Au 21bis rue de Bruxelles

Conférence d’Alain Pagès, professeur de littérature à l’Université de Paris III.

Dans la nuit du 28 au 29 septembre 1902

Ils ont tué Zola !
Par Bernard Vassor

Alain Pagès s’est interrogé sur les circonstances de la mort de Zola, en développant le contenu d’un dossier biographique dont il a exposé les grandes lignes dans son Guide Emile Zola, publié aux Editions Ellipses en
2002, en collaboration avec O. Morgan.

Il a retracé notamment l’existence d’Henri Buronfosse, ce fumiste qui a vraisemblablement bouché la cheminée de la chambre à coucher de l’écrivain dans la nuit du 28 au 29 septembre 1902, provoquant ainsi sa mort. Entrepreneur de fumisterie dans le 4e arrondissement de Paris, Buronfosse était membre de la Ligue des Patriotes (et même l’un de ses « commissaires », c’est-à-dire l’un des responsables de
son service d’ordre).

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À un siècle de distance, il n’est pas possible d’avoir une certitude absolue sur la réalité de l’acte que Buronfosse a pu commettre. Mais il est fort probable que cet esprit exalté, ce nationaliste farouche, ait voulu enfumer dans sa tanière Zola le « cochon », donner une « leçon » à Zola le pornographe, qui, dans son esprit, avait gravement porté atteinte à l’honneur de l’armée en écrivant « J’accuse », en 1898…


Relevé d’une main courante aux archives de la Préfecture de police :

La première constatation après une description de l’état de la chambre et la mention de la mort du chien des époux Zola qui avait passé la nuit dans la même chambre.
Sur la table de nuit, une bouteille pharmaceutique d’un cinquième de litre remplie à moitié d’un liquide incolore étiqueté « Eau chloroformée » provenant de la pharmacie du 81 boulevard de Clichy[[Emplacement aujourd’hui du lycée Jules Ferry]].

Le rapport de police conclut à une mort accidentelle.
Ce sont les domestiques des époux Zola, inquiets de ne pas les voir sortir de leur chambre à coucher, qui ont frappé et appelé à la porte de cette chambre. Ne recevant pas de réponse, ils ont appelé un nommé Lefèvre et l’ouvrier Beaudart, qui, n’ayant pas plus de réponse à leurs cris, ont enfoncé la porte à coups d’épaule. Cette porte était fermée à clé avec une targette (porte à 2 ventaux). Le corps de l’écrivain en chemise, gisait aux pieds du lit. Alexandrine était couchée sur le lit sans connaissance, et seule a pu être ramenée à la vie.

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Les docteurs Bermann , 2 rue Nouvelle ( ? illisible), Main, 19 rue Chaptal, Rosemblite, 14 rue de Milan et Lenormand, 43 rue de La Rochefoucauld, appelés, n’ont pu que constater le décès.

Le chien qui avait passé la nuit dans la chambre a subi le même sort.

Le commissaire enquêteur Geoffroy a constaté que dans la cheminée des restes de « boulets Bernot » étaient encore chauds, et qu’une grille d’évacuation obstruée par la suie, laissait passer un gaz de combustion inodore…

L’embaumement du corps par Jumelin préparateur en pharmacie, 9 rue de l’Ecole de Médecine, commencée à 4 heures du soir, terminée à 8 heures le 30 septembre.

L’enquête continue !

A lire également :

Alain Pagès, Owen Morgan, : Guide Emile Zola Paris Ellipses 2002, et Émile Zola, un intellectuel dans l’affaire Dreyfus, Paris Séguier 1991.

Colette Becker, la liste de ses travaux est impressionnante, signalons : avec Gina Gourdin-Servenière et Véronique Lavielle : Dictionnaire d’Emile Zola, Paris Robert Laffont 1993.

Évelyne Bloch-Dano, Madame Zola, Paris Grasset 1997.
Agrégée de lettres, journaliste écrivain, auteur de nombreuses biographies et d’articles sur les Maisons d’Ecrivains.

Philippe Hamon : Le système des personnages dans les « Rougon-Macquart, Genève Droz 1983. Directeur de l’ITEM Zola. Cette page ne suffirait pas à établir ses oeuvres et la direction de travaux qu’il a dirigé.

Archives de la préfecture de police : André Lecudennec.

Et, bien sûr, Henri Mitterand, oeuvres, 3 tomes Paris Gallimard 1995