« À Bellac, entrez je vous en prie
dans la maison où je suis né…
Et du second étage, vous devrez reconnaître bon gré mal gré,
que c’est bien la plus belle ville du monde. »
Jean Giraudoux.
Comme quoi, l’enfance, ça marque.
Le seul lieu qui garde la mémoire de Giraudoux est un de ceux où il a le moins vécu… et celui qu’il a le plus évoqué dans son oeuvre : la maison de son grand-père, vétérinaire de Bellac en Haute-Vienne, où il naît en 1882.
Bellac et le Limousin apparaissent dans Les Provinciales, Suzanne et le Pacifique, Siefried et le Limousin, Intermezzo, les Cinq tentations de La Fontaine, Pleins pouvoirs, Littérature, La Folle de Chaillot, l’Apollon de Bellac.
Bellac, c’est le paradis perdu de l’enfance, la beauté du Limousin… et l’Hostellerie de la Pyramide, où La Fontaine aurait écrit Le coche et la mouche. Giraudoux n’y vit que ses sept-huit premières années, avant d’habiter Pellevoisin (où il croise certainement, sans le savoir, Georges Bernanos) à partir de 1890, d’être interne au lycée de Châteauroux -devenu lycée Jean Giraudoux- entre 1893 et 1900, et de gagner Sceaux et Paris ensuite. C’est au lycée que la compagnie des livres lui devient indispensable.
A Cérilly, où ses parents s’installent en 1895, il fait connaissance de Charles-Louis Philippe.
Jusqu’à la mort de sa grand-mère en 1897, Jean fait encore quelques séjours à Bellac, mais guère ensuite. Si sa carrière diplomatique ne le mène pas dans des pays aussi lointains que Paul Claudel ou Saint-John Perse, elle lui permet d’assurer une sécurité financière favorable à l’écriture. Fin 1926, il obtient même de siéger (jusqu’en 1933) dans la « Commission d’évaluation des dommages alliés en Russie »… dont il finit par être l’unique membre ! Le gouvernement pense certainement que la beauté de sa langue sert davantage la nation que la diplomatie de ces années-là…
Voici ses principales étapes géographiques :
– en 1900, il devient interne au lycée Lakanal à Sceaux, puis à l’Ecole normale rue d’Ulm à Paris en 1903, après un service militaire à Roanne,
– en 1908, entre quelques voyages en Allemagne (il est grand germanophile) et ailleurs en Europe, il est secrétaire du directeur du Matin, Bunau-Varilla, et loue un appartement 16 rue de Condé. Il collabore à des revues littéraires (est en particulier « recruté » par Gide dans la Nouvelle Revue Française, dans son n°2 de mars 1909), tout en se détachant peu à peu de l’enseignement pour s’orienter vers une carrière diplomatique qu’il débute officiellement en 1910, en devenant élève vice-consul au Quai d’Orsay.
Sa pratique du football et du rugby (il a été champion universitaire de 400 mètres en 1900 !) lui fait rencontrer – sur le terrain – d’autres passionnés, anciens de Lakanal et jeunes écrivains : Alain-Fournier, Jacques Rivière, Pierre Mac Orlan, Gaston Gallimard,…
– en 1921, jeune marié, il s’installe 8 rue du Pré-aux-Clercs. Ses récits de guerre lui ont déjà gagné quelques succès littéraires. Mais c’est à la fin des années 20 que, poussé par Louis Jouvet, il s’embarque pour une carrière théâtrale qui fera sa renommée, avec en particulier Siefried en 1928 et Amphitryon 38 en 1929 (écrit en trois semaines de grippe).
– en 1934, les Giraudoux emménagent 89 quai d’Orsay. C’est là qu’il décède le 31 janvier 1944 d’un empoisonnement du sang, qu’Aragon pensait avoir été provoqué par les nazis.
l’écrivain a également habité 6 rue Séguier.
Autres demeures de l’auteur
Giraudoux a beaucoup voyagé en Europe.
L’été 1932, il loue une villa au Cap Ferrat, où il reçoit Louis Jouvet.
Pour visiter le lieu
La maison natale de l’écrivain donne aujourd’hui sur la route nationale qui mène vers Poitiers, et est située 4 rue Jean Jaurès, 87300 Bellac (tél : 05 55 68 03 77).
Elle est ouverte tous les jours à la visite, de 9h à 12h et de 14h à 18h.
Quelqu’un à contacter ?
L’Association des amis de Jean Giraudoux est basée 3 rue des Tanneurs, 37000 Tours.
La Fondation Jean et Jean-Pierre Giraudoux se trouve 29 rue Henri de Régnier, 78000 Versailles.
À voir aux alentours
Quelques présences littéraires proches de Bellac :
– Vigny au Maine-Giraud,
– Descartes à Chatellerault,
– Bloy à Périgueux,
– Montaigne à Montaigne,
– Robert Margerit à Isle.
Petite bibliographie
Dossier Giraudoux du Magazine littéraire n°360 (décembre 1997).
Dossier Giraudoux de la revue Europe de mai 1999.Cahier annuel de l’Association des amis de Jean Giraudoux.