« Je ne me croyais pas si dépourvu de talent. »
Ce n’est pas une fausse modestie, mais un vrai doute qui saisit celui qui, à 54 ans, renonce définitivement à écrire.
C’est vrai ! Que sont donc ces petites scènes qui n’atteignent jamais la taille d’une « vraie » pièce de théâtre (un acte, maximum deux), et que l’on voit jouer aussi bien au Grand Guignol qu’à la Comédie française, en passant par le Théâtre Libre d’Antoine ?
Que sont-elles ? L’œuvre d’un fin observateur de la nature humaine qui permet à ses spectateurs/lecteurs de déguiser sous des éclats de rire ce que leur inspire de se voir tels qu’ils sont.
Le premier tour d’un humoriste est de naître le jour de sa mort. Georges Moineau, futur Courteline, naît donc le 25 juin 1858 (il meurt le 25 juin 1929) rue de Lariche, devenue rue Georges Courteline à Tours. Son père est chroniqueur à la Gazette des Tribunaux et auteur dramatique. Son seul souhait : que son fils ne suive pas le même chemin que lui…
Jusqu’à 1870, Georges vit à Tours chez ses grands parents et à Paris avec ses parents, rue de Chabrol dans le faubourg Poissonnière. Les étés se passent… à Montmartre, à quelques centaines de mètres de la rue de Chabrol : 40 rue de la Fontenelle (actuel 40 rue du Chevalier de la Barre), dans une maison avec un jardin, disparus depuis.
Entre 1871 et 76, il fait ses études au collège de Meaux, bien tristement car l’internat… c’est pas drôle !
En 1880, après un service militaire passé à Bar-le-Duc plus à l’infirmerie (et en repos à Paris) qu’en manœuvres, il devient fonctionnaire parisien, au service des cultes du ministère de l’Intérieur (où il officie jusqu’en 1894).
Voilà déjà un peu observés deux de ses futurs personnages fétiches : le militaire et le « rond de cuir ».
En 1881, adoptant le nom de Courteline, il fonde la revue poétique Paris moderne et, inspiré par Catulle Mendès, il donne notamment dans la poésie érotique. Il faut bien que jeunesse se passe 😉 ! Les introductions de Mendès lui permettent de placer des chroniques régulières dans la presse. À la suite du succès de l’une d’elle, en 1884, puisant dans ses souvenirs de caserne, il écrit une série de chroniques militaires qui deviendront Les Gaietés de l’escadron un an plus tard.
En 1885, le voilà 6 place d’Anvers et place Émile Goudeau, où, à l’angle de la rue Berthe, il loge dans un pauvre hôtel, l’hôtel du Poirier, avant d’habiter, 5 rue d’Orchampt, une petite maison encore debout aujourd’hui !
Entre 1890 et 1903, il demeure quelques mètres plus haut, 89 rue Lepic.
1891 est l’année où il se lance dans le théâtre, délaissant peu à peu son activité de journaliste et de chroniqueur, qu’il abandonne définitivement en 1896.
En 1903, après la mort de sa première femme, il quitte Montmartre et sa résidence devient le 43 avenue de Saint-Mandé.
La guerre le pousse à se réfugier à Tours, d’où il visite souvent Anatole France dans sa proche Béchellerie.
Ses dernières années sont gâchées par une gangrène qui l’ampute d’une jambe.
Autres demeures de l’auteur
Courteline est amateur de cafés et restaurants, dont il fait son poste d’observation et son cabinet de travail, en particulier à l’Auberge du Clou, à l’angle de l’avenue Trudaine et de la rue des Martyrs, où il se rend quotidiennement pour boire son anisette et noter ses « brèves de comptoir », et aux Ducs de Bourgogne, place d’Anvers, sans parler du Lapin Agile, rue des Saules.
Pour visiter le lieu
Les Ducs de Bourgogne attendent votre visite.
Petite bibliographie
Georges Courteline à Montmartre et à Saint-Mandé, par Robert Coiplet dans Demeures inspirées et sites romanesques, tome II, Editions de l’Illustration.
Les écrivains de Montmartre, édité par Le Promeneur des Lettres (www.lireetpartir.com).