Charlotte BRONTË à Bruxelles

Comme Jane Austen, les sœurs Brontë sont filles d’un pasteur. Comme elle, elles vivent leurs premières années dans un presbytère (celui des Brontë existe encore à Haworth, mais celui des Austen a disparu). Comme Jane, Charlotte, Anne et Emily trouveront dans la complicité entre soeurs, la lecture et l’écriture ce que la solitude et l’amour d’un homme n’ont pu leur apporter (sauf pour Charlotte à la toute fin de sa vie).

Madame Brontë est malade et voit très peu ses six enfants qui sont surtout élevés par son mari et une sœur de celui-ci, Miss Branwell (c’est aussi le prénom du frère de Charlotte et de ses soeurs). Comme les enfants Austen, les enfants Brontë dévorent les livres, auxquels leur père leur laisse un libre accès. Ils vont au pensionnat à Cowan Bridge. Les deux sœurs aînées, Maria et Elizabeth, y décèdent de tuberculose. En 1831, Charlotte rentre à quinze ans dans une école à Roe Head School. Brune, pas très grande, la vue basse, elle est toujours plongée dans un livre, quand elle n’écrit pas des poèmes ou des histoires.

Elle devient ensuite gouvernante dans l’institution de Roe Head School. Les ressources financières de la famille sont maigres et la santé d’Emily, d’Anne et de Charlotte est plus que fragile. Anne et Charlotte s’essaient sans grand succès à être gouvernantes d’enfant chez des familles bourgeoises, mais leur santé n’y suffit pas. Emily reste à Haworth pour aider à tenir la maison.

Voulant travailler ensemble, elles décident d’ouvrir toutes trois une école à Haworth. Dans cette perspective, Charlotte estime qu’elles doivent perfectionner leur français et leur art d’enseigner.

C’est cela qui l’amène à Bruxelles avec Emily, en février 1842, dans le pensionnat de M. et Mme Héger (ni l’une ni l’autre ne sont donc encore l’auteur de Jane Eyre et celui des Hauts de Hurlevent).

Ces filles de la campagne sont très dépaysées dans la grande ville. En octobre, elles retournent à Haworth pour enterrer Miss Branwell.

Noël passé, seule Charlotte revient à Bruxelles chez M. et Mme Héger, pour diriger une classe. Mais elle se sent encore comme une étrangère et est malheureuse. M. Héger encourage Charlotte à écrire. Elle est amoureuse de lui en secret. Elle revient à Haworth en janvier 1844.

Le projet des soeurs de créer une école à Haworth ne verra pas le jour car elles ne trouveront pas assez d’enfants pour envisager de l’ouvrir.

Le pensionnat Héger était situé rue d’Isabelle, près de la rue Royale, sur un emplacement correspondant à peu près aujourd’hui au Palais des Beaux Arts et à la rue Baron Horta. Un grand et beau jardin était enserré dans ses murs, dont Charlotte décrit les détails dans sa nouvelle Villette. Le quartier a été bien transformé depuis.

Le quartier Isabelle à l’époque et aujourd’hui (source www.thebrusselsbrontegroup.org/quartier%20isabelle+transparant.html ; affichez l’image pour l’agrandir)

La plaque apposée au bout de la rue Terarken
La plaque apposée au bout de la rue Terarken
La rue Terarken
La rue Terarken

En 2004, une plaque souvenir a été accrochée rue Terarken (dans le tronçon qui a survécu jusqu’à aujourd’hui) par deux passionnées (leur odyssée est présentée ici : www.thebrusselsbrontegroup.org/secret%20mission.html).

Une autre plaque, sur un côté du Palais des Beaux Arts, fait mémoire de la pension Héger.

PS : les bâtiments de l’école de Roe Head existent encore. Quelques liens sur le sujet : http://kleurrijkbrontesisters.blogspot.fr/2011/10/diary-of-charlotte-bronte-teacher-in_355.html, www.mick-armitage.staff.shef.ac.uk/anne/cast-2.html.