Entre juillet 1943 et septembre 1944, Louis Aragon et Elsa Triolet vivent cachés et résistants, sous les noms de Lucien et Elisabeth Andrieux, dans la maison de la famille Chancel, rue Pasteur à Saint-Donat-sur-l’Herbasse, à 30 km au nord-est de Valence.
C’est cette période et les mois qui précèdent que parcourt ce bel ouvrage, riche de contenus et de vie, puisque l’on pénètre avec autant d’intérêt dans les exposés et les débats qui ont émaillé ces passionnantes rencontres de Romans-sur-Isère en novembre 2004, que dans la vie, la crainte et l’horreur quotidiennes vécues soixante ans auparavant dans la Drôme et qu’elles décrivent.
On retrouve Saint-Donat dans des romans d’Aragon et d’Elsa Triolet, sans que le nom du village soit cité explicitement : dans Les Communistes, Le Premier accroc coûte deux cents francs.
Dieulefit, distant de 80 km accueille aussi de nombreux écrivains et artistes qui ont fuit la zone occupée. Certains habitent la pension Beauvallon, un kilomètre à l’est de Dieulefit, ou enseignent à l’école de Beauvallon[[Créée en 1929 par Marguerite Soubeyran et Catherine Krafft, rejointes en 1940 par Simone Monnier.]], à quelques centaines de mètres au lieu-dit « Combe-Lise » : Emmanuel Bove, Andrée Viollis, Pierre Emmanuel, Pierre Jean Jouve, Emmanuel Mounier, Clara Malraux (séparée d’André et dont les enfants -comme les deux fils de Jean Prévost, abattu le 3 août 1944 au-dessus de Sassenage- sont élèves dans l’école de Beauvallon), Henri-Pierre Roché, auteur de Jules et Jim
Georges Sadoul est l’agent de liaison d’Aragon. Il passe à plusieurs reprises par Dieulefit.
Aragon et Elsa logent à l’automne 1942 dans la ferme du Lauzas, vers Comps, non loin de Dieulefit.
On pourrait mentionner encore d’autres présences, comme celle de Henri Calet à Andancette, dans le nord de la Drôme, et encore d’autres endroits, tel la maison de la rue de la Quarantaine à Lyon, qui servait de lieu de rencontre pour les résistants.