1) Mathilde Verlaine part le 23 mai 1871 au petit matin du 2 rue du Cardinal Lemoine à la recherche de sa belle-mère, rue Lécluse. Les combats de rue l’obligent à se diriger plutôt chez ses parents, rue Nicolet, où elle passe la nuit. Son mari préfère rester à l’abri. Il reçoit le 24 la visite de ses amis Lepelletier et Richard, qui ont déserté les rangs des fédérés. Des fenêtres de l’appartement, ils observent ensemble l’incendie de l’Hôtel de ville. La mère du poète arrive au milieu de la nuit suivante, suivie de peu par Mathilde.
2) La prison de Sainte-Pélagie est située sous le Second Empire entre le 56 rue de la Clef et 11 rue Lacépède. Elle accueille des condamnés politiques comme Blanqui, Vallès (entre autres début 1868, pour un article du 11 février dans Le Globe, contre la police impériale ; puis en décembre 1868 et janvier 1869), Rochefort (de février au 4 septembre 1870), Lissaragay, etc. Certains d’entre eux y fondent même un journal, dont le premier numéro sort le 26 décembre 1868, avec Vallès comme rédacteur en chef. Mais les menaces de la préfecture de police le forcent à quitter cette tâche après quatre numéros. Gustave Courbet est emprisonné ici de juin 1871 à mars 1872.
3) Dans la nuit du mardi 23 mai 1871, Jules Vallès se réunit avec des chefs communards à l’Hôtel des Grands hommes, place du Panthéon (cf. L’Insurgé). Ils vont bientôt se retrouver à la mairie du XIe arrondissement.
4) Dans la rue des Cordiers qui existe jusqu’en 1892 entre la rue Victor Cousin (ex-rue de Cluny) et la rue Saint-Jacques, se trouvait le cabaret « Le Cochon Fidèle », fréquenté par l’extrême gauche à la fin du Second Empire.
5) La demeure de Maxime Vuillaume, directeur du Père Duchêne, se trouvait 9 rue du Sommerard.
6) Édouard Manet habite 2 rue du Haut-pavé en 1871.
«~Vers dix, onze heures [du matin du 24 mai 1871], [Edmond Lepelletier, Émile Richard et moi] perçûmes distinctement la fusillade qui s’approchait. Un bruit sec et roulant de moulin : le tic-tac, vraiment… Et du balcon [du 2 rue du Cardinal-Lemoine] nous assistâmes au déploiement en bon ordre du bataillon des vengeurs de Flourens […], gamins dans les quinze, seize ans, vêtus en chasseurs à pied de la garde impériale, costume noir et vert, culottes de zouaves, large ceinture blanche, et l’air crâne, trop crâne, mais qui se firent tuer jusqu’aux derniers, le lendemain, à la barricade du pont d’Austerlitz par des marins par trop furieux vraiment…~»
Paul Verlaine. Confessions.
Verlaine estime dans ses Confessions à 80% la part des adolescents de 15 à 17 ans dans les effectifs de ce bataillon. La plupart se font tuer sur la barricade du pont d’Austerlitz, et les survivants dans le quartier de Belleville, le 27 et le 28 mai.
7) Une brasserie du 40 rue Saint-Séverin était quant à elle un lieu de rencontre pour des journalistes et de futurs Communards tels que Vallès, Vaillant, Rigault, Jourde, Vermorel, Courbet, etc.
8) C’est 2 Cour du Commerce-Saint-André, dans l’hôtel de Rouen, que Jules Vallès se cache pour échapper à la chasse aux fédérés le 28 mai 1871.
9) Eugène Varlin, autre leader de la Commune, habite 33 rue Dauphine. Il meurt le 28 mai 1871. Après avoir participé à la barricade du 17 rue de la Fontaine-au-Roi, il est reconnu square Montholon, arrêté place Cadet et conduit 6 rue des Rosiers (aujourd’hui rue du Chevalier de la Barre) pour y être fusillé.
10) Le 10 rue de Buci est l’adresse de la chambre que Théodore de Banville prête à Rimbaud fin 1871. Banville demeure non loin, 10 rue de l’Éperon.
11) Le 28 février 1871 se tient 27 rue de Seine, chez Eugène Vermersch, une réunion pour redonner naissance au journal Père Duchêne. Les rédacteurs du journal se retrouveront également au café de la Salamandre, 4 place Saint-Michel.
12) Jules Verne fait stationner son bateau le Saint-Michel près du Pont des Arts en juin 1870. L’impératrice Eugénie lui attribue la Légion d’honneur le 11 août. Pendant la guerre, il est garde-côte au Crotoy, où il habite en Baie de Somme avant d’emménager à Amiens en juillet 1871. Verne montre en 1871 le même conservatisme que Thiers. Il remet bientôt à son éditeur Hetzel – moins conservateur que lui – le manuscrit du Chancellor, histoire d’un navire en flamme à l’image de la France.
13) Après s’être caché Cour du Commerce Saint-André, Vallès se réfugie quelques jours 38 rue Saint-Sulpice.
14) Il habitait 29 rue de Tournon avant la Commune.
15) Début juin 1871, des conseils de guerre siégeant au Palais du Luxembourg (et ailleurs) condamnent des Communards à la chaîne. Une plaque en leur mémoire a été déposée en juin 2003 par le Sénat, dans le jardin du Luxembourg. Le jardin avait déjà été en juin 1848 un lieu d’exécution en masse des insurgés.
16) Vermorel, directeur du journal L’Ami du peuple, est domicilié 29 rue des Saints-Pères en 1871.
17) Théophile Gautier, fidèle soutien de l’Empire déchu, a soixante ans en 1871. La guerre de 1870 le pousse à quitter sa maison du 32 rue de Longchamp à Neuilly pour une chambre au 5e étage du 12 rue de Beaune. Il se réfugie 3 avenue de Saint-Cloud à Versailles pendant la Commune. Il n’a plus qu’une année à vivre : les privations du siège ont aggravé sa maladie de cœur.
18) Des heures encore s’écoulèrent, [Maurice] ne se battait plus que dans la détresse, ne retrouvant en lui, debout, que la sombre volonté de mourir. S’il s’était trompé, qu’il payât au moins l’erreur de son sang ! La barricade qui fermait la rue de Lille, à la hauteur de la rue du Bac, était très forte, faite de sacs et de tonneaux de terre, précédée d’un fossé profond. Il la défendait avec une douzaine à peine d’autres fédérés, tous à demi couchés, tuant à coup sûr chaque soldat qui se montrait. Lui, jusqu’à la nuit tombante, ne bougea pas, épuisa ses cartouches, silencieux, dans l’entêtement de son désespoir. Il regardait grossir les grandes fumées du palais de la Légion d’honneur, que le vent rabattait au milieu de la rue, sans qu’on pût encore voir les flammes, sous le jour finissant. Un autre incendie avait éclaté dans un hôtel voisin. Et, brusquement, un camarade vint l’avertir que les soldats, n’osant prendre la barricade de front, étaient en train de cheminer à travers les jardins et les maisons, trouant les murs à coups de pioche (Émile Zola, La Débâcle, chapitre 7). C’est sur cette barricade que, peu après, Maurice reçoit un coup de baïonnette de Jean, qui ne l’a pas reconnu.
19) Maurice et Jean décident d’échapper aux Versaillais et d’aller se cacher dans le logement de la rue des Orties (voir 517.). Ils embarquent dans un canot sur le quai, à gauche du Pont Royal, dérivent le long du palais en flammes et du jardin des Tuileries et débarquent après le pont de la Concorde. Ils franchissent la barricade délaissée de la rue Saint-Florentin (voir même balade) et finissent, après quelques péripéties, à gagner la rue des Orties.