Kipling vient s’établir en 1902 à Bateman’s, près de Hastings dans l’East Sussex. Il y demeure jusqu’à sa mort en 1936.
Les Kipling (Rudyard, sa femme Carrie – le mariage a eu lieu en 1892, Henry James étant témoin de Carrie (Caroline) -, leur fils John et leur fille Elsie) arrivent de Rottingdean.
Ils ont vécu aux Etats-Unis de 1892 à 1896, dans l’Etat du Vermont – où vit la famille de Carrie. L’agressivité du frère de Carrie les a incités à quitter le nouveau continent pour s’établir à Torquay en 1896, dans une maison qui surplombe la mer, puis à Rottingdean en 1897, près de Brighton (où « Tante Georgie » et son mari le peintre pré-raphaëlite Edward Burne-Jones ont une maison de vacances, North End House ; c’est là que naît John Kipling en 1897 ; les Kipling louent ensuite la maison The Elms, toute proche). La maison des Kipling est toujours debout, près des Kipling gardens. C’est une période très prolifique pour lui. Bien que certains décèlent de l’ironie dans ses textes, il est reconnu comme le poète de l’Empire, au moment où des événements graves se produisent (la seconde guerre des Boers a lieu entre 1899 et 1902 en Afrique du Sud).
Josephine, la fille de Carrie et de Rudyard décède d’une pneumonie lors d’un voyage en Amérique en 1899.
Pour s’éloigner des curieux et des visiteurs indésirables (les touristes affluant de Brighton par bus !), et aussi pour ne plus voir dans tous les recoins des Elms la présence de Josephine, les Kipling s’installent à Bateman’s en 1902. L’écrivain est riche et célèbre (il reçoit le Prix Nobel de littérature en 1907).
Pour préserver ce calme et parce qu’il n’apprécie pas de parler à des gens qu’il ne voit pas, Kipling ne fait pas installer le téléphone. Les messages urgents arrivent par télégramme ou par le téléphone du village voisin de Burwash.
Dans la maison sont exposées des scènes du Livre de la jungle gravées par John Lockwood Kipling, le père de Rudyard. Si l’écrivain est né à Bombay en 1865, c’est parce que son père y enseignait alors dans une école d’arts.
Au grand désagrément de leurs enfants et de leurs invités, les Kipling équipent la maison de mobilier du XVIIe siècle, époque de la construction des bâtiments. Kipling aménage cependant dans le moulin un groupe électrogène capable de fournir chaque soir quatre heures d’électricité.
On peut voir dans le « parloir » une collection de « dieux domestiques », petite série d’objets d’Extrême-Orient, de Grèce et de la Rome antique, qui possédent aux yeux de l’écrivain quelques pouvoirs magiques.
Son bureau est tel qu’il le laisse à sa mort en 1936. Il autorise exceptionnellement quelques amis – dont Rider Haggard – à y rester pendant qu’il écrit. Le large panier à papiers algériens lui sert souvent. Il écrit avec humour : « le fait même d’écrire était et a toujours été pour moi un plaisir physique ».
La cuisine n’est pas plus que le confort un des principaux attraits de Bateman’s. Kipling adore les plats épicés, mais des ulcères duodénaux l’obligent dans les dernières années de sa vie à recourir à un régime dont profite toute la tablée, famille et invités éventuels (qui apprécient toutefois la qualité du vin).
Ici vivent bon an mal an une quinzaine ou une vingtaine de personnes, y compris cinq femmes de service, une gouvernante, un chauffeur pour la superbe Rolls Royce, un secrétaire. Les Kipling sont venus chercher ici l’isolement, mais ils reçoivent souvent : la famille, des amis dont Henry James qui vient à Bateman’s une ou deux fois ; 140 invités le 14 juillet – dont T. E. Lawrence que Kipling commença par estimer avant de s’en méfier, le considérant comme un charlatan.
Après la mort de John lors de la bataille de Loos en 1915, l’atmosphère des lieux s’assombrit. Carrie fait peser de plus en plus lourdement sur tous un caractère excessivement protecteur.
NB : Kipling a également séjourné au Brown’s Hotel, Albemarle Street à Londres.
Sources :
– http://fr.wikipedia.org/wiki/Rudyard_Kipling,
– Bateman’s, livret édité par The National Trust, 1996, 50 pages.
Présences littéraires dans les alentours :
– Kipling dans la maison The Elms à Rottingdean, près de Brighton,
– Virginia Woolf à Monk’s House à Rodmel, près de Lewes,
– Conan Doyle habite une vingtaine d’années Crowborough, dans le manoir de Windlesham Manor, près du golf,
– Ford Madox Ford dans la maison Little House à Winchelsea,
– Henry James à Lamb House à Rye,
– Joseph Conrad à Pent Farm, près de Hythe,
– Edward Austen Knight, le frère de Jane Austen, avait une propriété à Godmersham Park, près de Canterbury,
– Simone Weil décède en 1943 dans un sanatorium à Ashford, dans le Kent.
Voir aussi :
– 102.