George ELIOT à Londres et Florence

« Je suis contente de raconter ma simple histoire, sans essayer de faire paraître les choses meilleures qu’elles ne sont; ne craignant à vrai dire rien tant que la fausseté, qu’il nous faut craindre en dépit de nos efforts les plus persévérants. La fausseté est si facile, la vérité si difficile. »
George Eliot, Adam Bede

Eliot-Florence1.jpgGeorge Eliot séjourne en 1860 avec Lewes à Florence, à la Pension suisse, 13 via Tornabuoni (en 1861, ce sera au tour de Fédor Dostoïevski d’y séjourner).Eliot-Florence2.jpg

Comme Michael J. A. Howe l’explique dans Genius explained, le parcours de George Eliot ressemble par certains points à celui des sœurs Brontë, ses contemporaines, mais s’en distingue par certains autres, bien fondamentaux.

Au niveau des similitudes : une précocité d’esprit qui les conduit toutes, très jeunes, à lire abondamment aussi bien les romantiques qui bousculent le conformisme de l’époque victorienne (Walter Scott, Southey, Byron, Wordsworth…) que les ouvrages plus académiques ; l’absence d’une mère aimante ou d’une mère tout court ; un avenir relativement « bouché », dont les possibles ne peuvent s’élargir qu’à coups de travail, d’énergie et de volonté personnels (cela donnera en particulier une forte aspiration à devenir écrivain ou poète) ; une découverte, très tôt, des conflits religieux, politiques et sociaux de l’époque, avec une aspiration plus forte chez George Eliot que chez les Brontë à s’évader de leur milieu.

Au niveau des différences : la décision de consacrer sa vie à l’écriture romanesque intervient tôt dans l’existence des Brontë, plus tard chez George Eliot, après des années consacrées à l’animation de la Westminster Review et à différentes traductions ; l’écriture des Brontë est « romantique », celle de George Eliot plus « réaliste » (comme elle l’explique dans la citation ci-dessus) ; la carrière des premières sera fauchée par une mort prématurée, celle de la seconde sera plus longue.

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Mary Anne Evans (de son vrai nom) naît en 1819 dans une ferme du domaine de Arbury Hall dans le Warwickshire, où son père est intendant. Elle entre en pension à huit ans, où une jeune enseignante, Maria Lewis, l’ouvre à de larges horizons intellectuels, ce qui conduira Mary Anne à repousser la foi transmise par son père. Elle se liera plus tard à Charles et Elizabeth Bray, des humanistes libres penseurs qui l’influenceront beaucoup.

Elle emménage en 1851 à Londres dans l’intention de devenir écrivain et pour travailler à la Westminster Review. Elle adopte le pseudonyme de George Eliot en 1857 quand elle publie dans le Blackwood’s Magazine sa première œuvre de fiction, la nouvelle Amos Barton. Un pseudo par discrétion, également pour que ses romans soient pris « au sérieux », et aussi pour préserver sa vie privée, car Mary Anne Evans vit depuis 1854 avec l’écrivain George Henry Lewes, marié, et qui ne peut obtenir le divorce d’avec sa femme qui, elle-même, a eu des enfants d’un autre homme.

Le succès de son premier roman Adam Bede et le fait que le public en attribue la paternité à un autre auteur l’incitent à révéler son identité en 1859.

Avec Lewes, elle habite Holly Lodge, 31 Wimbledon Park Road, à Wandsworth, quand elle publie Le Moulin sur la Floss en 1860. Mais elle trouve rapidement cette maison trop exposée aux yeux du tout-venant et s’installe fin 1860 à Marylebone, puis en 1863 au Priory, maison aujourd’hui disparue qui était située près de Regent’s Park. Elle y reçoit Charles Darwin, Aldous Huxley, Henry James et d’autres encore.

Lewes décède en 1878 et Eliot se marrie en 1880 avec un autre homme. Elle emménage 4 Cheyne Walk à Chelsea, où elle décède le 22 décembre 1880.

Autres adresses :

  • En mai 1861, elle loge avec Lewes à l’Hotel della Vittoria à Florence, 10 Lungarno Amerigo Vespucci,
  • Elle séjourne à Sandown sur l’île de Wight en juin 1863.
Holly Lodge (source Wikimedia).