Maxime GORKI en Allemagne 1922-1924

Maxime Gorki, miné par une tuberculose persistante, s’était décidé à gagner l’Italie. Mais le Duce et ses services se firent tirer l’oreille et les visas tardèrent à être délivrés. Avec sa maisonnée, il s’installa d’abord dans un village de la Forêt Noire, Sankt-Blasien.

Ensuite, ce fut Saarow dans un bel hôtel construit tout en bois de pin. A la Noël 1922, les amis affluèrent et il fallut louer tout l’hôtel Bahnhof. Ambiance bon enfant où Gorki prépare des raviolis russes dont tout le monde se régale, avec sa belle-fille Timocha. La santé de Gorki se dégradant davantage, après un détour par Berlin où ils s’installèrent quelques semaines à la pension Krempe de la Victoria-Louisen Platz, puis au printemps 1923, ils repartirent vers la Forêt Noire à Günterstal près de Fribourg-en- Brisgau.

La maison de Saarow
La maison de Saarow
La maison de Gunterstal
La maison de Gunterstal
Gorki à Gunterstal
Gorki à Gunterstal

En Allemagne, Alexandre Parvus[[Alexandre Parvus, né en septembre 1867 et mort à Berlin en décembre 1924, est un révolutionnaire et homme politique russe ainsi qu’un social-démocrate allemand]] conclut un accord avec Gorki pour monter sa pièce Les Bas-Fonds. Selon l’accord, la majorité des recettes de la pièce devaient aller au Parti social-démocrate russe (et environ 25% à Gorki lui-même). Le manquement par Parvus à payer[[En dépit du fait que la pièce avait réussi à être jouée pendant plus de 500 séances]] lui a valu d’être accusé d’avoir volé 130 000 marks-or allemand. Gorki a menacé de poursuivre, mais Rosa Luxembourg a convaincu Gorki de garder la querelle à l’intérieur du parti. Finalement, Parvus a remboursé Gorki, mais sa réputation dans les cercles du parti a été endommagée.

Cependant à l’automne 1923, la situation socio-économique de l’Allemagne est si désastreuse que Gorki décide d’aller attendre ses visas italiens en Tchécoslovaquie. Le 26 novembre, ils sont à Prague et le 6 décembre partent s’installer dans la station thermale de Marienbad à l’hôtel Maxhof.

A la mort de Lénine le 21 janvier 1924, il est immédiatement sollicité pour écrire ses souvenirs. Cette mort supprima tous les ressentiments qu’il nourrissait envers le leader russe quant à son mol soutien de ses travaux d’édition et contre la hargne de Zinoviev.

Il avait des relations ambiguës avec sa chère patrie, berceau du communisme, mais ne supportait plus les méthodes expéditives de son ennemi Zinoviev et l’intransigeance dogmatique de Kroupskaïa, la veuve de Lénine, qui préconisait la mise à l’index de tout un pan de la littérature.

Les visas tant attendus pour l’Italie arrivèrent enfin en mars 1924 et tout ce petit monde put dès lors rejoindre l’Italie pour s’installer dans la ville de Sorrente.

Christian Broussas – octobre 2012 – Feyzin (christian.broussas at orange.fr)

Bibliographie

– Jean Pérus, Œuvres de Maxime Gorki, préface de Guy Verret, éditions Gallimard, novembre 2005