« La poésie des ports a été inventée par les sédentaires. Les ports sont des endroits immondes, faits pour se remplir ou se vider. Ce qu’il y a de bien dans les ports, ce sont les bateaux, qui n’en font pas partie. »
Paul Morand, cité dans Le Fleuve Combelle, de Pierre Assouline (Folio n°3941).
Roger Vercel, c’est Capitaine Conan (prix Goncourt 1934), et surtout des romans de mer qu’il faut relire aujourd’hui. L’incroyable, c’est que, à l’opposé des Stevenson, Conrad, Melville, Twain, et autres marins-écrivains (et même de Verne, qui faisait des petites virées depuis Le Crotoy ou Le Tréport sur ses Saint-Michel I, II et III), Vercel n’a jamais tenu la barre d’aucun bateau, si ce n’est d’un petit canot de rien du tout, sur la Rance près de Dinan, la ville de sa vie.
Ce professeur de lettres-écrivain n’hésite pas à semer ses histoires de termes techniques incompréhensibles pour le profane, mais si colorés qu’il n’y a pas besoin de comprendre pour être transporté.
Son premier comité de lecture, ce sont des marins « terres-neuvas » qui, à la retraite ou entre deux campagnes de pêche à la morue, s’attablent autour de ses récits, dans son cabinet de travail de Dinan ou dans un café de Saint-Malo. Ces marins, Vercel les a interrogés, observés, couchés par écrit sur des centaines de fiches qu’il assemble dans ses romans comme dans un puzzle, en marchant-écrivant le long des berges de la Rance.
Des histoires vraies dont il s’inspire et des épisodes et scénarios qu’il imagine, on ne fera bientôt plus beaucoup la différence, certains de ces derniers devenant, dans la bouche des marins ou les écrits des spécialistes, plus vrais que les premières.
– Roger Cretin naît au Mans en 1894.
– Il est soldat en 1914 et termine la guerre sur le front d’Orient, face à l’armée Rouge. Il n’est démobilisé qu’en 1919 et est alors nommé professeur de lettres à Dinan -où il finira sa vie en 1957.
Ce sont ses souvenirs de guerre qui guident d’abord sa plume, au début des années 30. Puis il met ses talents de journaliste-enquêteur au service de son amour de la mer. Chaque année, il fait éclore un livre dans lequel l’épreuve du feu, c’est souvent l’homme sur la mer, face aux éléments, à ses congénères et à lui-même.
Aujourd’hui, la maison familiale -la villa Magdala-, grosse maison de granite gris, est toujours debout à l’extérieur des remparts de Dinan, sous la porte Saint-Louis, 10 rue François-Luzel. Les Vercel ont aussi habité 19 place Duguesclin, où une plaque a été apposée en souvenir.
Pour visiter le lieu
Les maisons du Mans et de Dinan ne sont pas ouvertes à la visite.
À voir aux alentours
Aux alentours de Dinan, ont vécu ou séjourné :
– Chateaubriand à Saint-Malo et Combourg,
– Alfred Jarry et Louis Guilloux à Saint-Brieuc,
– T. E. Lawrence à Dinard,
– Renan à Tréguier,
– Joseph Conrad à Lannion et L’Ile Grande,
– Paul Féval à Rennes,
– Pierre Mac Orlan à Rennes.
Petite bibliographie
Romans maritimes. Roger Vercel, Editions Omnibus, 1350 p., 155 F (23,63 E).