Écrivains à Saint-Étienne

L'ex Hôtel du Nord, 7 rue de la République.
L’ex Hôtel du Nord, 7 rue de la République.
Nous arrivons à Saint-Étienne.

Il fait nuit; mon père n’est pas là pour nous recevoir.

Nous attendons debout entre les malles. Il y a de la neige plein
les rues et je regarde l’ombre des réverbères se détacher sur ce
blanc cru. Ma mère fouille la place d’un oeil qui lance des
éclairs; elle va et vient, se mord les lèvres, se tord les mains,
fatigue les employés de questions éternelles.

On lui demande si elle veut entrer ou sortir, se tenir dans le
bureau ou sur le pavé, si elle persistera longtemps avec ses
malles à encombrer la porte.


«J’attends mon mari qui est professeur au lycée.»

L’Enfant, Jules Vallès.

Saint-Étienne ne fait pas grand cas de Jules Vallès. C’est vrai qu’il vit là entre 1840 et 1845, comme son double Jacques Vingtras dans L’Enfant, et que ce sont les années parmi les plus noires de son enfance (il est né en 1832). Sa mère est toujours aussi odieuse, son père en veut à Jules pour son inconduite à l’école, lui qui vient d’être nommé professeur au lycée de Saint-Étienne (aujourd’hui lycée Claude Fauriel)… et Jules est dans la classe de son père. Quand il veut, il peut être bon élève.

Ils habitent une misérable maison au coin d’une rue près de la place Marengo, puis une autre que Roger Bellet situe 23 rue du Chambon.

Sans doute que ces années stéphanoises ont bien façonné le corps et l’esprit du futur révolutionnaire.

Il raconte ses bagarres dans la rue, ses jeux de fronde, mais aussi sa découverte, un jour de « retenue » au lycée, de Robinson Crusoë.

La place Marengo, devenue place Jean-Jaurès
La place Marengo, devenue place Jean-Jaurès

La maison natale de Jules Janin, 22 bis place du Peuple
La maison natale de Jules Janin, 22 bis place du Peuple
Un jour, il achète des bretelles dans une boutique de la place Marengo, avec une récompense que sa mère lui avait interdit de dépenser. Cette fois, l’histoire ne se terminera pas trop mal pour lui.

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