Ils sont nés ou ont séjourné dans la région. Pour George Sand, Stevenson, Vallès, Jules Romains, Camus et bien d’autres, cette terre est fertile en oeuvres littéraires.
La nature y domine bien sûr la ville, et il est impressionnant de voir combien la plupart des demeures littéraires que nous allons découvrir sont isolées au milieu de forêts, de plateaux, sur les pentes de vallées que rien ne vient déranger.
Arrêtons-nous d’abord au château de La Rochelambert, à 15 km au nord-ouest du Puy (tél. 04 71 00 48 99). Caché dans la forêt, il est toujours tel que l’a décrit George Sand dans Jean de La Roche (publié en 1859 dans La revue des deux mondes). L’écrivain y fait un très bref séjour en 1859, lorsque son amie Apollonie de Bruges est marquise de La Rochelambert. Le château garde quelques belles esquisses et aquarelles d’elle.
Le Puy est la patrie natale de Jules Vallès, dont la maison est encore visible. La description à peine romancée de ses jeunes années ici – entre 1832 et 1840 – occupe les huit premiers chapitres de L’Enfant.
Plus au sud, on peut refaire le parcours de 200 km effectué à pieds par le jeune Robert-Louis Stevenson à l’automne 1878, dans un paysage qui ressemble à l’Ecosse. Le Monastier est un bien sympathique village, seul lieu en France à garder trace du passage de Stevenson, grand amoureux du pays, des romans de George Sand et de sa future femme, alors repartie aux Etats-Unis.
Il faut remonter plus à l’est pour rejoindre la départementale n°15 qui traverse Saint-Julien-Chapteuil et continue vers Le Chambon-sur-Lignon.
Deux auteurs du XXe siècle nous y attendent : Jules Romains, la gloire de la région montée à Paris, et Albert Camus, qui fait étape au Panelier en 1942-1943 dans son périple entre Alger et Paris.
Autant la maison de Jules Romains (située en fait au hameau de La Chapuze, au-dessus de Saint-Julien, mais propriété privée) est régulièrement signalée par des panneaux, autant la résidence de Camus dans la maison forte du Panelier n’est encore connue que par les érudits locaux et les amateurs éclairés. C’est pourtant ici, près du Chambon-sur-Lignon, qu’il écrit La Peste.
Un livret-circuit Jules Romains est proposé par l’office du tourisme de Saint-Julien, dont les étapes sont entre autres :
– l’hôtel des voyageurs, place de la mairie, où Jules Romains est souvent descendu,
– la maison de La Chapuze – la ferme Richier, au lieu-dit « Vars Bolhac » – où il naît en 1885 et revient en vacances jusqu’en 1911,
– la « maison des copains » dans la forêt du Meygal.
Dans Les Hommes de bonne volonté (Le Drapeau noir), Jules Romains fait revivre le pays.
Chez Camus, nous nous trouvons en plein plateau Vivarais-Lignon, entre Haute-Loire et Ardèche. C’est une terre d’accueil pour exilés de tous bords aux XIXe et XXe siècles : réfugiés d’Alsace-Lorraine en 1914-1918, réfugiés de la guerre d’Espagne, persécutés sous l’occupation allemande. Bien avant cela, la région, ayant adhéré à la Réforme protestante au XVIe siècle, fut le cadre de guerres de religion.
Suite au débarquement allié en Afrique du Nord et à l’occupation totale du territoire par les nazis, Camus s’y retrouve piégé comme un rat en novembre 1942, alors qu’il comptait regagner l’Algérie.
La maison forte du Panelier se trouve à quelques km du Chambon, en suivant le Lignon vers le nord.
Un peu plus loin au nord, Georges Canguilhem et sa famille passent les années de guerre à Mazalibrand, et André Chouraqui se réfugie entre 1942 et 1944 dans la maison du docteur Paul Héritier à Chaumargeais.
A Saint-Agrève, Pierre Vidal-Naquet trouve refuge à la pension du Lac en 1944 après l’arrestation de ses parents. Il en fait le récit dans le premier tome de ses Mémoires.
Après cinq années d’emprisonnement en Poméranie, Paul Ricoeur s’installe entre 1945 et 1948 au Chambon, pour recommencer à vivre, poursuivre son oeuvre et enseigner la philosophie à l’Ecole Nouvelle Cévenole.
A la fin des années 1930, Marcel Pagnol conçoit le scenario de La femme du boulanger à l’hôtel Jouve de Saint-Agrève.
« Il est peu de régions de France qu’au cours de ma vie j’ai plus fréquentées et dont je garde des souvenirs plus décisifs, je veux dire, qui ont plus profondément et plus durablement influé sur la direction prise par mon existence »
(lettre à P. Riou de Francis Ponge, qui séjourne dans la région du Chambon au début des années 1940).
Un peu au sud-ouest du Chambon : le lac de Saint-Front et Chaudeyrolles, où aimait se rendre le jeune Jules Vallès, et qu’il décrit dans La Rue.
A lire :
Jules Vallès et la Haute-Loire, Adrien Faure, éditions du Roure.
Entre Ardèche et Haute-Loire, itinéraire du Patrimoine sur le Plateau Vivarais-Lignon, plaquette éditée par le SIVOM, 46 route de St-Agrève, 43400 Le chambon-sur-Lignon, tél 04 71 65 74 70. Prix : 6,50 euros.
A contacter :
Office de tourisme du Meygal, place St-Robert, 43260 St-Julien-Chapteuil, tél. 04 71 08 77 70, mail otmeygal@wanadoo.fr.