Derrière une apparence d’auteur génial se cache chez Herbert George Wells une histoire d’humiliation familiale.
Il naît le 21 septembre 1866 dans une famille modeste à Bromley, aujourd’hui faubourg de Londres. Une plaque est située de façon erronée sur une maison 162 High Street qui n’est pas sa maison natale – celle-ci, détruite depuis, était située quelques dizaines de mètres plus à droite, à l’ancien n°47, au milieu du magasin Primark.
Ses parents – et surtout sa mère – tiennent ici un magasin de porcelaine peu rentable que Joseph Wells laisse péricliter, se consacrant plutôt à une carrière de joueur de cricket. H. G. est élève de Mrs Knott entre 1871 et 1874, 8 South Street (plaque) à Bromley.
En 1877, son père se casse la jambe et doit renoncer à jouer. Le budget de la famille s’en ressent et Sarah Wells occupe à partir de 1880 et jusqu’à 1892 un poste de gouvernante au château de Uppark non loin de Portsmouth (on peut découvrir ici les pièces du château réservées aux employés ; comme dans beaucoup d’autres nobles demeures, ils circulaient dans le château grâce à un réseau de couloirs souterrains – belle allégorie d’un monde « du dessus » et d’un monde « du dessous »).
Elle y avait déjà travaillé trente ans plus tôt et avait dû quitter son emploi pour épouser en 1853 le jardinier du château, un certain Joseph Wells (à l’époque, on ne se mariait pas entre domestiques). Un couple mal assorti et qui s’entendra de moins en moins, elle protestante, lui, libre penseur.
Dans ces années-là, le jeune Herbert George profite de la bibliothèque et du télescope du château… et observe le quotidien d’une société très hiérarchisée qu’il dénoncera plus tard sans ses romans (y compris La machine à explorer le temps) et écrits sociaux.
À quatorze ans, le voilà apprenti drapier chez Rodgers & Denyer 25-26 High Street à Windsor, puis commis d’une pharmacie de Church Hill à Midhurst, puis, en 1881 à Portsmouth, d’un marchand de nouveautés : Hyde’s Drapery Emporium, 9 Kings Road (1)(2). Voulant échapper à ce destin à tout prix, il est en 1883-84 répétiteur à la Midhurst Grammar School, North Street (3) – il loge alors North Street (plaque) -, puis s’inscrit l’année suivante à la Normal School of Science de Londres (devenu le Royal College of Science de South Kensington, qui fait aujourd’hui partie de l’Imperial College London) où il demeure jusqu’en 1887, vivant alors 181 Euston Road (disparu depuis). Il habite en 1888 18 Victoria Street à Basford, Stoke-on-Trent (plaque). Ce sont des années d’étudiant pauvre.
En 1888, il vit 12 Fitzroy Road à Primrose Hill, chez sa tante Mary Wells et sa cousine Isabel Mary Wells, puis en 1889 dans une maison plus grande 46 Fitzroy Road.
Il devient enseignant en 1890 à la Henley House School de Londres.
Il épouse Isabel fin 1891 et le couple s’installe 28 Haldon Road à Wandsworth. En 1893, un repos forcé provoqué par la tuberculose lui permet d’écrire La Machine à explorer le temps, un des romans fondateurs de la science-fiction, avec Frankenstein et ceux de Jules Verne.
Il rencontre en 1893 une étudiante qui sera l’amour de sa vie, Amy Catherine Robbins, une étudiante en biologie avec laquelle il va se remarier (et il enchaînera jusqu’à la fin de sa vie plusieurs liaisons plus ou moins durables, à la fois pour « faire ce qu’il plaît » et par refus des conventions « bourgeoises » : avec Elizabeth von Arnim, Martha Gellhorn, Rebecca West, etc.).
Après avoir quitté Isabel (mais sans en avoir encore divorcé), Wells vit début 1894 avec Amy Catherine 7 Mornington Place à Camden Town, puis 12 Mornington Road (aujourd’hui Mornington Terrace) fin 1894.
Wells se soucie de la société du futur, mais aussi du présent. À la fin de la première guerre mondiale, il milite pour la création de la Société des nations et salue la révolution russe. Il rencontre Lénine en 1920, puis Roosevelt et Staline. Il affichera sa déception du communisme dans The Holy Terror en 1939.
Herbert George Wells décède à Londres le 13 août 1946, 13 Hannover Terrace (plaque), où il avait emménagé en 1940. Quelques mois pendant la guerre, Wells héberge George Orwell et sa femme dans un appartement au-dessus de son garage, derrière Hannover Terrace, avant de les chasser en croyant qu’ils avaient médit sur lui.
Voici l’essentiel de ses autres adresses :
- 25 Langley Park Road à Sutton (Londres) en 1893-94,
- 23 Eardley Road à Sevenoaks en 1894, alors qu’il écrit La machine à explorer le temps,
- le 143 Maybury Road (et non 141, comme indiqué parfois) à Woking en 1895-96,
- Granville Cottage, Granville Road East à Sandgate en 1898,
- 20 Castle Road à Sandgate (Folkestone) en 1898-1901,
- Spade House, Radnor Cliff Crescent à Sandgate en 1899-1909, (aujourd’hui Wells House, une maison de retraite),
- 6 Clement’s Inn en 1902-1903,
- 17 Church Row, Hampstead, de 1909 à 1912,
- Brig-y-don, Victoria Avenue, Hunstanton, en 1913,
- Chiltern Court (appartement 47), 192 Baker Street, en 1930-1936,
- St Ermin’s Hotel, Caxton Street, en 1928-1930,
- 11 Dartmouth Street se tenait la Société fabienne, club politique auquel H. G. Wells a appartenu et qui a été créée 17 Osnaburgh Street,
- l’écrivain allait régulièrement se restaurer et écrire Drum Public House, 16 Chapel Street à Petersfield.
Notes :
(1) : Cet épisode peu heureux lui inspirera son roman Kipps.
(2) : L’année suivante, un jeune médecin ouvre son cabinet à Portsmouth : Arthur Conan Doyle. Il est possible – mais il n’y en a aucune trace – que les deux hommes se soient alors croisés dans le magasin de Kings Road. Quoi qu’il en soit, ils se retrouveront plus tard dans le club de criket Allah-Akabarries créé par J. M. Barrie.
(3) : Dont un bâtiment est devenu le South Downs Centre.
Sources :
Christina Hardyment, Literary Trails. British Writers in their landscapes.
George Williams, Guide to Literary London.
Ed Glinert, A Literary Guide to London.