MONTESQUIEU

À gauche, la maison de Montesquieu, 11 rue Vital-Carles à Bordeaux.
À gauche, la maison de Montesquieu, 11 rue Vital-Carles à Bordeaux.

« Je feignis un grand attachement pour les sciences et, à force de le feindre, il me vint réellement. »

Montesquieu.

Ce baron-là est attachant. Il est honnête homme dans tous les sens du terme : touche-à-tout, l’esprit toujours en éveil comme Diderot (il collabore d’ailleurs un peu à L’Encyclopédie dans ses dernières années), une bonne plume, faisant fructifier ses terres sans rester enfermé…
Là où il est, il transforme les choses en douceur.
Il est plus qu’honnête homme : il est penseur politique, et il pense la politique en scientifique. On peut lui faire cependant deux reproches, qui expliquent que son œuvre, malgré son ampleur et ses audaces, n’ait pas autant inspiré les Révolutionnaires que celle de Rousseau ou celle de Beaumarchais : Montesquieu n’a pas compris ou voulu écouter le peuple, et il n’a pas, malgré ses responsabilités au parlement de Bordeaux, saisi profondément la notion d’équité.

– Charles-Louis de Secondat, futur baron de La Brède et de Montesquieu, naît en 1689 au château de La Brède. Il est confié à une nourrice de la Brède, fréquente l’école du village puis devient écolier à Bordeaux à partir de 1697. Sa mère décède lorsqu’il a sept ans, en donnant le jour à une petite sœur qui ne vivra que quelques années.
– Charles-Louis est ensuite élève du collège de Juilly, près de Paris, jusqu’à septembre 1705. Il y rédige une Historia romana en latin.
– Entre 1705 et 1708, il étudie le droit à Bordeaux et, de 1709 à 1713, complète cette formation à Paris en suivant différents procès et en s’intéressant à diverses sciences. Il rencontre Fontenelle. Louis XIV meurt en 1715.
– La mort de son père fait revenir Montesquieu à Bordeaux et à La Brède en 1714 ; il achète une charge de conseiller au parlement, où il siège dix ans et qu’il préside à partir de la mort de son oncle en 1716 (il revendra sa charge en 1726, déçu par la façon dont sont rendues les lois).

1716, c’est aussi l’année de son élection à l’Académie des sciences, arts et belles lettres, que Louis XIV a créée un peu plus tôt à Bordeaux. Montesquieu y présente son Essai d’observations sur l’histoire naturelle en 1719, et, en 1725, son Discours sur les motifs qui doivent nous encourager aux sciences.
– En même temps, il entretient ses terres, vend son vin en Angleterre et combat les braconniers qui saccagent ses récoltes.
Il possède aussi dans l' »Entre-deux mers » la seigneurie de Raymond à Baron, le château de Bisqueytan à Saint-Quentin de Baron, la seigneurie de Goulard et de Castelnovel, et la terre de Montesquieu près d’Agen ainsi que la terre de Vivens à Clairac.
– Le succès des Lettres persanes (anonymes, mais guère longtemps) en 1721 l’incite à venir à Paris plus régulièrement. C’est un des ouvrages qui inaugurent le « Siècle des Lumières » et bat en brèche certains dogmes religieux.

Leur auteur ne s’essaie toutefois pas trop au rôle de courtisan, car il sait qu’il reste un provincial, dans l’âme et pour les autres. Lors de ses séjours parisiens, il habite l’hôtel de Flandre (rue Dauphine) et rue de la Verrerie. En 1724, son adresse est l’hôtel de Transylvanie.

Il séjourne aussi souvent au château de Fitzjames près de Paris, chez son ami Berwick, et à Chantilly auprès du duc de Bourbon ainsi qu’au château de Bélébat près de Fontainebleau.

Il est introduit par Fontenelle au salon de Mme de Lambert, à l’hôtel de Nevers, à l’angle des rues Colbert et Vivienne. Puis il fréquente les salons de Mme de Tencin, de Mme Geoffrin (rue Saint-Honoré) et de Mme du Deffand (10-12 rue Saint-Dominique). Résultat de ces efforts : l’Académie française lui ouvre ses portes en 1728.
– Les années 1728 à 31 le voient traverser l’Europe en tous sens (Montesquieu est un diplomate manqué) : Autriche, Italie, Allemagne, Pays-Bas, Angleterre…
À son retour, il retrouve à La Brède Denise, sa fille de quatre ans qu’il n’avait encore jamais vue !
Elle deviendra plus tard sa secrétaire-documentaliste, son père, presqu’aveugle lui dictant des chapitres de L’Esprit des Lois (dix-neuf secrétaires -pas tous capables- se seront succédés auprès de l’écrivain).
Ce monument paraît en 1748 et est mis à l’Index trois ans plus tard. C’est la somme des réflexions tirées de ces voyages.
– De 1734 à sa mort en 1755, sa base parisienne est la rue Saint-Dominique.
De la capitale, il visite son ami Saint-Simon à la Ferté-Vidame en 1734 et 1735.
– À Bordeaux, il habite successivement rue Sainte-Catherine, rue des Lauriers, rue Margaux, rue du Mirail, dans le faubourg de Saint-Seurin et rue Porte-Dijeaux (à l’angle de la rue Vital-Carles).

Pour visiter le lieu

Le château de la Brède est ouvert au public : route de Toulouse, 33650 La Brède, tél. : 05 56 20 20 49.

Quelqu’un à contacter ?

La Société Montesquieu, s/c Centre de Recherches Révolutionnaires et Romantiques, UFR Lettres, 29 bd Gergovia, 63037 Clermont-Ferrand. Le site : http://montesquieu.ens-lsh.fr

À voir aux alentours

Bordeaux est aussi la ville de Mauriac et de Francis Jammes.

Petite bibliographie

Montesquieu au château de La Brède, article de Paul-Émile Cadilhac dans Demeures inspirées et sites romanesques, Editions de l’Illustration, tome II.

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