Victor SEGALEN

La ville de Brest, détruite lors de la seconde guerre mondiale, a vu partir en fumée les traces de ses écrivains. Disparus l’école navale (qui eut comme élève Pierre Loti), l’école de médecine navale (qui reçut Victor Segalen en 1896), le lycée (qui accueillit Segalen et Alain-Fournier et où Jules Romains enseigna la philosophie), le bagne, décrit par Flaubert dans Par les champs et par les grèves. Un autre élève de la ville fut François-René de Chateaubriand.

Une plaque garde cependant le souvenir de l’emplacement de la maison natale de Louis Hémon, 4 rue Voltaire, et de celle d’Henri Queffélec 33 rue Pierre Brossolette (place du château). Alain Robbe-Grillet est né quant à lui 26 rue Franchet d’Esperey.

Et la maison natale de Segalen a été miraculeusement préservée, 17 rue Massillon.


17 rue Massillon à Brest.
17 rue Massillon à Brest.

Il naît ici en 1878.

Voici quelques autres lieux par lesquels il est passé :

– le collège jésuite Notre-Dame-de-bon-secours à Brest en 1888,
– (pour trois mois seulement, Victor n’en supportant pas plus), le collège catholique de Lesneven en 1893, après un premier échec au baccalauréat,
– la faculté des sciences de Rennes en 1895,
– Victor est pensionnaire à l’École de santé navale de Bordeaux (actuel cours de la Marne, alors cours Saint-Jean) entre 1898 et 1902. Pour échapper à l’ambiance militaire, il fait la connaissance de Huysmans – qu’il va voir en août 1899 à Ligugé – et de Saint-Pol Roux, fréquente le Grand-Théâtre et les concerts de la Société Sainte-Cécile… et goûte à l’opium à partir de 1901. Il connaît en 1900 une première dépression nerveuse, car sa mère omniprésente s’est opposée à son amour pour une jeune fille. Victor s’intéresse alors aux maladies nerveuses et découvre Nietzche. Il soutient en 1902 une thèse de médecine sur « L’observation médicale chez les écrivains naturalistes » – thèse qui lui a permis de rencontrer des écrivains à Paris, dont Rémy de Gourmont qui l’introduit au Mercure de France. Il est nommé médecin.
– Ensuite, départ pour une vie à travers les mers et le monde. En octobre 1902, sur le bateau La Touraine qui le mène à Tahiti, il rencontre le professeur Lejeal qui lui conseille de s’intéresser à l’ethnologie. Segalen écrit bientôt son premier poème en prose.
– Le voilà aux Marquises en 1903, quelques semaines seulement après la mort de Gauguin. Sa peinture et la Polynésie sont une révélation pour le jeune médecin.
– 1905 le trouve à Djibouti, sur les traces de Rimbaud.
– en décembre 1905, il a une adresse brestoise : le 6 rue d’Aiguillon.
– La Chine l’attire. En 1908, il habite à Paris au 139 rue de Rome et apprend le chinois à l’Ecole des langues orientales et au Collège de France.
– Il s’installe en 1910 à Pékin avec sa femme Yvonne et leur fils Yvon. Des confidences sur la Cité impériale de Maurice Roy, fils du directeur de la poste française de Pékin, il tire un journal qui sera la matière première de son ouvrage René Leys.
– En 1909 puis en 1913-1914, deux périples archéologico-géographiques à travers la Chine avec Gilbert de Voisin, futur mari de Louise de Hérédia, et Jean Lartigue[[On peut voir au musée Guimet à Paris des souvenirs de ces expéditions.]]. Entre deux, Segalen fait étape à Paris en 1913, 12 rue Gay-Lussac.
– Il découvre début 1914 la tombe de l’empereur Che-houang, qui sera redécouverte avec fracas soixante ans plus tard.
– La guerre le ramène en métropole. Segalen veut aller au front, mais on l’affecte à l’hôpital maritime de Brest, où il emménage au 5 de la cité d’Antin.
– 1917 : dernier séjour en Chine.
– Il est hospitalisé en 1919 en psychiatrie au Val-de-Grâce à Paris, puis loge chez Jean Lartigue, 62 rue du Rocher.
– La forêt du Huelgoat est sa dernière étape. On l’y retrouve mort le 23 mai 1919. Il avait dormi à l’hôtel d’Angleterre. Il est couché sur son manteau, le pied gauche entaillé par accident. Un garrot de fortune ne l’a pas empêché de perdre son sang après avoir perdu connaissance. Une édition d’Hamlet est posée à ses côtés. Il a quarante et un ans.

A consulter :
– http://arpel.aquitaine.fr/spip.php?article10848,
– www.victorsegalen.org,
– www.scd.univ-paris3.fr/bibliogr/V_segale.htm,
– www.wiki-brest.net/index.php/Une_rue…_un_nom,
– chronologie figurant dans le tome 1 des œuvres complètes publiées dans la collections Bouquins aux éditions Robert Laffont.