Joli toutou, notre chien noir,
Enfin joyeux de vous revoir
Donne sa patte !
Il sait très bien, sans aboyer,
Faire les honneurs du foyer
A qui le flatte.
La société chantante « le Gardénia » par les dissidents de la rue de Laval.
Par Bernard Vassor
La légendaire pingrerie de Rodolphe Salis et sa fâcheuse tendance à toujours tirer la couverture à lui ont conduit bon nombre de chansonniers à se séparer du « gentilhomme » de la rue de Laval.
Quel meilleur nom trouver que celui de l’ennemi héréditaire du Chat ?
C’est donc au « Nouveau Cirque », 251 rue Saint-Honoré, dans des locaux de la défunte salle Valentino que Jules Jouy, Vincent Hyspa, Paul Delmet, et Victor Musy allèrent s’installer. Ils furent bientôt rejoints par Emile Goudeau, Alphonse Allais et un petit débutant venu de Bretagne : Théodore Botrel. C’est là qu’il (Botrel) connut le succès avec une chanson écrite à la hâte et modifiée au dernier moment en raison d’une assonance. Il était question de peau de lapin qui devait rimer avec déplaise. Notre barde breton se souvenant de ses origines ajouta à lapin….polaise.
Jules Jouy était surnommé, à l’époque, le roi des chansonniers. Il avait fondé les concerts du théâtre des décadents, organisé des revues à l’Eldorado et à la Scala. Son uvre chansonnière est considérable. C’est à lui que l’on doit : « La Muse à Bibi » (illustrée par André Gill) et une adaptation du Rêve de Zola,
avec des dessins de Depaquit.
Il est mort fou en 1897. Son enterrement fut suivi par le « tout Montmartre »… Il avait quarante quatre ans.
A lire si vous le trouvez :
– Léon de Bercy, Montmartre et ses chansons, Daragon libraire, 10 rue Notre-Dame-de-Lorette Paris, 1902.