Roland Dorgelès sur Francis Carco.
Chez Carco, auteur méconnu d’une centaine de livres, les mauvais garçons et les filles de mauvaise vie ont un coeur qui les porte toujours vers le malheur. Souvent, devinant comment le vent va tourner, on aimerait bien « rentrer » dans l’histoire et sauver quelques âmes… Mais on ne peut qu’assister, malgré soi, à leur propre destruction.
– Carco naît en 1886 à Nouméa, en Nouvelle Calédonie, où il vit ses dix premières années avant d’atterrir à Châtillon-sur-Seine. Son père est fonctionnaire. Les exécutions capitales auxquelles il assiste l’inspirent peut-être dans les raclées régulièrement délivrées à Francis, raclées qui font naître chez ce dernier poèmes et révolte intérieure.
– En 1902, la famille s’installe à Villefranche de Rouergue.
– Francis effectue des séjours réguliers chez sa grand mère, 4 rue du Lycée à Nice. C’est là qu’il écrira son best-seller : Jésus la Caille, histoire d’un proxénète homosexuel qui paraît en 1914.
C’est aussi à Nice qu’il rencontrera souvent Matisse, qui y a établi ses quartiers d’hiver puis de vie (Carco est grand amateur d’art et bon dessinateur).
Non loin, il visitera également Colette, dans sa Treille muscate (qu’il va cotoyer par ailleurs à l’Académie Goncourt).
– Les années suivantes le trouvent à Rodez et, pour son service militaire, à Lyon et Grenoble, villes dont il explore consciencieusement les bas-fonds.
– À 24 ans, c’est la « montée » à Paris. Pour retrouver ses racines, il s’installe dans la province de la capitale : Montmartre. Son port d’attache est Le Lapin agile, cabaret-café à l’enseigne d’André Gill qui accueille également Mac Orlan, Dorgelès,… et qui montre encore aujourd’hui ses belles couleurs sous la vigne de la colline.
– En 1913, Carco se lie avec Katherine Mansfield. En août 1914, lorsqu’il rejoint son corps d’aviation à Besançon, elle s’installe dans son appartement du 13 Quai des Fleurs.
– En septembre 1939, il emménage à L’Isle-Adam, avenue des Bonshommes, à l’angle de la rue Charles-Hibert, avant de s’exiler à Nice puis en Suisse. De retour cinq ans plus tard, il ne trouve pas facilement à se loger à Paris et vient habiter La planque, belle maison située 21 avenue de Paris, toujours à L’Isle-Adam.
_ Mortefontaine, la patrie de Nerval -qui inspire Carco à plusieurs reprises- n’est pas si loin.
– De 1949 à sa mort en 1958 dûe à la maladie de Parkinson, Carco habite une île à Paris, celle de Saint-Louis, 18 quai de Béthune.
À voir aux alentours
Autour de L’Isle-Adam :
– Constant à Hérivaux (Luzarches),
– Dumas et Vigny à Valgenceuse,
– Daniel Boulanger et Louis Bromfield à Senlis,
– Balzac à l’Isle-Adam,
– Bernanos et Martin du Gard à Clermont,
– François Coppée à Auvers-sur-Oise,
– La Comtesse de Ségur à Méry-sur-Oise,
– Georges Duhamel à La Naze (Valmondois),
– Anna de Noailles à Epinay-Champlâtreux,
– Mauriac à Vémars,
– Octave Mirbeau à Cormeilles-en-Vexin,
– Bernardin de Saint-Pierre à Eragny,
– …
Petite bibliographie
Mon ami Carco. André Négis. Albin Michel, 1953.
Carco de Montmartre aux bords de l’Oise, article de Michel Décaudin dans Balade en Val d’Oise sur les pas des écrivains, Marie-Noëlle Craissati. Éditions Alexandrines.