Plus que l’écriture automatique, ce que les surréalistes ont peut-être à nous apprendre, c’est le bonheur du hasard de la déambulation et de la rencontre, le bonheur de voir les êtres et les lieux ordinaires autres que ce qu’ils paraissent, bref, un apprentissage du regard.
André Breton est, comme les autres surréalistes, un créateur de lieux. À Paris comme ailleurs, ils déambulent en s’éloignant des lieux littéraires bien connus (Montmartre, Saint-Germain-des-Prés, Montparnasse, etc.). D’endroits de peu d’importance, ils font des lieux qu’on ne verra plus comme avant eux.
Le « pape » du surréalisme a t-il eu une enfance ? Comme plusieurs de ses collègues, il n’est pas de ceux qui, à l’instar de Bernanos ou Saint-Exupéry, s’y réfèrent souvent.
Né en 1896, il habite Pantin de 1900 à 1910.
Et on le retrouve en 1919 devant le Panthéon, au 3ème étage de l’hôtel des Grands hommes, où il écrit avec Philippe Soupault Les Champs magnétiques, inventant dans la foulée l’écriture automatique et le surréalisme.
Là, ils travaillent aussi, avec Aragon et d’autres, à la revue Littérature.
Breton occupe une chambre à l’hôtel Delambre, qui existe toujours 35 rue Delambre, en 1921.
De 1922 à sa mort en 1966 (avec une interruption américaine entre 1941 et 1946), son quartier général parisien est le 42 rue Fontaine (9ème arrondissement), à quelques pas de la place Blanche où se tient le café Cyrano, lieu de ralliement des surréalistes. Il passe son temps dans les cafés, menant ses troupes d’une main de fer, ou à marcher rue La Fayette, boulevard Bonne-Nouvelle, place Dauphine, autour de la tour Saint-Jacques, dans le jardin des Buttes-Chaumont et à travers les passages Jouffroy, Verdeau, de l’Opéra, des panoramas, et la galerie Vivienne.
C’est en juin 1950 qu’il participe à Cahors à l’inauguration de la « route sans frontière n°1 » qui, jusqu’à Saint-Cirq-Lapopie, doit donner l’exemple d’un mouvement des communes pour mobiliser leurs citoyens contre la guerre froide et le pouvoir des Etats (mais l’exemple ne sera pas vraiment suivi…).
Lorsque, environ 33 kilomètres plus loin, il arrive ce soir de fête dans Saint-Cirq, c’est le coup de foudre. Il « cesse de se désirer ailleurs » et achète rapidement la belle maison à la tour carrée qui dépasse du toit.
Il y revient chaque été jusqu’à 1966 chercher les papillons et les agates.
Autres demeures de l’auteur
Breton est aussi un homme des côtes (d’Azur et normande).
En août et septembre 1925, il réside au Grand Hôtel du Château à Thorenc, finançant son séjour par la vente d’un Chirico et d’un Braque et y composant La lettre aux voyantes.
En novembre 1925, c’est l’hôtel des Négociants et du Port, à Toulon, qui l’accueille.
Août 1927 le trouve au manoir d’Ango (à Varengeville-sur-mer, près de Dieppe) avec Aragon (Prévert, Desnos, Tanguy, Péret et Duhamel les y retrouvent). Breton est plongé dans l’écriture de Nadja.
En août 1931 (et à nouveau août 1932), il commence les Vases communicants à l’hôtel du Levant à Castellane.
Pour visiter le lieu
Sauf, bien sûr, l’hôtel des Grands hommes (17 place du Panthéon, 75005 Paris, tél. 01 46 34 19 60), les domiciles d’André Breton ne sont pas ouverts au public.
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À voir aux alentours
Quelques écrivains des alentours de Saint-Cirq :
– Vailland (compagnon de route du surréalisme dans ses jeunes années) près de Mende,
– Giraudoux à Bellac,
– Pourrat et Vialatte à Ambert,
– Romains à Saint-Julien-Chapteuil.
Petite bibliographie
L’amour fou et Nadja. André Breton. Folio n°273 et 73.
Paris des surréalistes. Marie-Claire Bancquart. Editions Seghers, 1972.
Écrivains et artistes en Quercy. Patrice Béghain. Editions du Rouergue, 1999.
La Côte d’Azur des écrivains. Christian Arthaud et Eric L. Paul, Edisud 1999.