« La fiction est à l’homme adulte ce que le jeu est à l’enfant. C’est là qu’il change l’atmosphère et le contenu de sa vie, et quand le jeu s’accorde si bien avec sa fantaisie qu’il peut s’y donner de tout son coeur, […] la fiction s’appelle récit romanesque. »
À bâtons rompus sur le roman,
in Essais sur l’art de la fiction, R. L. Stevenson.
Tout le monde ne peut pas avoir un père qui construit des phares en Écosse… Ca vous prédestine tout de même un peu, non ?
D’Édimbourg aux mers du Sud, la route du « Tusitala » (« le conteur d’histoires ») passe par la France.
C’est le pays où il vient d’abord soigner ses maux pulmonaires (avec sa mère, qui en souffre aussi), où il revient soigner plus tard son désir d’être écrivain, et, enfin, où il rencontre la femme de sa vie, Fanny Osbourne, en 1876 à Grez-sur-Loing….
Le troisième étage du 17 Heriot Row à Édimbourg est un royaume imaginaire dont la reine est la nurse Cummy et le prince un petit Louis difforme, vrai sac d’os né en 1850, dont la santé est le centre des préoccupations familiales.
Il sera néanmoins un grand écrivain-voyageur, même si ses premières expéditions sont des cures de santé :
– début 1863, le premier voyage a pour but Menton, en faisant étape à l’hôtel Meurice à Paris, puis à l’hôtel des Colonies à Marseille, à l’hôtel du Nord à Cannes et à l’hôtel Chauvin (rebaptisé ensuite Cosmopolitain) à Nice, où Louis découvre Le vicomte de Bragelonne, et, enfin, villa Bosano à Menton en février, d’où les Stevenson excursionnent en Italie.
– fin 63, ils séjournent à l’hôtel de Londres à Menton.
– fin 64 à la villa Bassamo (transformée ensuite en annexe de l’hôtel de Russie),
– et de novembre 73 à avril 74, au dernier étage de l’hôtel du Pavillon puis au premier étage de l’hôtel Mirabeau, où il compose Le midi sur ordonnance, puis retour par Paris, où, épuisé, il loge dans un hôtel rue Saint-Roch.
– en mars 75, il rejoint son cousin Bob à Paris, logeant à l’hôtel Lavenue à Montparnasse (où il séjournera plusieurs fois à nouveau). Bob lui fait découvrir Barbizon, où ils descendent à l’auberge Siron. Louis découvre une forêt aussi belle que la campagne d’Édimbourg – où il obtient, en juillet, son diplôme de droit… juste avant de retrouver chez le père Siron son cousin Bob et d’autres joyeux artistes. Un peu lassés de Barbizon, ils s’installent ensuite à l’auberge Chevillon à Grez, dont le jardin descend jusqu’au Loing.
– fin juin 76, après de longs mois désespérés (décidément, il ne prend pas goût à la magistrature), il est de passage à Paris et à Grez, juste assez longtemps pour apercevoir une jeune veuve américaine, Fanny Osbourne, venue soigner au bon air la santé de son fils Lloyd… Après une halte en Ecosse, Louis vogue en canoë d’Anvers jusqu’à Pontoise… et Grez. En octobre, les Osbourne rentrent à Paris, 5 rue de Douai. Début 77, Louis fréquente la colonie anglo-américaine du Quartier latin et Fanny Osbourne, qu’il retrouve l’été suivant à Grez. Ils s’installent quelque temps à Paris, 5 rue Ravignan. – En janvier 78, il s’isole à l’hôtel des Étrangers, à Dieppe, pour terminer le récit de son voyage en canoë, An inland voyage.
– en août 78, après un dernier été à Grez, Fanny retourne aux États-Unis pour tenter de divorcer d’avec Sam Osbourne pour pouvoir épouser Louis. L’été suivant, il traverse l’Atlantique pour la rejoindre. Leur dernière étape sera les îles Samoa.
– le dernier séjour de Fanny et Louis dans le Sud français date de 1883. Après un séjour à Marseille à « la campagne Defli » (« the campagne Mosquito ») dans le quartier Saint-Marcel, ils vivent quelques mois dans le minuscule chalet « La solitude » à Hyères, 4 rue Victor Basch. Il est en mauvaise santé, bien sûr, mais finit Prince Othon et commence La flèche noire. L’île au trésor est publiée cette année et commence à leur rapporter quelques revenus.
Autres demeures de l’auteur
Allez voir Robert Louis STEVENSON à Edimbourg, Robert Louis STEVENSON au Monastier-sur-Gazeille et dans les Cévennes, Sur les pas de Stevenson autour d’Origny-Sainte-Benoîte.
Pour visiter le lieu
Il n’y a pas en France, à part le musée du Monastier, de lieu qui garde la mémoire de R.L.S.
Il y a bien sûr l’hôtel Meurice à Paris. Les autres lieux de séjours, à Nice, Menton, Hyères, etc., existent-ils encore ? Quiconque aurait des informations…
La maison de Grez, l’hôtel Chevillon, est devenue maison d’accueil d’artistes finlandais.
À voir aux alentours
Dans la région de Menton, Nice, Hyères, Marseille :
– Gogol, Tchekov, Stevenson, Nietzsche, Maupassant, Cendrars, Apollinaire, Carco, Kessel, Fitzgerald, Montherlant, Roger Martin du Gard, Aragon, Eluard, Nabokov, Le Clézio, etc. à Nice,
– Stefan Zweig à Marseille et Nice,
– Gaston Leroux à Menton et Nice,
– Katherine Mansfield à Menton,
– Jean Cocteau à Menton,
– Joseph Conrad, Marcel Pagnol, Isabelle Eberhardt à Marseille,
– Mann et Huxley à Sanary,
– Paul Valéry à Sète,
– Colette à La Treille Muscate (Saint-Tropez),
– Prévert, Bernanos à Toulon.
Autour de Grez-sur-Loing :
– Stéphane Mallarmé à Vulaines-sur-Seine,
– Jean Cocteau à Milly-la-Forêt,
– Georges Duhamel à Dourdan et Créteil,
– Jean-Louis Bory à Méréville,
– Bernardin de Saint-Pierre et Alfred Jarry à Corbeil-Essonnes,
– Alphonse Daudet à Draveil-Champrosay,
– George Sand à Palaiseau,
– Charles Péguy à Lozère,
– Hugo à Bièvres,
– Malraux et Louise de Vilmorin à Verrières-le-Buisson,
– Paul Fort à Montlhéry.
Petite bibliographie
Robert Louis Stevenson à Hyères. Jean-Luc Pouliquen, 2015.
Pour saluer Stevenson. Michel Le Bris, Flammarion, 2000, 120 F.
Robert Louis Stevenson, dreams of exile. Ian Bell, Mainstream Press, Edimburgh, 1992.
Robert Louis Stevenson, les années bohémiennes (1850-1880). Michel Le Bris, NiL éditions, 1994.
La côte d’Azur des écrivains. Christian Arthaud, Eric L. Paul, Edisud, 1999.