Jean GIONO

L’hôtel du Dragon, 36 rue du Dragon à Paris.

« Je crois que si j’avais pu, j’aurais quitté la Provence. J’aime la pluie, j’aime le froid, je n’aime pas le soleil… Je déteste l’azur […]. »

Jean Giono.

« je démolis constamment le paysage pour le recréer à mon gré ; le lieu n’a jamais non plus servi de support. Il n’y a pas de localisation précise excepté dans ceux de mes romans qui ont une base historique; En un mot, je m’intéresse avant tout à la pure recherche de la psychologie de mes personnages. […] Quant aux plans, je n’en fais pas. […] Au fur et à mesure que le roman avance, on est projeté dans l’avenir avec [les personages] qui vous conduisent sans que l’on puisse prévoir où l’on va. »

Giono à Jacqueline Mariel et Robert Sadoul.

Non seulement il crée des personnages et de nouveaux mondes (et pas seulement en Provence), mais il plie aussi la langue à son propre style, il invente des mots et des images. Sous sa plume, « la jument […] patapait de ses quatre sabots » (Le Chant du monde, 1934) et « Le silence marchait, quelques oiseaux sur l’épaule » (Fragments d’un paradis, 1948).

Ses pages doivent se lire comme des poèmes. Et, dans les poèmes, « La vérité objective n’existe pas… Ce qui importe, c’est d’être enchanté ! ».

Inutile de chercher la vérité biographique, topographique, historique ou lexicale dans les écrits de Jean Giono, on n’y trouve que la vérité poétique.

Est-ce étonnant, pour un employé de banque de Manosque (de 1911 à 1929 – sauf 1914 à 1919, car il fait la guerre) qui a découvert la littérature en achetant à bon marché les oeuvres de Virgile, Homère, Sophocle, Melville, Whitman et Kipling ?

De la plupart de ces lectures, Giono – qui ne quittera presque jamais Manosque de toute sa vie, sauf à de rares occasions – garde une fascination pour ceux qui, comme Ulysse ou Achab, sont capables d’inventer leurs voyages ou d’aller jusqu’au bout de leur destin. Il commence à composer des poèmes, mais ce n’est qu’après le traumatisme de la guerre qu’il adopte un rythme d’écriture régulier, puis inlassable. Son premier roman – Naissance de l’Odyssée – est achevé en 1927 mais ne trouve pas d’éditeur. Le centre en est déjà le rapport de l’homme à la nature, dans lequel se mêlent inquiétude et fascination.
Et c’est surtout en 1929 le succès de Colline qui voue Giono définitivement à l’écriture, créant un genre nouveau fait de quotidien, d’extraordinaire et de tragédie grecque…

Colline fait venir André Gide jusqu’à Manosque. Giono achète alors la petite maison du Paraïs (l’endroit où l’on carde la laine, en provençal), qu’il habitera jusqu’à sa mort.

Dans la tour de guet du Paraïs, sur sa petite table encombrée de pipes et de porte-plumes, il rédige quatre à huit pages chaque jour, qu’il lit à sa famille. Il écrit, corrige, supprime, réécrit sans cesse.

Son style évolue. Il ne veut pas « faire du Giono » toute sa vie.

Après-guerre, comme nombre de ses compatriotes, il dévore les auteurs américains – pour s’inspirer entre autres du style de Faulkner et de celui d’Hemingway – mais aussi les classiques russes, ses contemporains anglais, Cervantès et Stendhal… avant d’ouvrir le dernier « Série Noire », dont, depuis plusieurs années, il essaie de ne manquer aucun volume, fasciné par les techniques de narration employées.
Sa pensée évolue également, en particulier ses sentiments à l’égard d’un monde dont il dénonce les penchants à l’autodestruction.

Avec Que ma joie demeure (1935), le pessimisme entre dans son oeuvre. Il devient plus radical après la seconde guerre mondiale, et ses romans s’évadent dans les siècles passés ou les pays lointains (Le Hussard sur le toit, qui connaît un énorme succès, paraît en 1951).

Lorsqu’il fait étape à Paris, il aime s’arrêter à l’hôtel du Dragon, 36 rue du Dragon, la rue de Hugo et de Martin du Gard.

Autres demeures de l’auteur

Avant de vivre au Paraïs à partir de 1929, Jean Giono a habité à Manosque :
– 1 rue Torte, où il est né le 30 mars 1895,
– 14 rue Grande, où ses parents déménagent peu de temps après,
– 8 rue Grande, où il emménage en 1920 après son mariage.

Sur le boulevard circulaire se trouve le Crédit agricole, qui était le Comptoir d’escompte lorsque Giono y travaillait.

À vingt kilomètres de Manosque, dans la commune de Sainte-Croix à Lauze près de Céreste, Giono achète en 1940 la ferme Le Criquet pour essayer de pourvoir aux difficultés de ravitaillement.

Il achète un peu plus tard une seconde ferme, La Margotte à Mane, près de Forcalquier, qu’il gardera plus longtemps.
Emporté par une crise cardiaque le 9 octobre 1970, Jean Giono est enterré à Manosque.

Pour visiter le lieu

Le Centre Jean-Giono se trouve 3 boulevard Elémir-Bourges, 04100 Manosque (tél. : 04 92 70 54 54).
La Maison Jean-Giono – Le Paraïs est située Montée des Vraies Richesses à Manosque. Elle se visite sur rendez-vous (tél. : 04 92 87 73 03 le mardi et le vendredi entre 14h30 et 17h30).

Deux circuits sont organisés pour des groupes : une « visite de Manosque sur les pas de Jean le Bleu » et des randonnées littéraires sur les pas de Jean Giono, à pieds ou en car, agrémentées de pauses-lecture.

Quelqu’un à contacter ?

Voir les rubriques « petite bibliographie » et « pour visiter le lieu ». Par ailleurs, l’office de tourisme de Manosque se trouve place du Docteur Joubert (tél. : 04 92 72 16 00, fax : 04 92 72 58 98).

À voir aux alentours

Présences littéraires aux alentours de Manosque :
Joseph Conrad à Marseille,
Marcel Pagnol, Isabelle Eberhardt à Marseille,
Stefan Zweig à Marseille et Nice,
Gaston Leroux à Menton et Nice,
Jean Cocteau à Menton,
– Gogol à Nice,
Maupassant à Antibes et Cannes,
Nabokov à Cannes,
– Mann et Huxley à Sanary,
– Wells à Magagnosc,
Alphonse Daudet à Nîmes et Fontvieille,
Mallarmé à Avignon,
– Frédéric Mistral à Maillane,
– Vauvenargues à Vauvenargues,
Alexandra David-Neel à Digne,
– Paul Valéry à Sète,
Colette à La Treille Muscate (Saint-Tropez),
Prévert, Bernanos à Toulon.
Blaise Cendrars à Aix-en-Provence,
– …

Petite bibliographie

Giono. Pierre Citron. Editions du Seuil, 1990.

La Provence de Jean Giono. Pierre Magnan. Éditions du Chêne. 260 F.

La Provence de Giono. Jacques Chabot. Édisud. 166 F.

Les promenades de Jean Giono. Pierre Magnan, Éditions du Chêne.

Le Bulletin des amis de Jean Giono est publié tous les six mois par l’Association des amis de Jean Giono, Lou Paraïs, BP 633, 04106 Manosque Cédex (tél. : 04 92 72 24 86).

La haute Provence avec les yeux de Giono. Éditions Didier Richard.

Sur les terres de Giono. Jacques et René Mannent (auto-édition).

Une balade dans Manosque avec Jean Giono. Louis Michel. 1988, imprimé à Manosque, 16 p., 10 F.

12 Comments

Ajoutez les vôtres
  1. 1
    Sophie

    > Jean GIONO
    je voudrais des informations sur jean giono :
    a quel mouvement littéraire a t-il appartenu?
    a quel genre littéraire a t-il appartenu?
    merci de répondre avant le 7 octobre.
    ps : votre site est super !

  2. 4
    Béatrice Todisco

    > Jean GIONO
    je souhaite vous adresser la présentation d’un spectacle littéraire sur les rencontres entre Jean Giono et Jean Carrière. J’aurais aimé vous adresser personnellement cette documentation, mail je ne dispose pas de votre adresse électronique Directe.

    je vous remercie de bien vouloir me la transmettre si cette réalisation vous interresse.

    sincère salutations.

    Béatrice Todisco

    • 5
      JCS

      > Jean GIONO
      Bonjour, si c’est pour diffuser cette information sur le site, vous pouvez vous inscrire comme rédactrice à partir de la page d’accueil. Cordialement,

  3. 6
    Henri Vidal

    > Jean GIONO
    Dans « Présences littéraires aux alentours de Manosque » vous oubliez tout simplement l’écrivain qui a été le plus proche de Giono : Pierre Magnan !

    Cet écrivain né en 1922, habitait lui aussi Manosque. Bien que plus jeune que lui, il a été très proche de Giono à partir d’une première invitation au Contadour en 1937, et ce jusqu’en 1946, avec la parenthèse du Chantier de jeunesse en 1942 et son départ pour le maquis qui lui a évité le STO.

    Pierre Magnan raconte cette amitié dans « Pour saluer Giono », clin d’oeil à « Pour saluer Melville » bien sûr, et aussi dans son dernier livre autobiographique « Un monstre sacré ».

    Pierre Magnan possède la matière pour écrire plusieurs tomes encore sur Giono, en particulier il connait la raison de l’acceptation de sa mobilisation en 1939. Peut-être nous livrera t-il tous ses secrets dans un prochain livre ? Il faut l’en prier !

  4. 8
    boudet

    Jean GIONO
    je vends deux revues « jean giono » bulletin de l’association des amis de jean giono, n° 7 et numéro 13 ( 1976 et 1980 ) 10 euros les deux, pour les amateurs, lettres inédites et anecdotes, très intéressant pour les amateurs.

    DID, didiergoodvibs@hotmail.fr

    • 9
      rachid zaouri

      Jean GIONO
      je suis un doctorant marocain. je prépare actuellement une thèse sur giono est ce que vous pouvez m’envoyer les deux numéros.merci d’avance

      • 10
        Mathieu

        Jean GIONO
        bonjour, je passe actuellement le concours pour devenir prof. des écoles. je travail sur L’homme qui plantait des arbres. pouvez-vous m’indiquer le genre littéraire ainsi que le point de vue ce roman. merci d’avance.

  5. 12
    anne guedes

    Monologue
    D’où Giono tire-t-il l’idée du jeu de pendaison évoqué dans cette nouvelle du recueil « Faust au village » ?

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