Gustave FLAUBERT à Ry

rye1.jpg

La rue principale de Ry

« Dans Madame Bovary, j’ai vu […] un homme qui avait choisi de faire un seul livre parfait tant au point de vue des personnages que de la méthode et du style [..] tout le monde ne peut pas faire les deux… »
William Faulkner


« La littérature prendra de plus en plus les allures de la science. […] Il faut faire des tableaux, montrer la nature telle qu’elle est, mais des tableaux complets, peindre le dessous et le dessus. »

Flaubert, lettre du 6 avril 1853.

Ry est, comme Épineuil-le-Fleuriel, comme la Sologne de Genevoix, le Cotentin de Barbey, la Touraine ou le Paris de Balzac, de Sue ou de Hugo[[ou encore le Mâconnais de Lamartine, l’Oise de Nerval, le Combray de Proust…]], un espace dont les différents lieux racontent différents moments d’une histoire à mi-chemin entre le réel et l’imaginaire.

Pourtant, Flaubert n’a jamais confirmé que Ry était le modèle réel de Yonville (« Yonville-l’Abbaye est un pays qui n’existe pas »). Seule certitude : c’est bien l’histoire d’Eugène Delamare – un ancien élève du père de l’écrivain – et de sa femme Delphine qui lui inspire Madame Bovary, et tous deux vécurent à Ry entre 1843 et 1848. Autre indice : dans le plan de Yonville dessiné par Flaubert et retrouvé dans son manuscrit, on reconnaît la disposition de Ry. Enfin, pour Caroline, la nièce et confidente de l’écrivain, il n’y a pas de doute : Ry est la source de Yonville.

En 1848-49, Flaubert est un écrivain ayant beaucoup produit mais encore guère publié, à la recherche d’un style « beau comme le vers, précis comme le langage des sciences » (on n’est pas pour rien fils d’un chirurgien !) – à ses yeux, Balzac ne savait pas écrire.

Il travaille à la rédaction de La tentation de Saint Antoine.

Lorsque, à Croisset, il teste le résultat auprès de ses amis Bouilhet et Du Camp, leur réaction est spontanée : cela est bon à jeter au feu ; mieux vaut choisir un sujet plus terre à terre, « un de ces incidents dont la vie bourgeoise est pleine » ! Et Bouilhet suggère de s’inspirer de l’affaire Delamare…

Flaubert encaisse – avec difficulté – le coup.

Le 19 septembre 1851, il se met à l’écriture de Madame Bovary… jusqu’à avril 1856. Il écrit « à froid et posément », s’observant faire et parsemant sa correspondance d’impressions d’écriture, ne laissant pas une ligne dans son manuscrit qui n’ait été dite et redite à haute voix, et sonné juste.

Le thème du roman est bien un incident dont la vie – tout court – est pleine : la déception qui suit l’idéalisation. Emma baigne dans les lectures de Bernardin de Saint-Pierre, de Balzac et de Sue. À ses yeux, Charles se métamorphose rapidement de mari idéal en terne médiocre. Bientôt, ses deux amants suivront le même chemin…

Début 1853, Flaubert a la mauvaise surprise de lire dans Le médecin de campagne de Balzac quelques scènes semblables à certaines de Madame Bovary !

Enfin, encore trois ans plus tard, le roman est achevé et paraît : d’abord en six livraisons dans La Revue de Paris, dont Du Camp est co-directeur, puis en librairie, au printemps 1857, chez l’éditeur Michel Lévy… Entre les deux, un procès lui est intenté, pour atteinte aux bonnes moeurs et à la religion… et peut-être aussi pour « couler » La Revue de Paris, qui agace le régime impérial.

Un procès gagné par Flaubert et qui contribue au succès rapide du roman.

Lire aussi 152.

Autres demeures de l’auteur

L’écrivain habita également Trouville, Rouen et Croisset, et Paris.

Pour visiter le lieu
– La Galerie Bovary (tél : 02 35 23 61 44) est un musée d’automates, dont 300 ressuscitent les personnages du roman. Il se trouve place Gustave Flaubert, en face du Syndicat d’initiative et abrite aussi la reconstitution de la pharmacie Jouanne, qui inspira la pharmacie Homais dans Madame Bovary.

Ouvert de Pâques à fin octobre, les samedi, dimanche, lundi et jours fériés de 11h à 12h et de 14h à 19h, et en juillet-août tous les autres jours de 15h à 18h.
– Syndicat d’initiative de Ry : 02 35 23 19 90.
– Au départ de Ry, un circuit littéraire d’une soixantaine de kilomètres parcourt les autres villages dont Flaubert s’est inspiré pour Madame Bovary : Saint-Germain-des-Essourts, Héronchelles, Saint-Denis-le-Thiboult et la propriété de la Huchette au hameau de Villers,…

Quelqu’un à contacter ?
– Syndicat d’initiative de Ry : 02 35 23 19 90.
– Association des Amis de Flaubert et de Maupassant, s/c Hôtel des Sociétés savantes, 190 rue Beauvoisine, 76000 Rouen (tél. 02 35 71 21 97, fax 02 35 89 07 01).

À voir aux alentours

Les voisins écrivains sont :
Michelet à Vascoeuil,
Maupassant à Fécamp, Etretat et Tôtes,
Maurice Leblanc à Etretat,
Gaston Leroux à Fécamp, Eu, Le Tréport,
Leblanc et Corneille à Rouen,
– Corneille à Petit-Couronne,
Hector Malot à La Bouille,
Hugo à Villequier.

Petite bibliographie

Flaubert. Henri Troyat. Livre de poche n°4380.

Au pays de Madame Bovary. Article de Paul-Émile Cadilhac dans Demeures inspirées et sites romanesques, tome I, Editions de l’Illustration. Paul-Émile Cadilhac et Raymond Lécuyer.