur maîtresse commune, Maria la sage femme.
C’est en 1874 que l’envie de reprendre le roman après quatre ans d’inertie se manifeste :
« j’ai la révélation nette et vigoureuse de la manière de construire et d’écrire mon roman » (Journal, 16 novembre 1874).
Après avoir écrit le premier chapitre, Edmond va se documenter sur le terrain et sans doute « payer de sa personne » en visitant les bordels du côté de l’École militaire. Il interroge sans succès un médecin de filles pour militaires (Journal, 7 novembre 1875), « inspecteur depuis des années de tous les culs affectés à M.M. les militaires » (Journal), 21 juillet 1876).
Voici la description de la « maison » dans le roman (page 108 dans l’édition Charpentier de 1877) :
Chapitre XXIII
Elisa entrait alors dans une maison de l’avenue de Suffren, vis-à-vis de la façade latérale de l’École militaire, en face de ce grand mur jaune, montrant, à toutes ses fenêtres des bustes de soldats en manches de chemises.
La maison faisait partie d’un pâté de constructions, logeant des industries misérables(…). C’était d’abord, à l’angle de l’avenue et du boulevard de Lowendal, la boutique loqueteuse d’un brocanteur d’effets militaires.
(…) La cinquième maison , où demeurait Elisa, était la plus belle de l’avenue. Elle avait deux étages. Sa porte d’entrée s’avançait sur la chaussée, décorée de ces verres de couleurs qui font l’ornement des kiosques. Les fenêtres du rez-de-chaussée étaient garnies de glaces dépolies à arabesques, les fenêtres de l’entresol étaient férmées par des persiennes vertes. (…) Sur le panneau central, se détachait le numéro figuré par deux énormes chiffres dorés. »
Les documents utilisés par Edmond lui ont sûrement été communiqués par le Préfet de police Boittelle, dont il fait un portrait peu flatteur dans le Journal.