Le « Café Laurent »

Madame de Sévigné qui n’avait pas d’estime pour notre plus grand tragédien, croyant faire un bon mot, fit cette prophétie :
Racine est comme le café : il passera…


Un comptoir de café en 1780.
Un comptoir de café en 1780.

Si nous connaissons tous « Le Procope », un autre café littéraire situé à deux pas de là, recevait nombre d’écrivains, de poètes et d’artistes de ce temps.

Fondé en 1690 par le sieur François Laurent, ce fut le lieu de disputes de gens de lettres. Mort en 1694, sa veuve lui succéda et fit prospérer l’établissement qui reçu entre autres (cité par Voltaire) : Fontenelle, Houdard de la Motte, Danchet, Jean-Baptiste Rousseau et bien d’autres.

C’est là que Rousseau composa son premier ouvrage publié en 1694, intitulé : « Le Caffé », dont Voltaire dit que « cette petite pièce d’un jeune homme sans expérience, ni du monde, ni des lettres, ni du théâtre semblait n’annoncer aucun génie ». Le personnage principal de la pièce est « Madame Jérôme », marchande de café.

La mise en scène permet de peindre l’aspect d’un café en 1694

Dans une salle, trois tables, un poète rêve à côté des joueurs de dames, un abbé dort dans le fond de la salle. Deux habitués discutent une question politique :

Oui ou non, la Turquie va-t-elle attaquer Belgrade ?

A minuit, madame Jérôme prie ses hôtes de se retirer.
Et pourquoi ?
Parce que dit-elle, c’est l’heure où les femmes remplacent les hommes dans les cafés !

marchand de café ambulant.
marchand de café ambulant.

Le premier endroit à Paris où l’on pu déguster du café, était, en 1643, dans un petit passage couvert et qui conduisait de la rue Saint-Jacques au Petit-Pont.

Un Levantin cherchait à vendre sous le nom de cahove ou cahouet, une décoction de café, mais la tentative n’eut aucun succès.

Dans le même temps, des arméniens apportèrent du midi des balles de café sans plus de résultat.

Les vers d’un certain Subligny révèlent le peu de cas que l’on faisait de cette boisson :
Adieu, j’ay si mal à la teste

Que je ne sçay pas ou tourner

Et que le mal icy m’arreste :

On ordonne de me saigner,

Mais je suis peu pour la saignée ;

J’ayme mieux prendre du Kavé,

Qui guérit en moins d’un avé.

Ce mot Kavé vous surprend !

C’est une liqueur arabesque,

Ou bien si vous voulez turquesque.

Que dans le levant chacun prend.

Sa vertu n’a point de pareille,

Tout le monde s’en aperçoit,

Et surtout pour la femme elle opère merveille

Quand c’est le mary qui la boit.

L’arrivée de Soliman Aga à Paris fut l’occasion pour plusieurs boutiques de vendre
publiquement du café et de faire l’éloge suivant :

LES TRES EXCELLENTES VERTUS DE LA MEURE
APPELEE COFFE

A SUIVRE…..

Sources :

Docteur A Galland ( traducteur des Mille et unes nuits )

Les nouveaux voyages au Levant de Jean Thévenot

Audiger : la maison réglée

Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson Chéruel éditeur 1702