APOLLINAIRE à la Ville-aux-Bois

«Je suis depuis six jours déjà dans la tranchée de première ligne dont l’horreur ne peut se décrire, encore moins imaginer.»

Lettre du 5 décembre 1915.

Ici, la vie d’un poète aurait pu s’arrêter le 17 mars 1916.

Apollinaire est engagé volontaire depuis octobre 1914. Il est tombé amoureux quelques semaines plus tôt de Louise de Châtillon-Coligny, une infirmière volontaire à qui il dédiera ses Lettres à Lou et qui réside à Nice. Tiraillé entre le désir de rester à ses côtés et celui de rejoindre le front, il se sépare finalement de Lou en février 1915 car elle en préfère un autre.

Le voilà d’abord sur le front près de Reims, en avril. Il est artilleur, puis agent de liaison – un poste exposé – et continue d’envoyer des poèmes à Lou. Bientôt, il écrit aussi à une nouvelle correspondante : Madeleine Pagès, rencontrée dans le train entre Nice et Nîmes quelques semaines auparavant. Il se trouve dans le secteur des Hurlus en juillet, se fiance par correspondance avec Madeleine en août et est nommé sous-officier d’artillerie en septembre.

Dans le bois des Buttes, près de La Ville-aux-Bois-lès-Pontavert, la stèle en mémoire du poète élevée grâce à Yves Gibeau, auteur de Allons z'enfants.
Dans le bois des Buttes, près de La Ville-aux-Bois-lès-Pontavert, la stèle en mémoire du poète élevée grâce à Yves Gibeau, auteur de Allons z’enfants.

Guillaume retrouve Madeleine quelques jours à Oran début janvier 1916 et comprend qu’il ne l’épousera jamais. La guerre est entrée en lui.

Le 10 janvier, il retrouve à Damery son régiment qui fait mouvement vers le bois des Buttes.

La nationalité française lui est accordée dans le Journal officiel du 9 mars.

Il monte en première ligne le 14 mars, dans le bois des Buttes. Son unité est soumise à un bombardement très important le 16. Le lendemain est plus calme. Guillaume s’installe l’après-midi pour lire Le Mercure de France, auquel il collabore régulièrement.

Un éclat provenant d’un obus perdu l’atteint à la tempe après avoir traversé son casque.

Il est opéré le 18 dans une ambulance de campagne, puis dirigé vers Château-Thierry le 20 mars, puis vers le Val-de-Grâce à Paris où il arrive le 29 mars, et l’hôpital italien du Quai d’Orsay le 9 avril. Un ami infirmier l’y a fait transférer.

Il fait un accident cérébral le 4 mai, est transporté à la Villa Molière, annexe du Val-de-Grâce située boulevard de Montmorency, et est trépané le 9.

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C’en est fini des combats pour le poète. 1917 et 1918 sont des années fertiles pour lui. Il écrit pour le Mercure de France, la revue Nord-Sud de Pierre Reverdy, Le Temps, Le Siècle, L’Intransigeant, Paris-Midi, L’Information, L’Excelsior, et présente en mai 1917 sa pièce Parade, et les Mamelles de Tirésias en juin, au théâtre René-Maubel, rue de l’Orient. En avril 1918 paraît le recueil Calligrammes.

Il épouse début mai Jacqueline Kolb et meurt en novembre de la grippe espagnole.

Sources :

Marc (Bernard). Guillaume Apollinaire, « le poète qui fut à la guerre ». Article dans Écrivains combattants de la Grande Guerre, sous la direction de Bernard Giovanangeli, Bernard Giovanangeli éditeur/Ministère de la Défense, 2004.

Courtois (René). Les Écrivains du Chemin des dames. Article dans Balades dans l’Aisne. Editions Alexandrines (www.alexandrines.fr), collection Sur les pas des écrivains.