Carson MCCULLERS

239 rue Saint-Honoré à Paris.
239 rue Saint-Honoré à Paris.

 » […] le bonheur de savoir qu’il existe quelque chose vers quoi on peut toujours se tourner [À la recherche du temps perdu, de Marcel Proust], un grand livre qui ne se ternira jamais […]  »
Lettre de Carson à Reeves, alors soldat en France, 24 janvier 1945.

Les « écoles à écrivains » ont du bon. La preuve ? Carson McCullers !

Sensible et comprenant vite qu’elle n’est pas fondue dans le même moule que la plupart de ses camarades, Carson Smith hésite longtemps entre musique et écriture, deux moyens possibles pour échapper à la solitude et à l’ennui lorsque l’on grandit à Columbus en Géorgie, petite ville du « vieux Sud » des États-Unis cher à Faulkner et Tennessee Williams.

À 15 ans (en 1932), Carson se voit offrir par son père une machine à écrire… et connaît ses premières crises d’un rhumatisme aigü, qui, mal diagnostiqué, l’handicapera de plus en plus jusqu’à la paralyser à moitié à partir de 1947 (l’alcool n’arrangeant pas les choses…) et la tuer 20 ans plus tard.

En 1935-36, elle suit un cours de création littéraire à New-York
Un an plus tard, elle épouse Reeves McCullers. Entre eux, un contrat s’établit -l’un travaille pendant un an pendant que l’autre écrit, et vice-versa l’année suivante. Il sera de courte durée : Carson déséquilibre la situation dès juin 1940 avec le succès que rencontre son premier roman : Le coeur est un chasseur solitaire.

Comme pour leurs prédécesseurs de la « Lost generation », Paris est aux yeux de Carson et Reeves la ville des écrivains, et celle où l’on peut dîner sur le coin d’un trottoir de Saint-Germain-des-Prés. Mais la guerre a renforcé de deux façons leur attirance pour le « vieux continent » : d’abord par la rencontre d’exilés européens à New-York (en particulier Klaus et Erika Mann), et ensuite parce que Reeves débarque en Normandie en juin 1944 et participe à la libération de la France occupée.

Leurs séjours en France sont réguliers entre 1946 et 1953 :
– 239 rue Saint-Honoré à Paris (à l’hôtel de France et Choiseul, devenu hôtel Costes) en décembre 1946,
– à Rosay-en-Brie, chez des amis, puis 53 rue Claude-Bernard à nouveau à Paris en 1947,
– à l’hôtel de l’Université pendant l’été 1950,
– dans l’ancien presbytère de Bachivilliers (Oise) en 1952-53,
– Reeves se suicide à Paris, dans l’hôtel de Château-Frontenac, 54 rue Pierre-Charron, en novembre 1953.

Carson McCullers, c’est un peu la Françoise Sagan américaine – la comparaison est facile, excusez-nous. D’ailleurs – et bien sûr -, elles se rencontrent (la première fois en 1955, à Key West, chez Tennessee Williams).

Une différence de taille, toutefois : la maladie ne laisse le temps à la première que d’écrire 4 romans (dont Frankie Adams, sur lequel elle travaille 5 ans) et un paquet de nouvelles.

Pour visiter le lieu

Aucune des adresses françaises de Carson McCullers n’est ouverte au public, à moins de prendre une chambre à l’hôtel Costes 😉

Petite bibliographie

Carson McCullers. Josyane Savigneau, Livre de poche n°14109.